Sheller au festival de Nice
Alors qu'il continue sa petite tournée des festivals estivaux, William Sheller s'est posé 24 heures au festival de jazz de Nice pour un concert sous les oliviers.
Un concert côté jardin
Alors qu'il continue sa petite tournée des festivals estivaux, William Sheller s'est posé 24 heures au festival de jazz de Nice pour un concert sous les oliviers.
La mélodie n’a pas toujours besoin de moi alors je fais place à mes musiciens pour vous la raconter"… Mon intrigante double montre m’indique une fin de rêve proche. Discrètement, William s’efface sur le côté de la scène et les cordes offrent alors au public le plus beau de leur chœur. Il est environ 13h lorsque l’équipe technique de la tournée William Sheller envahit les loges de la scène "Jardins" du festival de Jazz de Nice. Il est ensuite 22h lorsque le spectacle au vrai sens du terme prend ses marques et flirte avec les oliviers du site.
Que s’est-il passé entre 13h et 22h me direz-vous ? Mais rien mes enfants et c’est bien là le professionnalisme de cette formation au grand complet ! Trois bonnes poignées de musiciens sur scène, quelques techniciens et autres producteurs pour les entourer, et le tour est joué. La vie d’artiste c’est aussi parfois se faire remarquer par son silence et son charisme. Merci les gars, on appelle ça des "hommes heureux". Rien, n’est peut-être pas le terme approprié, car si les "Sheller" comme on les appelle depuis le matin, tant ils sont nombreux, passent pour des gens discrets, on ne peut pas en dire autant de celui qui ouvre les hostilités : Lou Reed.
De mémoire de festival, jazz ou non, rock ou pas, je n’aurai jamais pensé qu’une scène puisse être partagée par deux artistes dont les pôles n’ont jamais été autrement qu’inversés. D’un côté le rock, de l’autre la symphonie, à 19h35 une légende, à 22h un artiste… Entre le steak grillé salade de l’un et le melon fruits rouge de l’autre, (secrets de loges) mon cœur balance et ne cesse désespérément de chercher ancrage. Je vénère Lou et admire William. Dieu que la vie est dure…
Si les guitares successives des Enfants sauvages ont électrisé comme il se doit le public venu nombreux, la légèreté des cordes de l’orchestre de William Sheller a, elle, contribuée à apaiser le climat "rock’n’rolleux" imposé et instauré par Lou Reed. Il est d'ailleurs touchant de voir les musiciens de Sheller alignés dans leurs loges, archet en main, n'attendant plus que le vieux rocker daigne enfin leur laisser sa place. Il faut dire que cela fait maintenant 25 minutes qu'il grignote sur le temps qui leur était imparti.
21h35, salut Lou et merci de t'excuser auprès de tes collègues, un petit sourire version "banane" (cf. époque Velvet Underground) ne gâcherait rien à ta sortie de scène. On s'active sur la scène, les "flights" (caisses de matériel, ndlr) se vident et s'alignent, le public change d'état d'esprit, et l'odeur enivrante de la socca (farine de pois chiche, ndlr) se répand entre les branches des oliviers. Le spectacle peut commencer, pantalon court et chemise ouverte, on a soudain l'impression de se retrouver perdu dans les pages d’un album de Tintin au Sahara. Arpentant la scène et se racontant entre chaque morceau, William vide son sac, sort son Carnet à spirales, ses pinceaux et dessine alors ses souvenirs d'enfance, de vacances, de demain... Fier et Fou, il achèvera son œuvre d'une signature originale, comme Dans un vieux rock'n roll. A Lou Reed, on dit merci. A William Sheller, on se fondra de bravos... Demain sera un autre jour, je me promets tout de même de ne jamais oublier que la musique est véritablement un cri qui vient de l'intérieur.
William Sheller est le samedi 29 juillet à Lyon (Festival des Nuits de Fourvière) et le dimanche 30, au Paléo Festival de Nyon en Suisse.