F-COM, LABEL ELECTRO
Paris, le 19 juillet 2000 - L’histoire du label F-Com est intimement liée à la reconnaissance progressive de l’électronique en France. Contre vents et marées, F-Com a réussi là où d’autres ont échoué. Chronologie d’une success story inattendue, conséquence du pari fou d’Eric Morand et de Laurent Garnier : imposer la France comme une référence en matière de musiques électroniques.
F comme Fondamental
Paris, le 19 juillet 2000 - L’histoire du label F-Com est intimement liée à la reconnaissance progressive de l’électronique en France. Contre vents et marées, F-Com a réussi là où d’autres ont échoué. Chronologie d’une success story inattendue, conséquence du pari fou d’Eric Morand et de Laurent Garnier : imposer la France comme une référence en matière de musiques électroniques.
F comme Fnac
1988. La techno résonne pour la première fois en France, faisant vrombir les sub-basses du Boy, club parisien aujourd’hui disparu. Deux ans plus tard, Eric Morand, jeune producteur chez Barclay, rencontre Laurent Garnier, DJ méconnu qui s’efforce d’importer en nos contrées les rythmes binaires de la house. De cette rencontre naîtra une collaboration avec Fnac Music, et un premier maxi signé Garnier : French Connection EP. "L’agitateur" veut bien tenter l’aventure, mais attend des résultats. Le marché est embryonnaire et l’ambiance tendue : Morand est sur un siège éjectable.
Après deux premières années chaotiques, la mécanique commence à se mettre en place, avec le lancement de Shazz et Deepside. Eric Morand sent le vent tourner, et fomente un plan de départ, tout en ayant pris soin de protéger ses poulains des clauses abusives. Fin de l’épisode Fnac. Mais la machine est lancée, et Fnac Music aura signé quelques perles parmi les plus inoubliables de la première déferlante techno : Acid Eiffel, The meltdown par Lunatic Asylum, et bien sûr Wake-up, tube immortel de Garnier. Parallèlement, les soirées du même nom font un tabac au Rex, et marquent à jamais la mémoire d’une génération de ravers.
F comme Famille
1994. Naissance de F-Communications, premier label indépendant d’électronique made in France. Nu-Groove, R&S ou Warp sont les modèles d’Eric Morand. Il faut prouver aux maîtres de Detroit, comme aux indés de la perfide Albion, que l’on est capable de faire aussi bien dans l’Hexagone. En France, la répression anti-raves s’intensifie, et les pouvoirs publics comme les médias ont du mal à faire la différence entre techno et ecstasy. L’association Technopol est fondée, présidée par… Eric Morand. L’activisme est de rigueur, et Shot in the Dark, premier album de Garnier, rage aux accents acid d’Astral Dreams, titre phare. Lady B, Scan X, Taho, et les autres espoirs du label, suivent l’exemple en parfaits disciples. La petite entreprise "familiale" prend de l’ampleur, et de l’assurance. Les démos affluent et de nouveaux poulains rejoignent l’écurie. L’éclectisme, axe originel du label, prendra le pas sur l’activisme, et de nouveaux artistes, de France et d’Ailleurs, rejoignent l’équipe. St-Germain marie boîte à rythmes et Jazz avec Boulevard. Tentative couronnée de succès, qui inspirera bon nombre de suiveurs. Pendant ce temps, les rayons musique électronique de nos disquaires s’étendent doucement. Les médias commencent à changer de discours, F-Com est cité en exemple. La Love Parade berlinoise inspire Jack Lang, qui donnera tout son soutien à Technopol pour en organiser la cousine parisienne. Le lobbying technoïde porte ses fruits.
F comme Fameux
1998. La Techno Parade est une réalité. De taille plus modeste qu’à Zürich ou Berlin, elle est aussi plus pointue musicalement. L’électronique est reconnue socialement et culturellement, et s’intègre dans le paysage musical français, malgré des quotas radio et un cadre législatif mal ficelés. Récupérée et assimilée, elle s’hybride et se diversifie : aboutissement logique à cet inéluctable processus. F-Com suit, et amplifie la tendance. Elegia, Juantrip’, Nova Nova, Scan X, et Aqua Bassino préparent leur album. Le second Garnier remporte une Victoire de la Musique. La crédibilité de l’électronique aux yeux du grand public semble désormais acquise. L’Olympia accueille Garnier pour un live sans précédent, et le festival de Jazz de Montreux honore F-Com d’une soirée dédiée. Une consécration au-delà de toute attente. A l’automne, c’est la 100ème sortie, véritable fresque historique en deux CDs. Le label repose désormais sur des bases solides, et ne semble pas prêt de disparaître. L’année suivante sera celle d’un coup commercial à faire pâlir les majors de l’édition phonographique : la sortie de Flat Beat par un certain Mr Oizo. Derrière la marionnette en éponge se cache Quentin Dupieux, réalisateur et compositeur, révélé par une pub pour un fabricants de jeans bien connu. Imparable ! Mais Morand est loin de s’endormir sur ses lauriers… Garnier sort un troisième album, et F assoit sa renommée internationale.
F comme Futur ?
Une renommée qui permet d’accroître la prise de risques, et de s’écarter des sentiers battus. Musique africaine avec Galliano, piano, chant et violoncelle avec Nova Nova… F-Com signe aujourd’hui ses sorties d’un évocateur Electronic with no limit . Une aventure sans précédent qui fait de F-Com un monument incontournable de l’électronique à la Française.
Marc Tetefort