Kaas live
Dans l’actualité de la chanteuse, il y a ce double album live, sorti à la fin de l’été chez Columbia. Le fruit de deux tournées, l’une "Ce sera nous" débutée à la fin de l'année 1999 et qui s'est étalée jusqu'aux derniers festivals de l'été et l’autre “Les chansons commencent”, où la chanteuse est accompagnée d’un orchestre philharmonique. En demi-teinte.
Acoustique et symphonique
Dans l’actualité de la chanteuse, il y a ce double album live, sorti à la fin de l’été chez Columbia. Le fruit de deux tournées, l’une "Ce sera nous" débutée à la fin de l'année 1999 et qui s'est étalée jusqu'aux derniers festivals de l'été et l’autre “Les chansons commencent”, où la chanteuse est accompagnée d’un orchestre philharmonique. En demi-teinte.
La pochette du livret est trompeuse. Elle nous dévoile une Patricia Kaas rageuse, inondée de lumière jaune, micro en main et nombril à l'air, prête à tout "kaaser". Pourtant la teneur générale de ces deux CD tend plutôt à la mélancolie, peut-être à cause des cordes. En tous cas pas de réelle surprise et ce, malgré les nouveaux arrangements. La chanteuse, à 33 ans et après près de quinze ans de carrière, serait-elle devenue trop prévisible, même si elle s'acharne à apporter du renouveau, ici et là, à chacun de ses nouveaux albums et de ses tournées ?
Le premier des deux disques live est extrait de la tournée "Ce sera nous", qui a sillonné la France et l'Europe en ce début d'année. Du changement certes, il y en a eu, à commencer par cette ouverture avec un instrumental au rythme tout oriental. Une idée de la chanteuse, envoûtée par ses dernières vacances au Maroc. Le décor de cette tournée, lui aussi, subira quelques aménagements arabisants, avec une ambiance Mille et une Nuits qui n'a pas grand-chose à voir avec son répertoire. Comme le démontre l'agencement des titres car c'est avec du rock que Patricia Kaas enchaîne, portée par les guitares électriques de La clé, écrite par Pascal Obispo pour son dernier album Le mot de passe. Une version énergique. Dommage que l'on retombe si vite dans la mélancolie avec Si tu rêves, toujours par le même Obispo, ce qui finit, à la longue, par donner cette même tonalité monochrome à toutes ses chansons. Dommage aussi que Patricia Kaas se croie obligée de feuler sur les premières notes D'Allemagne pour ensuite hurler exagérément. Sa voix est suffisamment puissante pour avoir besoin d'user d'artifices. Car il est des moments où l'on a le sentiment que Patricia Kaas en fait trop et de fait tue le naturel.
On éprouve alors une certaine gêne. A l'écoute de cet album live, on soupçonne même une certaine apathie générale dans le public, Patricia Kaas le ressent aussi d'ailleurs, qui le houspille d'un "Je ne vous entends pas..." Le fait est que pour un album en public, on entend peu celui-ci. Alors elle menace gentiment de s'en aller si le public ne reconnaît pas la suivante. "Mon mec à moi, il me parle d'aventure/ il parle d'amour comme il parle de voitures..". reprise en chœur avec son public chéri. Un public, curieusement souvent plus âgé qu'elle, les ados préférant de loin Britney Spears. Quand bien même elle le voudrait, Patricia Kaas ne peut faire l'impasse sur ses anciens succès, réclamés à chacun de ses passages. La petite fille de Forbach se lance alors dans un medley réunissant : Kennedy Rose, Quand Jimmy dit ou Regarde les riches. Et puis Mademoiselle chante le blues ("Celle qui me fit connaître auprès de vous") ou encore Une fille de l'Est, chanson on ne peut plus autobiographique, pondue par le très prolifique Jean-Jacques Goldman. Enfin cette manie de reprendre les classiques du patrimoine de la chanson devient agaçante, et Patricia Kaas ne fait pas exception. Mais il faut avouer que la justesse de sa version de Avec le temps de Léo Ferré a de quoi vous retourner. La force des mots certainement. Ce qui manque essentiellement à son répertoire.
Il me dit que je suis belle
Le second CD, intitulé "Les chansons commencent", débute par une ouverture très grandiloquente, (un peu comme l’intro de ces films américains que l'on va voir en famille au multiplex...). Rien que de très normal puisque Patricia Kaas a derrière elle l’orchestre philharmonique de Hanovre. Ça fait son petit effet. On enchaîne sur Entrez dans la lumière, très belle chanson signée Didier Barbelivien et François Bernheim que l'on retrouve pour la seconde fois, avec un arrangement distinct, -un peu trop féerique, on se croirait plongé dans le monde merveilleux de Walt Disney- et pas forcément mieux que celui de l'original. Rien à dire, en revanche, sur Je voudrais la connaître de Jean-Jacques Goldman, l'histoire de cette jeune femme aux sentiments ambigus envers sa rivale. Même chose pour Les hommes qui passent, l'une des plus belles chansons de la Kaas, qui se termine par un long instrumental où la présence soutenue de la guitare sèche n'est pas désagréable Moins bien réussis, sont les arrangements de J'attends de nous signée du tandem Zazie-Obispo, qui passe de la dance à la salsa de façon périlleuse. Et l'on imagine sans peine que la chanteuse se mue en danseuse à l'écoute de ses "Merci !" haletants. Car elle aura beaucoup dansé au cours de cette tournée, même si, elle l'avoue elle-même, c'est un autre métier...
Pascale Hamon
Patricia Kaas se produira le 2 novembre 2000 au Palais des Congrès de Paris pour un concert exceptionnel avec un orchestre de 80 musiciens