MIX MOVE 2000

Paris, le 13 septembre 2000 - Du 15 au 17 septembre, le salon Mix Move, cinquième édition du nom, accueille à bras ouverts, à la Cité des Sciences de La Villette, toutes les formes de la création dans l'univers électronique. La programmation musicale tient le haut du pavé et permet au salon de clore en beauté pour les Rendez-Vous Electroniques. Rencontre avec le directeur artistique musique : Manu Barron.

Salon-festival des musiques électroniques

Paris, le 13 septembre 2000 - Du 15 au 17 septembre, le salon Mix Move, cinquième édition du nom, accueille à bras ouverts, à la Cité des Sciences de La Villette, toutes les formes de la création dans l'univers électronique. La programmation musicale tient le haut du pavé et permet au salon de clore en beauté pour les Rendez-Vous Electroniques. Rencontre avec le directeur artistique musique : Manu Barron.

Le Mix Move et les Rendez-Vous Electroniques étaient faits pour se rencontrer. Alors que précédemment la Techno Parade affirmait le côté festif et le Mix Move la face technique et découverte musicale (70% du programme proposé aux visiteurs était concentré sur des démonstrations de matériel), cette année leur enchevêtrement est un double pari : montrer les créations dans l'univers électronique et installer définitivement cette culture. Ainsi la programmation multimédia sera cette année aussi importante que la partie musique : ateliers, animations… ludique et pédagogique.

Au-delà de la très attendue Coupe de France DMC, des espaces musique, son et multimédia, l'équipe remodelée de Next Level propose une programmation éclectique. Le directeur artistique musique, Manu Barron (qui a notamment travaillé avec Doudou sur la programmation du Printemps de Bourges, du Festival de Doures en Belgique et aussi Global techno, le Nord Digital, Saint Nolf…) a bien voulu nous éclairer et essayé de guider nos pas et nos oreilles dans cet univers.

Quelle est l'idée maîtresse de la programmation musicale ?
L'idée du Mix Move est claire, c'est un festival-salon autour des thématiques sur les cultures électroniques.
Cette année, la programmation a été organisée en deux parties, d'un côté toute la programmation de journée avec trois espaces bien définis de diffusion musicale (différents lieux à la Cité des Sciences). De l'autre, la programmation de soirée (au Trabendo - une soirée Warp le 16 - et au Glaz'art). L'idée étant de faire un tour de ce qui se passe actuellement, même si tout ne peut être représenté.

Les espaces de show cases, l'après-midi, seront uniquement dédiés aux live. On a aussi donné à chaque jour, une thématique musicale : une première journée (le 15) plutôt groove, tendance dance floor, tous styles de musique confondus, du trip hop à la funk… le lendemain (le 16), on a une grosse journée autour de la scène dub française qui est en train d'exploser en ce moment. Le dernier jour (17) sera plus consacré à la musique expérimentale, concrète…

On a créé deux dance floors, deux lieux d'expression pour les DJs avec un "Silent Dance Floor". Les gens pourront retirer un casque à l'entrée du petit club et la diffusion ne se fera que par infrarouge. C'est un truc assez marrant avec une programmation DJ éclectique. Ensuite, il y a les "Siestes musicales" qui ont un aspect plus chill out (ndlr : détente), un lieu avec des transats où des représentants de labels (Sonar Kollektiv, Kitty Yo, Infracom pour l'Allemagne ; R&S pour la Belgique ; Haute Couture pour le Canada et quelques français comme Expressillon, Pamplemousse, Frikiywa, Fantômas, Ya Basta, Artefact…) viennent mixer leurs productions.

C'est une première pour le label canadien Haute Couture ?
Ils avaient envie de faire quelque chose. C'est un des premiers labels de Montréal et comme on ne peut pas dire que la scène québécoise était une scène marquante en musiques électroniques. C'est une première, et l'occasion de les inviter.

Et Artefact ?
C'est un des labels les plus intéressants en France. On aime bien leur démarche, leur politique artistique. Ils sortent de la vague traditionnelle. Ça fait du bien d'avoir quelques labels qui arrivent un peu à représenter la scène à l'étranger et qui ne tombent pas dans le panneau french house… Cela donne une image de la musique française qui ne se limite pas à Cassius et Bob Sinclar.

Est-ce différent d'être DJ aujourd'hui ?
Ils ont un rôle de bibliothécaire de la musique et c'est les gens qui sont au démarrage de tous les mouvements : le reggae, le hip hop… les musiques électroniques. Les gens qui pouvaient amener la culture aux autres. Et puis il y a aussi un certain anonymat, on sortait d'un cadre rock un peu rigide où tu allais voir un groupe en frontal… ce qui n'était plus dans notre culture à une certaine époque. Le problème c'est qu'ils sont devenus ce qu'on ne voulait pas qu'ils soient. On a remonté un star system.
Le rêve c'est d'avoir un mec un peu éclectique et qui a en plus, la technique pour éviter les sets plats. Des DJs, il y en a trop… C'est le problème de pas mal d'expressions artistiques où tu n'as pas toujours besoin d'avoir prouvé grand chose pour que cela marche. C'est comme la création assistée par ordinateur. Il y a des mecs qui font des trucs mais qui n'ont aucun talent perso… Ça peut poser un problème. Moi ce que j'aime c'est la musique, pas la musique électronique, la musique en général.

Est-ce le début d'un décloisonnement de la musique électronique ?
C'est ce qu'on défend. Regardons R&S qui a été un label phare et fondateur du mouvement techno, maintenant ils signent des groupes comme Menlow Park, plus proche de Captain Beefheart que de Jeff Mills. La musique électronique est enfin arrivée à maturité. Dans le sens où elle n'a plus besoin d'exister que par elle-même et qu'elle rentre dans le cadre général de la grande famille musicale…

Comment se positionne le Mix Move par rapport aux autres festivals ?
On peut faire des choses car on a envie de les faire. Si ça plaît, cela répond alors à une certaine demande… En France, on est très réactionnaire, on fait un festival contre un autre festival, un label… C'est juste un événement. Au départ, le Mix Move était plus un salon. On a envie de le transformer en une grande convention musicale qui ne soit pas seulement professionnelle mais aussi publique.

ED

Site du Mixmove

Retrouvez NSK, les Trouble Makers, Frikiywa, et les autres invités de Willy Richert dans son émission Eklektik sur le Fil musical les 15, 16 et 17 septembre 2000 entre 19 et 20 heures (heure de Paris).