Jay Alanski

Derrière son pseudonyme de A Reminiscent Drive se cache un des auteurs les plus prolifiques des années 80 : Jay Alanski. Lio ou Jill Caplan, entre autres, lui doivent quelques-uns de leurs plus gros succès. Jill Caplan, une Victoire de la musique. Mais lassé des strass et du stress du show-biz, l'auteur, et à l'occasion chanteur, s'enferme chez lui dans les années 90 pour commencer à bidouiller ses magnétos à bandes et à cassettes. Il se lance alors dans ce que l’on appelle le trip-hop ou l’ambiant music. À près de quarante ans, ce grisonnant pluridisciplinaire recommence tout à zéro et se retrouve signé sur F-Com, le label électronique dirigé par Éric Morand et Laurent Garnier.

A Reminiscent Drive, nouvelle vie, nouveau son

Derrière son pseudonyme de A Reminiscent Drive se cache un des auteurs les plus prolifiques des années 80 : Jay Alanski. Lio ou Jill Caplan, entre autres, lui doivent quelques-uns de leurs plus gros succès. Jill Caplan, une Victoire de la musique. Mais lassé des strass et du stress du show-biz, l'auteur, et à l'occasion chanteur, s'enferme chez lui dans les années 90 pour commencer à bidouiller ses magnétos à bandes et à cassettes. Il se lance alors dans ce que l’on appelle le trip-hop ou l’ambiant music. À près de quarante ans, ce grisonnant pluridisciplinaire recommence tout à zéro et se retrouve signé sur F-Com, le label électronique dirigé par Éric Morand et Laurent Garnier.

Ses disques (dont le dernier Ambrosia (F-COM/Pias), sorti il y a quelques semaines) étonnent par leur finesse : ici pas de beats technos appuyés, mais une guitare acoustique ou électrique qui s’enroule délicatement autour d’une rythmique paresseuse. A Reminiscent Drive offre la bande son idéale pour les soirées méditatives ou mieux, en duo. On se conseille les disques de Jay Alanski comme on s’échange l’adresse d’un bon restaurant entre amis, entre personnes de bon goût. C’est le bouche à oreille qui l’a fait reconnaître aussi bien au Japon qu’en Italie.

C’est dans son appartement, parfumé à l’encens, au pied de la butte Montmartre que je rencontre Jay Alanski en train de boire du thé au beau milieu d’une pièce vide qui lui sert également de studio photo.

J.A. : J’ai abordé Ambrosia d’une manière plus traditionnelle : je me suis enfin acheté un ordinateur et un sampler alors que pour le premier album j’avais un matériel rudimentaire. Cela dit c’est toujours la même démarche atmosphérique mais j’y ai ajouté plus d’éléments rythmiques et plus de voix. En fait, je reviens à un format pop ou chanson que j’avais délaissé. Depuis 5 ou 6 ans je ne compose que des musiques instrumentales alors que je suis un grand amoureux des chansons et des écrivains ! J’ai l’impression que l’on a encore besoin du sens des mots.

Je trouve cet album beaucoup plus sombre que le précédent même si vous avez un peu accéléré le rythme.
Je suis d’accord même si la majorité des gens me disent le contraire. C’est vrai qu’il est plus introspectif voir mystique. Cet album est un chemin initiatique avec un début et une fin. Le titre Ambrosia est en lui-même chargé de signification : l’ambroisie était la nourriture des dieux dans la mythologie grecque. Elle rendait immortel. C’est une belle métaphore sur l’art, la mort, le sens de la vie.

Le titre What’s your style est-il un clin d’œil à l’éternelle question de journaliste ?
Non, c’est en référence à l’album de Lou Reed Coney island baby dans lequel il chante “Hey baby what’s your style ?” Mais c’est plutôt le côté sexuel et sensuel de l’affaire que j’ai voulu retranscrire...

Petite explication de texte sur cette phrase du livret intérieur du CD : “Why worry when you can pray?” (pourquoi s’en faire quand on peut prier ?).
Pour moi le pouvoir de la prière est énorme, il sert à retrouver la force à l’intérieur de soi... Je suis, disons-le, mystique. Je crois que nous sommes entourés d’entités, de vibrations avec lesquelles il nous faut entrer en communion. Certains les appellent des anges... Mais je ne force personne à y croire.

Avez-vous trouvé dans l’électronique la liberté qui vous manquait dans la pop ?
J’ai toujours été libre. Si on entend qu’être libre est savoir faire ce que l’on veut. Par exemple, tout plaquer comme je l’ai fait il y a six ans. Je pourrai recommencer aujourd’hui, mais je ne le pense pas car A Reminiscent Drive est un formidable espace de création.

Muriel Moreno, ex-chanteuse de Niagara, vient de sortir un album électronique. Mirwais, ex-Taxi Girl, a fait de même et co-signe les musiques du dernier album de Madonna. Comment expliquez-vous l’arrivée des quadras dans l’électronique ?
Arrivé à un certain âge, tu prends la liberté de faire ce que tu veux. Je crois aussi que nous avons tous été lassés par la pop et les obligations de résultats. Ceci dit Mirwais faisait déjà de l’électro avec Taxi Girl, et mes productions avec Lio au début étaient complètement techno : du Kraftwerk mélangé à du rock... Ce sont des prolongements naturels.

Si demain une Major vous demande de signer chez elle, que faites-vous ? Quittez-vous F-Com ?
Jamais de la vie. Je reste chez F-Com. Ils m’ont compris et défendent bien mon boulot. J’y suis justement libre.

En partant, je dois enjamber des centaines de disques qui jonchent le sol de l’entrée. Jay Alanski est-il entre deux déménagements ? Non, tout est normal. Si vous souhaitez mieux connaître le personnage, et son appartement, rendez-vous sur son site alanski.com pour une petite visite guidée. Mais le mieux est encore de vous plonger dans Ambrosia qui demande une écoute patiente et attentive pour se révéler. Cette musique en quête de spiritualité est en phase avec ce début de millénaire. C’est pour cela que cet album nous touche autant.