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Il chante, il écrit, il compose, il peint, il dessine, il photographie, il s'appelle CharlElie Couture et depuis 1997, il s'expose sur le Net. Si tout le monde le connaît sous l'étroite étiquette de chanteur, moins de gens savent que CharlElie est avant tout un artiste pluridisciplinaire. Aucun cloisonnement, aucun tiroir pour le Nancéen qui butine d'art en art via d'innombrables passerelles audio et visuelles. C'est ainsi que ce soir jeudi, à 21 heures (heure de Paris), vous pourrez écouter et visualiser en direct sur le site de la chaîne cryptée Canal Plus le concert que notre cyber-touche-à-tout donnera à la Maroquinerie. En attendant, CharlElie nous explique pourquoi il s'est un jour emballé pour le Net. Discussion non virtuelle dans son atelier-studio au cœur de Paris.
Le chanteur en direct sur le Net
Il chante, il écrit, il compose, il peint, il dessine, il photographie, il s'appelle CharlElie Couture et depuis 1997, il s'expose sur le Net. Si tout le monde le connaît sous l'étroite étiquette de chanteur, moins de gens savent que CharlElie est avant tout un artiste pluridisciplinaire. Aucun cloisonnement, aucun tiroir pour le Nancéen qui butine d'art en art via d'innombrables passerelles audio et visuelles. C'est ainsi que ce soir jeudi, à 21 heures (heure de Paris), vous pourrez écouter et visualiser en direct sur le site de la chaîne cryptée Canal Plus le concert que notre cyber-touche-à-tout donnera à la Maroquinerie. En attendant, CharlElie nous explique pourquoi il s'est un jour emballé pour le Net. Discussion non virtuelle dans son atelier-studio au cœur de Paris.
La découverte
"Je suis depuis toujours déchiré par l'envie de choisir. Donc, je ne choisis pas." Véritable leitmotiv dans la vie artistique de CharlElie Couture, la multitude de ses expériences artistiques a depuis toujours embrouillé une image que les maisons de disques auraient voulue... plus cadrée. "Le danger pour un artiste, c'est de se retrouver isolé par les médias et par ceux qui définissent son image. Dans un premier temps, tu es toi-même et dans un deuxième temps, tu découvres comment les gens te perçoivent et là, c'est très douloureux. Tu es caricaturé par quelques aspects de toi".
Mais la créativité boulimique de CharlElie Couture a un tantinet fait exploser les petites cases d'un curriculum vitæ bien rempli. "Faire passer un message de pluridisciplinarité, c'est la difficulté. Parce qu'entre se distraire en faisant autre chose que ce que les gens savent de vous et mener dans le fond de soi une réelle recherche artistique, il y a une différence énorme. Chaque activité que je mène n'est à priori pas interférente quand je commence un nouveau boulot. Dans le domaine graphique, quand je travaille sur une pochette de disque, je ne fais pas forcément appel au peintre qui est en moi. C'est le cas pour la pochette de l'album Les Naïves qui n'est pas du tout dans mon style habituel, mais c'était de ce style-là dont le musicien avait besoin. Je m'enrichis de ces différentes expériences mais c'est une démarche difficile et particulière".
"Quand Internet est arrivé, c'était enfin la possibilité de réunir les morceaux du puzzle. Quand j'ai commencé à comprendre, grâce à mon webmaster Mario Salis, le système de l'Internet, j'ai plongé dans les minutes qui ont suivi."
La création
Dès que CharlElie a découvert Internet et ses possibilités, il en a immédiatement parlé à sa maison de disques, EMI. "Quand j'ai voulu créer mon site, j'ai été les voir. Je leur ai dit qu'il fallait se mettre au Net, que c'était l'avenir proche, qu'il fallait faire appel à Mario Salis et que ce serait bien pour leurs artistes. Il y a même trois PDG qui sont venus à la maison. Ils étaient durs à convaincre. Ils ne pensaient pas que ça concernait grand monde. Mais depuis deux ans, ça a enflé." Si EMI n'a pas trop suivi le mouvement, CharlElie s'est lancé dans l'aventure avec délectation. Les pages web des Champs Paraboliques naissent en 97, entièrement fabriquées par l'Italien Mario Salis. Cet ancien chanteur installé en France depuis les années 80, s'est plongé dans le monde virtuel du multimédia au cours des années 90. Amateur de l'univers pour le moins vaste de CharlElie, il prend contact et très vite, les deux hommes lient leur passion de la polyvalence et des nouvelles technologies.
CharlElie conçoit, organise, donne ses indications mais ne touche pas à la fabrication. C'est le domaine de Mario. En revanche, il a trouvé avec le Net un nouveau support artistique à part entière. "J'y fais des choses que je ne fais pas ailleurs. J'ai vendu une fois un tableau à quelqu'un qui l'avait vu sur le site. Mais l'image était accompagnée d'une bande musicale composée spécialement. Et une fois qu'il a eu le tableau chez lui, il avait l'impression qu'il était muet. Il s'était habitué à l'écouter en quelque sorte. Et ça, c'est quasiment impossible à reproduire ailleurs." Catalogue-cyber, galerie électronique, le site de CharlElie lui a ainsi permis de diffuser son travail à une vaste échelle, "Le fait de savoir que je pouvais envoyer sur cette adresse les gens qui avaient la gentillesse de s'intéresser à mon travail graphique a été un vrai soulagement. Pendant longtemps, j'ai été obligé de me trimballer avec des carnets et des cartons pour montrer que je dessinais. Avec Internet, j'ai pu m'organiser de façon plus cohérente".
Communication
Mais pour CharlElie Couture, ce qui semble avoir été une révélation liée au Net, c'est le courrier électronique. "Le site est comme une présence par laquelle je reçois des centaines de messages. Et c'est extrêmement stimulant pour un artiste d'entendre ce que des gens non intentionnés pensent de vous. Par non intentionnés, je veux dire bien intentionnés. Les reproches sont toujours spécifiques et constructifs."
De plus, ce qui est flagrant dans le propos de CharlElie comme dans celui des artistes qui ont un site, c'est cette découverte et cette quête d'un discours moins officiel, plus franc et plus tolérant sur leur travail. "Le plus simple pour les gars du marketing, c'était de vendre du CharlElie comme le CharlElie qui avait marché. Et tout un coup, quand je suis entré en contact avec les gens d'Internet, ce n'était plus pareil. Leur lecture était plus objective. Ce n'était plus le hit qui les intéressait mais bien autre chose. Ils avaient d'autres souvenirs avec moi et les succès n'étaient que des repères, sans plus. A la limite, jamais quelqu'un sur le courrier ne se permettrait de dire qu'il aime "Comme un avion sans ailes". Au contraire, ils sont très fiers de me parler de choses moins connues. Et c'est extrêmement soulageant, stimulant. Par exemple, quand j'ai fait Casque nu à Chicago (un album très blues, très différent, ndlr), j'ai eu quelques critiques. Et sur le courrier, qu'ils aiment ou pas, les gens m'ont écrit qu'à Chicago ou à Paris, je restais moi-même de toutes façons. Ça m'a libéré d'une manière énorme et ça m'aide à aller plus loin. Idem pour le titre techno que j'ai fait sur le dernier album (Elle danse pour oublier, ndlr). Je l'ai fait parce que j'aime ça et que j'en écoute beaucoup. Mais, je redoutais un peu qu'on me reproche un certain opportunisme. Et sur le Net, j'ai eu un tas d'encouragements. C'est comme si on me donnait le droit de faire ce que je voulais."
Mais comble du système, la multitude des messages brise un peu les possibilités de dialogue : "Aujourd'hui, je n'ai plus vraiment le temps d'y répondre. Dès que j'en écris un, il m'en revient 50 !".
Evolution
Un des intérêts des Champs Paraboliques est qu'il est tenu à jour. Où qu'il soit, CharlElie peut garder un œil sur un site avec lequel il a "un rapport proche". Les messages qu'il reçoit y sont pour beaucoup : "C'est pour ça qu'il évolue régulièrement. J'essaie de l'adapter aux outils de tout le monde."
Mais après être tombé en amour avec le Net, CharlElie a aujourd'hui une vision plus objective et plus critique de l'outil : "Avec un peu de maturité, je considère Internet comme je considère le téléphone. J'en fais un usage selon mes besoins. Il faut admettre qu'il y a encore plein de trucs qui merdent sur Internet, mais le mode de communication est trop complet pour qu'on ne puisse pas y trouver ce qu'on veut." Usage plus limité qu'on ne pourrait penser donc dans la galaxie Couture. Pas de surf à la maison : "On a essayé mais j'avoue que pour l'instant, le dictionnaire c'est mieux. La recherche est infernale. C'est trop long."
Pourtant, "depuis que j'ai mon site, j'ai la conscience plus tranquille, plus en accord avec mon époque. Un créateur aujourd'hui se doit d'utiliser les outils de son temps. Ce qui n'empêche pas de travailler aussi à l'ancienne, sur du papier avec un crayon. Tout ça n'est pas incompatible".
Crayon ou souris ? Encore une fois, le choix est désormais impossible pour l'artiste. Ses outils de travail sont trop imbriqués, trop interdépendants, trop multiples : "Ca a joué sur le dernier livre que je viens de faire, Transfocus, un livre d'images numériques que j'ai fait dans les pays de l'est et auxquelles sont associés des textes lus par une cinquantaine de personnes. Autour de ça j'ai composé une symphonie d'ambiances et de bruits qui figurent sur un CD-ROM. De fil en aiguille, j'en ai fait un concert multimédia avec images et sons. Cette activité découle directement de mon expérience Internet."
Futur
Gratuité du Net ? Piratage numérique ? Des questions que tout le monde se pose et auxquelles CharlElie a ses réponses : "Je tiens à ce que mon premier site reste gratuit, mais j'ai beaucoup de demandes de gens qui voudraient acheter tel ou tel truc, d'anciens disques ou des bouquins. On a donc le projet d'un site commercial mais je ne veux pas qu'il interfère avec les Champs Paraboliques."
Quant aux copies, il n'y a que les maisons de disques que ça semble inquiéter : "Je n'ai peur de rien. Le son est tellement mauvais. Il y a plus à redouter des grands circuits de distribution et de la musique en consommation rapide. Et de la même façon, on peut photocopier les pages de mes livres. C'est plus inquiétant."