Louise Attaque

Le groupe parisien Louise Attaque, le phénomène folk-rock de 1998, revient discrètement, sur scène et dans les bacs, avec un nouvel album pourtant particulièrement attendu ici-bas : "Comme on a dit" (Atmosphériques/Sony Music). Sans surprise, Louise maintient le cap.

Le groupe contre attaque

Le groupe parisien Louise Attaque, le phénomène folk-rock de 1998, revient discrètement, sur scène et dans les bacs, avec un nouvel album pourtant particulièrement attendu ici-bas : "Comme on a dit" (Atmosphériques/Sony Music). Sans surprise, Louise maintient le cap.

On peut vendre des albums par millions et vivre comme de parfaits indépendants. C'est en tout cas ce que semblent s'être dits les quatre malins de Louise Attaque (Gaëtan Roussel, guitare-chant ; Robin Feix, basse ; Arnaud Samuel, violon ; Alexandre Margraff, batterie) après le sidérant succès de leur premier album studio, écoulé, s'il était encore nécessaire de le rappeler, à quelques 2 millions d'exemplaires. Plus qu'un nouveau Johnny Hallyday, autant qu'un Francis Cabrel ! Les Parisiens, il est vrai, ne doivent pas grand chose à l'industrie du disque, encore moins aux grands médias.

En 1996, ils tournaient en rond, leur cassette démo à la main, dans les bureaux des directeurs artistiques de la place de Paris, en quête d'un contrat. Quand finalement sort un album éponyme, en avril 1997 chez Atmosphériques (un label distribué par Sony Music), Louise Attaque a déjà bien ratissé le terrain, avec une bonne quarantaine de concerts. Incontestablement, la force du combo réside dans le contact direct qu'offre la scène. Sitôt dans les bacs des disquaires, Louise Attaque reprend la route pour une centaine de dates supplémentaires. Dans le même temps, les ventes de l'album progressent continuellement, dans une indifférence médiatique quasi générale. A 300.000 exemplaires vendus, les grands réseaux radiophoniques privés, qui n'avaient pas vu venir le phénomène, embrayent, et intègrent enfin dans leur play-list l'un des titres du disque, à commencer par les deux singles qui en furent extraits, "J't'emmène au vent" et "Ton invitation".

Mais le mal était fait. Ce triomphe phénoménal hors des sentiers battus de la promo traditionnelle n'a forcément pas réconcilié Louise Attaque avec le service après-vente médiatique. Si certains, comme Jean-Jacques Goldman ou Mylène Farmer, sont avares de leurs apparitions, ce n'est qu'installés après quelques années en tête des hit-parades. Pour Louise Attaque, l'aubaine est arrivée dès le premier essai. Aussi, pour "Comme on a dit", le successeur, les membres du groupe ne s'épuisent guère en séances photos ou en interviews fleuves, malgré, cette fois-ci, la demande pressante de l'ensemble des médias. Service minimum. L'hebdomadaire culturel Les Inrockuptibles est parvenu à tartiner quatre pages en interrogeant l'entourage, tandis que le quotidien Libération a réussi malgré tout à leur arracher quelques mots, dans la foulée de leur concert à Rennes. La formule magique est ici instituée en plan média : la rareté crée l'envie, moteur de la consommation.

On l'attendait

Mis en place le 18 janvier 2000, "Comme on a dit" vient d'ailleurs d'entrer directement à la première place du Top Albums en France. Ce deuxième album égalera-t-il commercialement le précédent ? Pari difficile dont l'issue reste incertaine. Ecrits entre octobre 1998 et juin 1999, enregistrés en un mois en Angleterre, à l'automne suivant, les 13 titres de "Comme on a dit" naviguent comme leurs prédécesseurs dans une veine folk-rock, dont l'influence anglo-saxonne résonne davantage aujourd'hui.

Si ce nouvel album, produit par Gordon Gano, orfèvre des Violent Femmes (influence majeure de Louise Attaque) et Warren Bruleigh, ne surprendra personne, il ne devrait pas non plus décevoir les fans de la première heure. En terres connues, Louise attaque d'entrée, avec "Qu'est-ce qui nous tente ?", en essayant de rassurer ceux qui craignaient un retour pailleté ("Faut pas s'laisser gagner par l'euphorie/De croire que l'on est un homme important"). De surcroît, plus rugueux que "Louise Attaque", à l'image de cette "Balade de basse" électrique longue de 8 minutes, "Comme on a dit" développe les mêmes préoccupations, l'incommunicabilité ("Tu dis rien"), l'amour qui va et vient ("Comme on a dit"), la solitude, l'égoïsme ("Faut se le dire")…

Discrètement, comme à son habitude, le groupe défend actuellement sur les planches, face à son public, ce délicat et artisanal ouvrage, qui balance entre morceaux rythmés et ballades. Leur tournée a d'ailleurs commencé, dans des petits lieux affiliés à la Férarock (Fédération des radios associatives rock). Elle se poursuivra jusqu'au mois de juin, avec notamment 5 soirs à l'Olympia.