Lorsd Kossity

Deux ans après sa participation au titre Ma Benz sur l'album de NTM, Lord Kossity sort un album taillé sur mesures, Everlord (Auvidis/Naïve) qui révèle ses différentes facettes et concrétise en France métropolitaine son succès aux Antilles.

Un phénomène rap aux couleurs Caraïbes

Deux ans après sa participation au titre Ma Benz sur l'album de NTM, Lord Kossity sort un album taillé sur mesures, Everlord (Auvidis/Naïve) qui révèle ses différentes facettes et concrétise en France métropolitaine son succès aux Antilles.

"Phénomè-
nomic", un néologisme, un surnom qui s’adresse à Lord Kossity et qui lui correspond parfaitement tant ses performances vocales sortent de l’ordinaire. Cet artiste de 27 ans donne l’impression de dévorer le micro, de le croquer avec la puissance d’un pitbull. Son timbre de voix est aussi grave que celui du Jamaïcain Shabba Ranks, l’interprète de Mr Loverman, et contient une dose d’agressivité qui rappelle forcément Joey Starr, la moitié terrible de NTM. Entre reggae et rap, c’est là que se situe Everlord, le troisième album de Lord Ko.

Le voir jouer ainsi sur deux tableaux ne constitue pas une réelle surprise, il s’agit plutôt d’une confirmation. Le grand public l’a découvert aux côtés des rappeurs de NTM pour le sulfureux Ma Benz mais les amateurs de reggae le connaissaient déjà comme la sensation du raggamuffin antillais. Cette dualité, Lord Kossity la cultive depuis son adolescence. En Martinique, où ses parents sont revenus vivre alors qu’il avait onze ans, il est d’abord attiré par le rap américain et monte même un petit groupe. Lorsqu’il se met à fréquenter les sound systems au tout début des années 90, il se rend compte que le ragga lui convient mieux et obtient dès 1994 un beau succès local avec Vanessa. Grâce aux compilations telle que Diasporagg et Ragga Dom III sur lesquelles figuraient entres autres Sitting In The Park, une reprise de Georgie Fame que Lord Ko chantait en duo avec Princess Sharifa, on commence à entendre parler de lui en métropole. Ses premiers albums auto-produits VIP et An Têt Ou Sa Ye, rebaptisé ensuite Versastyle ne lui permettent cependant pas de sortir de l’underground. Il en profite néanmoins pour multiplier les expériences et collabore avec le chanteur anglo-jamaïcain John Mac Lean, avec le duo new-yorkais des Bornjamericans, eux aussi à la frontière du reggae et du hip hop.

Travailler avec différentes équipes autorise Kossity à varier les styles comme il l’a fait dans son nouvel album en choisissant des partenaires renommés. Si le versant rap est assuré par Kool Shen et Joey Starr, les deux membres de NTM qui réalisent à eux deux sept morceaux d’Everlord, la partie reggae est elle aussi de grande qualité. Á Kingston, Lord Kossity a retrouvé Clive Hunt, producteur des derniers albums d’Alpha Blondy et Pierpoljak, qui lui a fait enregistrer Ghetto Youth Rise au studio Tuff Gong que possède la famille Marley. Sur les refrains, la voix légère et cristalline d’Anthony Red Rose offre un contraste saisissant avec l’énergie que dégage le jeune Français. Moins "roots" et plus dans la veine du raggamuffin actuel, Sweet Mama (le single de l’album) avec en invité Brian et Tony Gold joue aussi sur l’opposition des styles. Il est vrai que les combinaisons entre chanteurs et deejays sont une recette classique en Jamaïque, mais encore faut-il que la sauce prenne entre les artistes. A voir le producteur jamaïcain Jah Mike, co-réalisteur du titre Les Riches s’enrichissent, mettre le son à fond dans son 4x4 tandis qu’il roulait dans Kingston, on devine vite qu’au pays du reggae Lord Kossity n’a pas déçu.