Cabrel au Québec
En dépit du succès de sa tournée française de l'automne dernier et les éloges de la critique sur son dernier album "Hors Saison", Francis Cabrel est arrivé en terre québécoise aussi inquiet qu'un débutant. L'anti-showman, l'anti-vedette par excellence n'a pourtant rien d'un novice et l'amour du public québécois est indéfectible. Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai.
Tournée d'hiver pour un artiste hors saison
En dépit du succès de sa tournée française de l'automne dernier et les éloges de la critique sur son dernier album "Hors Saison", Francis Cabrel est arrivé en terre québécoise aussi inquiet qu'un débutant. L'anti-showman, l'anti-vedette par excellence n'a pourtant rien d'un novice et l'amour du public québécois est indéfectible. Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai.
On a beau être en l'an 2000, l'artiste reste indémodable. Sur cette terre d'Amérique, balayée par des courants souvent contraires, où le grunge trouve autant que la pop une oreille attentive, Francis Cabrel reste imperturbablement présent. Cette continuité dans son œuvre, que chez d'autres on associe à une absence d'inspiration, trouve chez l'artiste français une toute autre définition. Quand c'est bon, c'est bon. Autrement dit, quand c'est du Cabrel, il n'y a pas photo.
Sauf ce soir du mercredi 9 février au Grand Théâtre de Québec où les crépitements des flashs furent nourris. Il est vrai que c'était le premier spectacle de l'ami Francis depuis six ans à Québec et ils étaient nombreux à vouloir immortaliser l'événement. Et cela en fut un. Pour la première fois en 23 ans de carrière, le poète s'est risqué à jouer du piano sur la chanson Hors Saison devant un public qui apprécie son courage. Car même s'il pratique cet instrument depuis plus de 10 ans, la peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur, le dissuadait jusqu'ici de prendre ce beau risque. Il a d'ailleurs semblé que toute la soirée ait été pour l'artiste, une série de défis et pour le public une succession de surprises.
En six ans Cabrel a changé, devenant presque une bête de scène. Il a dansé du flamenco, joué du ruine-babine (harmonica, ndlr), du piano mais surtout il a démontré un grand sens de l'humour. N'hésitant pas à prendre l'accent québécois, il a parlé, beaucoup parlé et fait rire tout autant. Comme il l'a dit lui-même lors du show : "les choses importantes ou qui me tiennent à cœur, sont dans mes chansons. Entre les chansons, je dis n'importe quoi". Dès le départ il a soulevé la salle en déclarant qu'il chanterait pour elle jusqu'au lever du soleil... En Europe ! Mercredi soir dernier, Francis Cabrel s'est ouvert un peu plus, prouvant qu'il n'était pas qu'un grand auteur-compositeur-interprète mais contre toute attente et finalement, un vrai showman.
Si le public a apprécié les rythmes plus entraînant, la majorité n'attendait que les chansons d'amour. Francis Cabrel a bien tenté de nous faire croire que son médecin lui interdisait ce genre de chanson, "C'est mauvais pour mon cœur", elles n'ont pas tardé a faire frissonner un auditoire majoritairement féminin. L'encre de tes yeux, Petite Marie, Je t'aimais, je t'aime ou Répondez-moi ont eu l'effet escompté. Mais il serait faux de croire que les fans de Cabrel sont d'irréductibles nostalgiques. Les nouvelles pièces de son plus récent album ont été extrêmement bien accueillies. Huit musiciens, pas toujours très réveillés et deux choristes accompagnaient le chanteur français dans sa tournée québécoise de 6 dates qui a pris fin dimanche dernier.
Le duo surprise avec la chanteuse québécoise Isabelle Boulay sur la toune (chanson, ndlr) C'était l'hiver a été une autre grande surprise de ce spectacle d'un peu plus de deux heures sans entracte. Seule fausse note, la chanteuse Eva Marshal a qui Francis Cabrel avait confié sa première partie québécoise. Au pays des chanteuses à voix, la petite française n'a pas fait l'unanimité et sa reprise de Tous les cris, les s.o.s de Daniel Balavoine n'a été qu'un long calvaire.
Le Francis Cabrel nouveau est arrivé. Plus décontracté, souriant, un brin moqueur mais toujours aussi romantique, il a surpris les septiques qui comme moi pensaient s'endormir et s'enfuir avant la fin. Le public a adoré ce grand timide qui apparemment s'est soigné pour le plus grand plaisir d'une salle plus souvent debout qu'assise.
Francis Cabrel Hors Saison (Sony Columbia)