Mirwais

Un projet de collaboration avec Madonna (chanteuse américaine !) et un album sorti récemment remettent au goût du jour celui pour qui l’ombre des groupes avait valeur de sépulture.

Un prénom qui ne devrait pas rester inconnu longtemps.

Un projet de collaboration avec Madonna (chanteuse américaine !) et un album sorti récemment remettent au goût du jour celui pour qui l’ombre des groupes avait valeur de sépulture.

Depuis la fin avril, il est partout. Tous les magazines français se l’arrachent. Du magazine féminin au magazine spécialisé en musiques électroniques. Il y a quelques mois pourtant, Mirwais restait l’apanage d’un public bien niché. Qui avait su lire les crédits de l’album Suicide de Sutra sorti en 1998, et dénicher son nom en tant que co-producteur ? Qui se souvient encore sans nostalgie adolescente de Taxi Girl, groupe emblématique new wave des années 80 ?

L’âge des possibles

A vingt ans, un succès ahurissant avec Cherchez le garçon. Daniel Darc, Laurent Sinclair et Mirwais Ahmadzaï forment l’épopée Taxi Girl. Une expérience stimulante. Kraftwerk et le Velvet Underground sous influence Gainsbourg sont réconciliés. Des textes d’une ironie mordante achèvent la voie d’une autodestruction annoncée. D’ailleurs en 1981, Seppuku reste un emblème, un ange mortel et mortifère.

Les années suivantes sont en dents de scie. Le trio devient un duo (Daniel et Mirwais) qui implose en plein vol. Des maxis sortent avec une légère influence électronique. Pris dans une micro-scène française, en 1989, Juliette et les Indépendants (avec Juliette Desurmont) ne ravirent pas les suffrages. Gainsbourg est mort, c’est Gainsbarre qu’on assassine. Alors c’est une nouvelle rencontre. Plus discrètement, en studio, en retrait, il participe à Sutra (Thomas Bourdeau et Patrick Vidal). Suicide, opus hybride sorti sur un label anglais (Other Records) bien qu’acclamé par la critique ne sortira pas du bois. Et donc vingt ans plus tard, à l’approche de ses quarante ans, Mirwais entrouvre la porte des lumières. Etait-il temps ? Depuis Madonna ne tarit pas d’éloges et voit en lui le futur (le sien à elle ?) de la scène électronique. Elle a trouvé le garçon qui sera son salut.

Les rapports de « Production »

Maintenant, Mirwais peut se montrer en plein jour. Le soleil lui appartient. Il voit la vie en rose à l’image de sa pochette. Après avoir tenté un peu inlassablement de rattraper le temps, l’homme s’était perdu. Il s’est réconcilié avec lui-même et ce que ses oreilles avaient écouté dernièrement. Tout peut apparaître un peu familier mais avec une étincelle de fraîcheur. Disco Science, simple d’ouverture avec son sample évident de Cannonball rassure. Tout était déjà là. Il suffisait d’y penser. Naïve Song, malgré son titre se voulant modeste, entrouvre les portes du partage retrouvé des années 70 : synthés analogiques, rupture avec guitare sèche ; c’est une évidence.

L’hommage à Gainsbourg ne pouvait que suivre dans cette logique. Melody Nelson n’est jamais si loin ; mais à quelques années lumières, elle fut si belle… la tentation du désespoir. I can’t wait est quasiment l’apologie d’une vulgarisation de ce que pourrait être la douce chanson pop électro. Comme Definitive Beat se veut une improvisation paresseuse autour d’une rythmique avec des échos auxquels nous sommes désormais bien habitués. C’est pour cela que Mirwais est encore au meilleur de sa forme quand il ne cherche pas à trop coller à notre réalité. Certes les Daft Punk ne cessent de faire tourner les platines sans créer et Air rêvent d’Hollywood sans Hollywood mais la familiarité auditive peut devenir rapidement un défaut avec une musique digérée de jeunes pour vieux ou du vieux avec du neuf. C’est ainsi que les trois derniers titres (Paradise, Never Young Again et Involution) se veulent plus sereins. Apaisés, ils développent et dévident tous les talents pop d’un Mirwais qui n’est plus que lui-même.

La vie en rose

Demain Madonna retrouvera son nouveau Pygmalion. Après ses Seppuku et Suicide, Mirwais en plein jour semble avoir trouvé une voie. Espérons que Madonna ne sera pas sa nouvelle Juliette, a priori les garçons lui ont plus souvent porté chance.

Emmanuel Dumesnil
MIRWAIS, « Production », Naïve, 2000

Après son Suicide, Sutra se prépare à sortir un nouvel album avec des collaborations annoncées : A man called Adam, Dj D & Adamaski. Actuellement un nouveau maxi circule. Chocolate on my lips avec Miss Honey Dijon.
SUTRA feat. MISS HONEY DIJON, « Chocolate on my lips »
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