Le Bercy de Blondy

Paris, le 19 octobre 2000 - Il pleut sur Paris, et une vingtaine de routiers en colère bloquent le périphérique. Bref, ce n’est jamais facile d’aller au POPB (Bercy) mais, ce soir, c’est carrément l’enfer. On se demande si Blondy a droit à ce traitement de faveur. Jack Lang, notre ministre de l'Education Nationale aura, lui au moins, réussi à se frayer un passage à travers ces bouchons pour applaudir le "Rastapouë" et réaffirmer son amitié au peuple ivoirien dans ces moments difficiles.

Le roi Alpha a soutenu sa thèse.

Paris, le 19 octobre 2000 - Il pleut sur Paris, et une vingtaine de routiers en colère bloquent le périphérique. Bref, ce n’est jamais facile d’aller au POPB (Bercy) mais, ce soir, c’est carrément l’enfer. On se demande si Blondy a droit à ce traitement de faveur. Jack Lang, notre ministre de l'Education Nationale aura, lui au moins, réussi à se frayer un passage à travers ces bouchons pour applaudir le "Rastapouë" et réaffirmer son amitié au peuple ivoirien dans ces moments difficiles.


En tout cas il est à l’heure, le rasta de Cocody. Il faut dire qu’il a eu la sagesse de se faire précéder d’une première partie sénégalaise que beaucoup auront raté.

Dix mille personnes ont réussi l’exploit d’arriver. Dix mille, pour qui a joué dans des stades de quarante mille places pleins à craquer, ce n’est pas Byzance. Oui, mais c’est Bercy, c’est Paris, et ça vous a des airs de consécration. Même pour le roi du reggae ivoirien qui, en coulisses, confie : « Je viens soutenir ma thèse, en quelque sorte. »

Sous sa couronne, et derrière ses lunettes noires, il est bien le roi, ce soir. Entouré des "soldats de son armée" (Meiway, Didier Bilé, Serge Kassy…), il gambade d’un bout de l’autre de la scène, qui est bien grande. Il est heureux, bien dans ses pompes ; et on sait que l’humeur du jour, chez Monsieur Alpha, est capitale : qui ne se souvient de ce fameux Zénith où, à le dernière minute, il décidera de ne pas se rendre, laissant des milliers de fans poireauter devant une scène vide ?

Tout ça est bien loin. Blondy le rebelle s’est assagi, tout au moins dans sa vie. Pour le reste, il n’a rien renié de ses convictions qu’il ré-affirme ce soir, dans ses chants et entre les morceaux. Peu d’allusions, toutefois, à la situation en Côte d’Ivoire ; on est d’abord là « pour le fun, you know ». Après, on verra.

Tout s’enchaîne, c’est beau, c’est pro, ça fonctionne toujours aussi bien. Rejoint par les Touré Kunda, Alpha finira par son tube originel, « Brigadier Sabari », repris par Pierpoljak et les rappers de "La Brigade".

C’est fait : M. Blondy est nommé Docteur-es-Rastapouë, avec mention bien.

Il est minuit et, dehors, il pleut encore. Pourvu que les routiers aient dégagé le périph !

Jean-Jacques Dufayet.