Paul Personne
Paul Personne est l’une des figures les plus discrètes du show-bizz français en même temps qu'il est l’une de ses valeurs les plus sûres. Il distille lentement ses albums. Pas trop tôt, pas trop tard. Juste quand les chansons sont arrivées à maturité histoire de pouvoir en être fier dans vingt ans et surtout pour ne pas tromper son public sur la marchandise. Pas d’embrouille, pas d’additifs ni d’édulcorants. Patchwork Electrique c’est du 100% pur rock avec des vrais morceaux de guitare dedans.
Rock artisanal
Paul Personne est l’une des figures les plus discrètes du show-bizz français en même temps qu'il est l’une de ses valeurs les plus sûres. Il distille lentement ses albums. Pas trop tôt, pas trop tard. Juste quand les chansons sont arrivées à maturité histoire de pouvoir en être fier dans vingt ans et surtout pour ne pas tromper son public sur la marchandise. Pas d’embrouille, pas d’additifs ni d’édulcorants. Patchwork Electrique c’est du 100% pur rock avec des vrais morceaux de guitare dedans.
Bang Bang Bang Bang / Sous le tir d’une mandragore jalouse / Bang Bang Bang Bang / V’la qu’tu médites / Sur la beauté du blues ”. Ça, c’est signé Hubert-Félix Thiéfaine : “ La beauté du Blues ”. “Fil’ moi tes hauts, fil’ moi tes bas / Fil’ moi tes maux, j’prends tout sur moi / Côté fac’, côté pile, longue durée avec toi en prim’ ”. Là, sur “ Longue Durée ” on reconnaît sans trop de peine la patte de Boris Bergman. Comment fait-on pour retrouver sur un même album l’halluciné chanteur jurassien et le parolier fétiche de Bashung ? Demandez donc à Paul Personne. C’est le bluesman qui a eu cette riche idée d’inviter les deux susnommés sur son nouvel album “Patchwork Electrique” pour lui trousser quelques belles formules poétiques (deux textes pour HFT, trois pour Bergman).
Pour la musique, Paulo, roi du dobro ou de la solid-guitar tient bon le manche. Epaulé en cela par quelques fidèles Michel Billez au sax ténor, Olivier Lanneluc aux claviers. Pour le reste Personne est allé voir du côté où l’oreille lui démangeait. C’est ainsi que la rythmique : basse-batterie est assurée tantôt par Magnus Persson ou Dane Clarck respectivement batteur de Eagle Eye Cherry et John Mellencamp ou Larry Mullins et Hal Cragin pensionnaires du grand cirque d’Iggy Pop. Juste ce qu’il faut de punch US pour faire de ce nouvel album de notre bluesy-rockeux l’un des meilleurs de sa carrière.
Certains parleront de maturité, d’autres d’inspiration retrouvée. Le résultat est – quelqu’en soit l’origine – à mettre sous toutes les oreilles un tant soit peu friandes d’émotions musicales. Quatre ans après “Route 97” Paul Personne nous livre ici le fruit de ses réflexions chantées et de ses bidouillages musicaux. Une période pendant laquelle il avoue s’être un peu cherché entre des projets avortés d’enregistrements aux Etats-Unis ou en Angleterre et des essais à la maison (Personne est coutumier du fait cf. "Comme à la Maison" 1992) sur un petit quatre pistes qui lui a permis de revenir à l’essentiel de sa musique : deux guitares, basse, batterie et vogue le navire. Pourtant ce qui surprend le plus (petit effet de manche qui fait mouche), c’est la présence d’un scratcheur DJ Sya Styles sur le single “La Beauté du blues”. Un air au tempo bien soutenu où le rythme des guitares acoustiques et du dobro “façon Mellencamp” affole quelque peu les platines du DJ et ravit nos esgourdes.
Mais quand notre bluesman revient à des choses plus traditionnelles, on sent toute l’influence qu’ont pu avoir les Doors sur notre Peter Green national. Voix traînante, guitare planante, rythme syncopé de la batterie et touches d’orgues parfaitement distillées nous (re)plongent dans l’univers de “L.A. Woman”. Preuve que Paul n’a rien perdu de sa personnalité, de son touché de guitare, de son inspiration. Et qu’en bon artisan de la musique notre José Bové du rock nous livre une galette au blé tendre, à la mie chaude et savoureuse. Garantie sans O.G.M.
Paul Personne Patchwork Electrique (Polydor /Universal) 2000