SUPERFUNK

Paris, le 1er mai 2000 - A Marseille, l’arbre hip hop, de loin le plus verdoyant, cache une forêt musicale, certes plus underground. Hormis le DJ Jack de Marseille, peu sont capables de nommer les musiciens du cru au rayon musique électronique. Fer de lance du label Fiat Lux, le trio Superfunk vient de déclencher une offensive house aux airs de blitzkrieg avec un tube européen dûment matraqué par MTV (le bien nommé Lucky star) et remet ça avec un album dans les bacs depuis le 22 février : Hold up.

Hold up à Marseille

Paris, le 1er mai 2000 - A Marseille, l’arbre hip hop, de loin le plus verdoyant, cache une forêt musicale, certes plus underground. Hormis le DJ Jack de Marseille, peu sont capables de nommer les musiciens du cru au rayon musique électronique. Fer de lance du label Fiat Lux, le trio Superfunk vient de déclencher une offensive house aux airs de blitzkrieg avec un tube européen dûment matraqué par MTV (le bien nommé Lucky star) et remet ça avec un album dans les bacs depuis le 22 février : Hold up.

Creuset culturel, Marseille adopte tous ceux qui savent l’aimer avec passion. A tort, la presse française présente régulièrement Superfunk comme une formation marseillaise. En vérité, c’est vite oublier que le point commun entre ses membres est de s’être un jour installé dans la cité phocéenne, d’y avoir basé leur activité et uni leurs destins. Marseillais d’adoption mais respectivement natifs de Belfort, Juan-les-Pins et Lyon, Mike, Stéphane et Fabrice (alias Mike 303, Stéphane B., Fafa Monteco) ont embrassé l’art de mélanger les cultures, en l’occurrence musicales, sans avoir développé ce chauvinisme exacerbé et poujadiste que certains manifestent à tout va au pays des «pagnolades» et du vote F.N. Leur premier album, Hold up (Labels/Virgin), transgresse ainsi les frontières avec allégresse : leur musique fait le lien entre la culture disco à la française et la house de Chicago, à laquelle ils se sont confrontés lors d’un séjour dans la ville mythique de la House Nation.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Superfunk n’a pas inventé la poudre et Hold up n’est pas le casse du siècle. Leur house pourtant frétillante sent le réchauffé. La grande qualité de cet album est d’être redoutablement efficace. Les clubbers ne se feront guère prier pour se dégourdir sur les dancefloor et la maison de disques, Labels (une structure dépendante de Virgin, à l’origine des succès mondiaux de Daft Punk, Air, Stardust et Cassius), peut d’ores et déjà se frotter les mains : elle tient là un nouveau jackpot.

Car malgré tous les sarcasmes qui entourent le manque de personnalité de l’entreprise, le résultat dépasse toutes les espérances. Après Come back, leur succès de discothèques de l’an dernier, le single Lucky star, qui emprunte autant à Chris Rea (le sample deJosephine) qu’à la voix du vétéran Ron Caroll, enflamme l’Europe depuis sa sortie en début d’année, déboulant comme un bolide rutilant dans les palmarès de vente de nombreux pays (Grande-Bretagne, Allemagne, France, Pays-Bas, Belgique, Suisse, Danemark, Suède). Il n’aura pas fallu longtemps à ces remixeurs émérites (qui ont œuvré pour Neneh Cherry, Gus Gus, Bob Sinclar, Felix Da Housecat) pour trouver la formule gagnante, après avoir enregistré leurs premiers morceaux dès 1998 sous les pseudonymes de Dealers de Funk et de Da Filter Men From Marseille et quelques maxis en solo. Outre Come back et Lucky star, les autres titres balancent entre électro old school (Counterclockwise), hip hop jazzy (Here I am) et pincées salsa (Last dance in Copacabana), et laissent la porte grande ouverte aux invités de tous poils : Dimitri from Paris ouvre le bal en résumant en 1 minute et 38 secondes chrono les meilleurs moments de l’album à venir (comme au début des séries US des années 80, une décennie qui a visiblement inspiré Superfunk) ; Paul Johnson fredonne sous la douche son tube Get down ; DJ LBR apporte sa touche hip hop-r&b tandis Sexy Kool représente la possible relève de la house française.

Les sympathiques Superfunk viennent de réinventer un axe Marseille-Chicago. Adieu french connection, bonjour French touch !

Gilles Rio

Fin de notre épopée musico-phocéenne demain avec un coup d'oeil sur la scène électronique locale.