Fiesta des Suds
Marseille, le 17 octobre 2000 - Chaque année depuis maintenant 9 ans, Marseille vit au rythme de la Fiesta des Suds. Installé sur les docks près des ports, l'évènement populaire d'octobre tente de s'adresser à tous : des expositions d'artistes, un cyber café, des présences associatives, une couverture médiatique intensive, une ambiance de bodega distillée dans les différents espaces du vaste lieu et la programmation musicale, plat de résistance de ces rendez-vous nocturnes.
Marseille à l'heure de la fête
Marseille, le 17 octobre 2000 - Chaque année depuis maintenant 9 ans, Marseille vit au rythme de la Fiesta des Suds. Installé sur les docks près des ports, l'évènement populaire d'octobre tente de s'adresser à tous : des expositions d'artistes, un cyber café, des présences associatives, une couverture médiatique intensive, une ambiance de bodega distillée dans les différents espaces du vaste lieu et la programmation musicale, plat de résistance de ces rendez-vous nocturnes.
Les Rita Mitsouko et Cheikha Rimitti ouvraient les festivités le 12 octobre, les locaux Kanjar'oc ou Raspigaous représenteront Marseille le 27, et samedi 14, la soirée "Docks Sessions" recevait un plateau groovy-électronique avec les Brooklyn Funk Essentials, St Germain et les Trouble Makers.
Samedi soir donc. La pluie n'a pas refroidi les 3000 personnes présentes à cette soirée très attendue. Le public déambule de salle en salle, on se salue, on croise de vieilles connaissances et évidemment, les bars fonctionnent à plein régime. Les New-yorkais Brooklyn Funk Essentials sont les premiers à investir la scène principale de la Fiesta. Le fameux collectif de groove urbain ne semble pas la jouer à l'économie, bien au contraire, du funk hip hop au ska survolté, les musiciens se déploient, s'agitent et jouent bien. Et pourtant, leur show sonne daté, dépassé peu à peu, depuis 10 ans, par les musiques électroniques, le hip hop ou la nouvelle soul. Heureusement pour les Brooklyn, le public venu pour faire la fête, est enthousiaste.
22h30, le premier concert s'achève et manifestement la venue imminente de St Germain alimente les discussions marseillaises. Ludovic Navarre (son vrai nom) vient présenter son album Tourist, opus agréable mais plat. Et le concert de la Fiesta va confirmer ces impressions. St Germain est loin, caché derrière ses machines pendant que ses musiciens assurent le spectacle. La prestation débute sur de la house jazzy et groovy sympathique. Et puis on commence à trouver le temps long : les improvisations des musiciens s'étirent, manquent cruellement d'inspiration et les rythmiques systématiques balancées par le maître de cérémonie ont fâcheusement tendance à nous faire changer d'espace. Après un détour par la salle joliment nommée Cabaret Rouge où officie Relatif Dj House du collectif aixois Biomix, on se re-motive et retrouvons impassible St Germain qui n'hésite pas une seconde à conclure son concert comme il l'avait commencé, avec son tube Rose rouge. Néanmoins sa deep house consensuelle a fait son effet sur le public de plus en plus "caliente".
Miinuit, c'est de nouveau le moment des glissements à l'intérieur des Docks des Suds, (six salles au total sans compter les larges espaces de transition). Entre deux titres de salsa et un set de house, on se laisse dériver, du cyber café au Bar des Marseillais, lieu de rencontre et de tchatche. Les Trouble Makers eux, ont quitté les espaces publics depuis quelques minutes. Dj Oil, Fred Berthet et Arnaud Taillefer présentent ce soir-là leur live rodé au festival Aquaplaning à Hyères et au Mix Move à Paris. Les trois Phocéens sont déjà précédés d'une bonne réputation. Leur album Doubt and Conviction sort en janvier sur le label de Chicago, Guidance, et les premières écoutes de ce projet électronique soul et psychédélique rencontrent jusqu'à présent un bel écho dans la presse et les réseaux spécialisés.
Première surprise : au-dessus des machines et des claviers millésime années 70, deux écrans diffusent de courtes vidéos en boucle, aller retours visuels entre les années 70 (encore elles) et l'an 2000, et mis en espace comme s'il s'agissait d'une ballade mouvementée en voiture. Stimulés par ces projections, Oil, Berthet et Taillefer entament leur set avec un beau son, ample et précis. Le public se cherche un peu : doit-il danser, doit-il se laisser prendre par les climats ? Question de tempo manifestement. Les Trouble Makers répondent à la question en lançant le remix inédit qu'ils viennent de réaliser pour d'autres Marseillais, les excellents Dupain. Le tempo s'élève, et Dj Rebel, figure du hip hop de Mars les rejoint pour une séance de platines survoltée. Le live, de plus en plus pertinent au fil des prestations, s'achèvera énergique, funky et psychédélique (psychédélisme qui fête son grand retour dans les productions électroniques pointues).
Trois heures du matin : la salle principale s'est vidée et les deux Trouble Makers, Oil et Fred Berthet, infatigables, se sont emparés des platines du Cabaret Rouge. House music et drum & bass concluront cette soirée mitigée. La Fiesta des Suds, manifestation festive mais un peu vide de sens, alimentera les soirées marseillaises jusqu'au 31 octobre.
De notre correspondant à Marseille, Mateo