Balavoine revival
Une tempête de sable s'est levée dans le désert un jour de janvier 86 et ce fut l'accident d'hélicoptère qui coûta la vie à Daniel Balavoine. Depuis, la chanson française est quelque peu orpheline du chanteur, engagé à sa manière, peu enclin à utiliser la langue de bois, faiseur de chansons et interprète exceptionnel. En cette année 2000, quelques artistes se sont essayés à chanter ses plus grands tubes : Revue de détail.
Hommage peu inspiré au chanteur disparu
Une tempête de sable s'est levée dans le désert un jour de janvier 86 et ce fut l'accident d'hélicoptère qui coûta la vie à Daniel Balavoine. Depuis, la chanson française est quelque peu orpheline du chanteur, engagé à sa manière, peu enclin à utiliser la langue de bois, faiseur de chansons et interprète exceptionnel. En cette année 2000, quelques artistes se sont essayés à chanter ses plus grands tubes : Revue de détail.
En 78, Balavoine cartonnait avec le Chanteur. De sa voix puissante et haut perchée, il réussissait parfaitement à recréer le temps d'une chanson l'univers rêvé entre gloire, strass et hystérie, d'un artiste qui se verrait bien en haut de l'affiche (pour paraphraser Aznavour). Quand on sait qu'il arrivait en studio avec simplement la mélodie et qu'il improvisait les textes sur place... La rage qui se dégage du Chanteur n'était pas feinte. Elle était naturelle. Aujourd'hui, c'est Jean-Louis Aubert qui "s'y colle". L'ancien leader de Téléphone a maintenant dirait-on perdu de son agressivité, rendant ce titre un peu mou comme si d'une certaine manière il n'y croyait pas. S'obligeant même à rajouter quelques applaudissements au milieu pour tenter de donner un peu de vraisemblance à l'ensemble. Dommage, car cette chanson fut le tube qui permit à Balavoine de se lancer et de montrer son talent. On attendait plus.
Dans la série des déceptions, notons que l'incontournable Khaled ne donne pas de l'Aziza une version très intéressante. Cette chanson écrite en 85 rendait hommage à la compagne juive marocaine de Daniel Balavoine. Les arrangements avec abondance de derbouka et de cuivres assez paradoxalement, ne sont pas du meilleur effet. Les recettes de ses propres succès, Khaled ne peut pas les appliquer à tout. Passons rapidement sur les interprétations "sans histoire" de Mon fils ma bataille de David Hallyday ou Vendeurs de larmes de Florent Pagny.
Les surprises agréables viendraient plutôt des interprètes féminines. Sont-elles parvenues, Liane Foly et Hélène Ségara, à rendre avec plus de justesse une sensibilité à fleur de peau que Daniel Balavoine laissait paraître dans son interprétation comme dans ses textes ? Souvenons-nous qu'il y a quelques mois Liane Foly reprenait la Vie ne m'apprend rien dans l'album-compilation qu'elle faisait paraître, remettant ainsi au goût du jour ce chanteur des années 80. Sa voix ainsi que sa force d'interprétation ne trahissait pas l'auteur, au contraire. Forte de ce succès, Liane Foly s'attaque cette fois-ci à Vivre ou survivre avec autant de persuasion. Et ouvre le disque. Quant à Hélène Ségara, elle donnerait presque à Pour la femme veuve qui s'éveille, une nouvelle dimension. L'Esmeralda de Notre-Dame de Paris joue de sa fragilité, de toute la subtilité de sa voix pour évoquer le destin difficile et noir de certaines femmes dans le monde. A coup sûr, la jeune femme fut très inspirée par ce texte.
De sa voix éraillée, le Suisse Stéphan Eicher que l'on n'attendait pas forcément dans cette compilation, redonne lui aussi une nouvelle jeunesse à Tous les cris les S.O.S. Car autant le dire, cet hommage reste dans l'ensemble très consensuel et sans surprise. Un ton en dessous de ce que chantait Balavoine. On pourrait même se demander ce qui pousse les maisons de disques à ce genre d'exercice périlleux, si ce n'est rentabiliser un catalogue. Dans cette ère de recyclage intensif, certains projets pourraient avoir un peu plus de consistance et gagneraient sans aucun doute en crédibilité et surtout en créativité.
Balavoine hommages (Barclay/Universal).