GLAZ'ART : KOHANN

Paris, le 15 mars 2000 - Avec leur premier album "Mil bed" (Sonj/WEA), le trio breton fait déjà beaucoup parler de lui. Car Kohann est un groupe singulier. La formation lorientaise impose un son nouveau et un univers original. Sans bombarde ni biniou. Et cultive son mystère grâce au chant envoûtant de Michèle Gaurin.

Trip hop new age

Paris, le 15 mars 2000 - Avec leur premier album "Mil bed" (Sonj/WEA), le trio breton fait déjà beaucoup parler de lui. Car Kohann est un groupe singulier. La formation lorientaise impose un son nouveau et un univers original. Sans bombarde ni biniou. Et cultive son mystère grâce au chant envoûtant de Michèle Gaurin.

Ce soir au Glaz'Art, le public est jeune et branché. Pacifique, il est assis sur des tapis, par terre, et le restera même lorsque la chanteuse arrive sur scène. De longs cheveux dans le dos, une robe rouge transparente, la chanteuse de Kohann à une voix singulière -on pense à Björk- un peu à la façon d'une plainte qui monte très haut, ou alors celle d'un chat-huant ou d'une hulotte (Kohann en breton). Rien du feulement d'une chatte, Michèle Gaurin a de la voix et le fait entendre. Se frappe la pomme d'Adam pour la rendre plus vibrante encore.

Cette voix, elle l'utilise pour chanter en bas vannetais, un dialecte breton. A ses côtés, aux claviers, Sylvère Morrisson, ancien compagnon de route d'Alan Stivell et David Bellec qui accorde guitare et basse. Si le groupe était trio lors de l'enregistrement de l'album "Mil Bed" (Mille lieues), il est devenu quatuor avec un percussionniste Cédric Broquaire. Ce qui donne parfois ce son proche des groupes de rock expérimental des années 70 qui le rend d'autant plus étrange.

Dans le public, des étudiantes japonaises sont fascinées par les sonorités de cette langue et la prestation scénique de Kohann. Car l'on reste finalement très intrigué par l'utilisation de cette langue qui ne sonne pas comme du breton mais plutôt comme du finnois, en tout cas une langue des pays nordiques.

Si Kohann fait preuve d'une démarche artistique originale en chantant dans le dialecte du pays de Vannes, aucun des membres du groupe ne le parle. Les textes sont d'abord écrits en français puis traduits par le professeur de breton de Michèle Gaurin, qui les chante ensuite phonétiquement. Pour eux, s'exprimer en breton est avant tout une question de sonorité, la langue n'est qu'un support. Ils sont nés et vivent en Bretagne, mais ne revendiquent nullement le breton comme un repli identitaire. C'est ce qu'on appelle avoir la culture bretonne dans le rétroviseur.

Pascale Hamon

Kohann sera à Maurepas le 16 mars, à Gennevilliers le 17 mars pour le Chorus des Hauts de Seine et le 18 à Marne la vallée au festival Disney, le 24 à Saint-Nazaire, le 25 à Bordeaux, le 29 à Alençon et le 31 à Rennes.