Youssou, du feu sous la glace

Week-end chargé pour Youssou N'Dour ! Entre une escale à Angoulême et un concert le surlendemain en Bretagne, détour par l'Islande.

Le chanteur sénégalais en concert dans la capitale islandaise

Week-end chargé pour Youssou N'Dour ! Entre une escale à Angoulême et un concert le surlendemain en Bretagne, détour par l'Islande.

La plus excentrée des neuf villes européennes de la culture de l'an 2000, Reykjavík, a retenu Nature et Culture comme thème de son programme qui comprend pas moins de deux cents cinquante événements dans la ville et ses environs. La première édition du "Music Festival of Reykjavík" fait partie intégrante de ce projet et a proposé une programmation éclectique en ce week-end de Pentecôte.

Parmi les concerts proposés, étaient présents des artistes confirmés comme Laurent Garnier, Ray Davies des Kinks, Asian Dub Foundation, Gus Gus, Emiliana Torrini... et Youssou N'Dour qui pour le coup sortait du lot ! En effet, le festival était inondé des vapeurs lancinantes jaillissant tout droit du rock et des musiques électroniques, plus qu'omniprésentes sur ce festival. Par ailleurs, une scène était offerte aux jeunes talents islandais, confirmés ou non, variant du rock alternatif à la techno.

L'accueil fait à Youssou N'Dour fût vraiment impressionnant bien que la popularité de l'artiste soit quasi inexistante parmi les quelques 270.000 âmes que compte l'Islande. Son nom, en fait, est juste associé à celui de Neneh Cherry et à leur fameux succès Seven seconds. Quelques rares initiés (et oui il y en a !) confirment leur connaissance par les collaborations de l'artiste avec Sting ou Peter Gabriel. Cependant, la presse islandaise n'a eu de cesse de louer ses talents et de présenter l'artiste comme étant le fer de lance de son pays ; on a même eu droit à une comparaison avec Bob Marley pour ses engagements et ses revendications !

L'ambiance qui régnait peu avant le début du concert était plutôt tranquille et ne laissait rien présager de bien extraordinaire. Le public, majoritairement composé de jeunes et de familles, était assis et attendait curieusement.
21h50, la scène s'illumine, les huit musiciens et la choriste du groupe s'installent tranquillement, puis Youssou apparaît vêtu d'un long boubou blanc et entonne les premières notes de Seven seconds. Le public se lève et un mouvement se fait ressentir au premier rang : tout naturellement la foule se presse sur le devant de la scène et une euphorie collective s'empare du public. On danse, on chante et on se laisse porter par la voix haut perchée de l'artiste ! Les Islandais montrent au premier abord une froideur que l'on pourrait comparer à leur Nature et on a du mal à les imaginer autrement. Pourtant, ce soir-là je suis surpris. Malgré les différences de ces deux cultures, un point commun émanait de cette rencontre : la fierté de deux peuples revendiquant leur identité culturelle et refusant l'oppression. L'Islande a longtemps été sous la domination danoise et s'en est libérée il y a guère plus de cinquante ans. Quant aux Sénégalais, ils ne connaissent l'indépendance que depuis quarante ans.

Le message naturellement passe et le public reprend les refrains en wolof dictés par le maître de cérémonie. Les danses improvisées se multiplient, mimant celles de l'artiste et de ses musiciens qui ne cessent de s'amuser avec le public. On se laisse aller... la glace se brise et la chaleur émerge, c'est comme un choc ! Malheureusement, le concert dure en tout et pour tout 1h15. Il finit dans un bain de lumière où après que les musiciens se soient éclipsés un à un, Youssou N'Dour se retrouve seul et chante a cappella un émouvant hymne à l'Afrique. Le soleil se couche, le public est conquit.

Josef Marzolla à Reykjavík