...LA MUSIQUE

Bon, vous êtes là ? Pas facile, hein, de traverser la Concorde avec cette foule qui bloquait le pont pour écouter Mathieu Chédid ? (L’année dernière, souvenez-vous, c’était Higelin. Lequel Higelin joue ce soir à Madagascar, et Catherine Pouplain vous dira tout demain sur la fête de la musique dans l’autre hémisphère.)

Au Ministère

Bon, vous êtes là ? Pas facile, hein, de traverser la Concorde avec cette foule qui bloquait le pont pour écouter Mathieu Chédid ? (L’année dernière, souvenez-vous, c’était Higelin. Lequel Higelin joue ce soir à Madagascar, et Catherine Pouplain vous dira tout demain sur la fête de la musique dans l’autre hémisphère.)

Vous voici en sécurité, dans cet endroit désormais intime puisque RFI y campe chaque 21 juin, depuis quelques années déjà. Et, cette année encore, Claudy Siar a mis son plus beau costume pour vous présenter le cru 2000. Encore du beau monde : Zuco 103, venu du Brésil. Kohann, trip-hop bretonnant –pour rester dans la couleur métisse. Tiken Jah Fakoly et son reggae ivoirien –un genre devenu national depuis un certain Alpha Blondy. Seba, petits beurs sucrés bien de chez nous.

Et puis un ministre ravi de prêter sa maison, qui attend son heure. Charles Josselin s’échauffe en coulisses, faisant la ronde avec musiciens et choristes de Papa Wemba. Et c’est lui, le ministre, qui va faire le MC, accompagnant la star de la soirée sur scène. (Aux dernières nouvelles, Siar postulerait à un emploi de ministre.)

Wemba, alias M’zié (Le Sage), chef coutumier du village Molokaï, est un peu moins sapeur que jadis, mais musicien toujours plus parfait. Et il n’y a décidément rien de mieux que la rumba de Kinshasa pour susciter la danse. Le public ne s’y trompe pas, qui piétine ardemment le gazon de Monsieur le Ministre. Même si Papa cède lui aussi, par moment, à la rockmania binaire qui affadit de plus en plus les rythmes d’Afrique, on se sent malgré tout peu à peu emporté vers les délires délicieusement excessifs de Matongué.

Et puis, tout le monde va se disperser sagement, avant le dernier métro. Et, en traversant sur le scooter frétillant de Pierre un Paris bien calme, on se dit que, quand même, il va falloir trouver quelque chose de plus pour l’année prochaîne. Ce sera alors la 20ème Fête de la Musique, première du nouveau siècle, et l’on aimerait quelque chose de réellement délirant. Quelques idées, au hasard : le Norway, ex-France, remontant la Seine avec dix orchestres symphoniques à son bord ; cinquante dirigeables dans le ciel de la capitale, diffusant depuis les cieux tous les sons de la planète ; ou Johnny Hallyday, tout nu au sommet de la tour Eiffel, criant « Je suis Seul ». Quelque chose de neuf, quoi.

Jean-Jacques Dufayet
Photos : Pierre René-Worms