Alpha Blondy, artiste engagé

Huit mois après le spectacle historique de Koffi Olomidé, le Palais Omnisports de Paris-Bercy va vivre sa semaine africaine. Deux des "dinosaures" de la scène continentale s'y produiront. Alpha Blondy ce soir et Youssou N'Dour dans la nuit de samedi à dimanche. RFI Musique vous rendra compte de ces événements. Tout d'abord entretien avec le "Rastapouë" Alpha Blondy aime faire réfléchir autant que faire danser. La star du reggae africain ne mâche jamais ses mots. Il tire les sonnettes d'alarme, dénonce les grimaces du monde, pointe du doigt ce qui l'exaspère. Aujourd'hui, l'avenir de la Côte d'Ivoire et les dangers la menaçant sont au centre de ses préoccupations.

Pas de musique sans idées.

Huit mois après le spectacle historique de Koffi Olomidé, le Palais Omnisports de Paris-Bercy va vivre sa semaine africaine. Deux des "dinosaures" de la scène continentale s'y produiront. Alpha Blondy ce soir et Youssou N'Dour dans la nuit de samedi à dimanche. RFI Musique vous rendra compte de ces événements. Tout d'abord entretien avec le "Rastapouë" Alpha Blondy aime faire réfléchir autant que faire danser. La star du reggae africain ne mâche jamais ses mots. Il tire les sonnettes d'alarme, dénonce les grimaces du monde, pointe du doigt ce qui l'exaspère. Aujourd'hui, l'avenir de la Côte d'Ivoire et les dangers la menaçant sont au centre de ses préoccupations.

RFI Musique : La musique jamaïcaine vous a toujours interpellé?
Alpha Blondy : Pas du tout. Pendant mon adolescence, ma bible c'était "Salut les Copains" et je ne jurais que par Johnny Hallyday, les Rolling Stones, Creedence Clearwater Revival, Wilson Pickett, Otis Redding... tout en écoutant notre musique africaine. Donc quelque part, j'ai une culture très métissée.

La mode est aux remix techno. Vous avez déjà été tenté par ce genre d'expérience?
Je n'aime pas me répéter. On m'a demandé moult fois de refaire "Brigadier Sabari" par exemple. J'ai dit non. Mais si quelqu'un veut reprendre un morceau à sa sauce , il a mon feu vert. D'ailleurs La Brigade, un groupe de rap français a justement repris "Brigadier Sabari" avec mon "petit frère" Pierpoljak. Lui, je l'ai recontré en Jamaïque et après il est passé me voir quand j'étais en studio à Paris. Il a le reggae dans le sang.

Qu'avez-vous fait le soir de votre arrivée en France le 4 octobre?
J'ai eu la chance et l'honneur d'être invité au match France - Cameroun. Les Lions Indomptables sont formidables. J'ai regardé leur finale aux JO de Sydney à la télévision. Il était trois heures du matin à Abidjan, mais je ne voulais pas rater cela. Je me souviens d'un autre, il y a longtemps, contre la Côte d'Ivoire. Ils nous avaient battus et dans tout le pays, c'était le deuil national. Moi, je ne les aurais pas baptisés les Lions Indomptables, mais plutôt les Lions Imprévisibles.

Vous êtes actuellement en tournée en France et ne serez donc pas présent en Côte d'Ivoire pour les élections prévues le 22 octobre.
Je vais voter à l'Ambassade. En revanche si ça pète, je dois retourner là-bas. Les militaires sont venus dans ma maison avec leurs mitraillettes la nuit du 17 au 18 septembre, quelques heures après l'attaque de la résidence du Général Gueï (cette perquisition, les soupçons que l'on a eu à mon encontre m'ont révolté), mais ce n'est pas une raison pour que je ne retourne pas chez moi. Quand on part, c'est que l'on a quelque chose à se reprocher. Moi, je n'ai rien à me reprocher. Et s'ils veulent me tuer, qu'ils me tuent. Tant que j'aurai un souffle, je leur dirai d'arrêter. Il faut que le débat démocratique que nous recherchons puisse avoir lieu. Mais quand on parle d'assassinats, de coups d'état, on s'éloigne complétement de la démocratie dont nous avions rêvé. Aujourd'hui, il y a péril en la demeure. Je suis extrêmement pessimiste sur l'évolution de la situation.

Certains observateurs notent que le slogan "La Côte d'Ivoire aux Ivoiriens " est devenu un thème fédérateur à la télévision nationale. Cela vous fait-il peur?
Le "gros mot" est lâché : épuration. Certains en parlent déjà. C'est très grave. Notre force, c'est notre diversité ethnique. Il faut que les Ivoiriens se ressaisissent. Pour que je sois amené en tant que chanteur à aborder des sujets aussi délicats, c'est que vraiment tout cela est très sérieux. Je veux sauver mon pays.

Avez-vous fait part de vos craintes aux médias ivoiriens?
J'ai refusé de parler aux journalistes de la Côte d'Ivoire car chacun appartient à un groupe, à un parti. Je ne voudrais pas que l'on déforme ce que j'ai dit. Moi-même, je n'appartiens à aucun parti, j'appartiens à tous les Ivoiriens.

Quel est le rôle du chanteur dans une société?
 Nous sommes des marchands de bonheur, des marchands d'espoir. Notre métier n'est possible que dans des atmosphères de joie et de fête. Quand nos fans s'entredéchirent, comme c'est le cas aujourd'hui en Côte d'Ivoire, nous nous sentons mal.

Vous vous considérez comme un chanteur engagé?
Je l'ai toujours été. mais je ne suis pas celui qui va pousser à la révolte. Je suis pacifiste jusqu'à la moëlle.

Vous avez par le passé essuyé quelques reproches pour avoir soutenu Houphouët-Boigny.
Je ne renie pas cet engagement. Si le reggae ivoirien est devenu aujourd'hui le troisième reggae planétaire, c'est grâce au soutien, à la protection d'Houphouët-Boigny.

Alpha Blondy Elohim (Une Musique) 2000
Cconcert : le 18 octobre à Paris (Bercy), le 20 à Toulon, le 21 à Clermont-Ferrand, le 24 au Cannet, le 25 à Lyon, le 14 novembre à Toulouse, le 15 à Bordeaux, le 20 à Nantes