Etienne de Crécy
Etienne De Crécy a été le premier à sortir un album 100% électronique sous le nom de Motorbass avec son complice Philippe Zdar. Quelques années plus tard, il signait le désormais classique Superdiscount, avec à ses côtés Air et Alex Gopher, ses amis du lycée de Versailles. Cette semaine sort Tempovision, premier CD sous son vrai nom qui nous démontre qu'il existe une vie après la French Touch.
A fond les basses
Etienne De Crécy a été le premier à sortir un album 100% électronique sous le nom de Motorbass avec son complice Philippe Zdar. Quelques années plus tard, il signait le désormais classique Superdiscount, avec à ses côtés Air et Alex Gopher, ses amis du lycée de Versailles. Cette semaine sort Tempovision, premier CD sous son vrai nom qui nous démontre qu'il existe une vie après la French Touch.
Etienne De Crécy est certainement l'un des producteurs les plus discrets de la scène électro française. Pourtant, son empreinte musicale sur la tribu parisienne est énorme. Avec tout d'abord son label Solid, l'un des plus respectés à l'étranger, fondé avec Alex Gopher. Avec ensuite ce petit plus qui fait de De Crécy celui qui a toujours 10 centimètres d'avance sur les autres.
Quand la techno envahissait la France, lui, nous proposait une house sombre mais toujours dansante sous le pseudo Motorbass, l'un des albums clé de ces dix dernières années. Les Daft Punk explosaient à l'heure où il ralentissait le tempo. De Crécy convoquait ses copains de lycée, Air entre autres, pour participer au projet Superdiscount dans lequel le dub s'acoquinait à la house et le trip hop à la pop. Vous imaginez donc aisément que ce nouvel album Tempovision est aussi attendu que le prochain Sardou par exemple…
Pour avoir une idée exacte de la teneur de son nouveau-né, ne vous fiez absolument pas au premier simple, 3 day week end, un hymne à la semaine des 35 heures, estampillé house-funky, mais plutôt au nouveau single Out of my hands, une balade qui n'est pas sans rappeler The Child d'Alex Gopher. C'était d'ailleurs le premier titre composé par le patron de Solid : " Out of my hands a été écrit, programmé et enregistré en deux jours. C'est un morceau très immédiat en fait, alors qu'il semble très élaboré. La musique était prête et je suis tombé sur cette chanson d'Esther Phillips qui collait parfaitement à l'ambiance électronique. Ce genre de choses, ça n'arrive qu'une fois, alors je me suis dit "on y va", on verra plus tard pour les problèmes de droits. Le mariage de cette voix chargée d'émotion, des douleurs de la vie avec cette musique très électronique constituait pour moi quelque chose de magique. Je suis encore très fier de ce morceau qui est resté la référence pour tous les autres titres de l'album. Je voulais retrouver l'esprit soul sous cette pellicule digitale, ce côté à la fois futuriste et rétro futuriste. Quant à la comparaison avec The child d'Alex Gopher, je l'assume complètement vu que nos studios sont à peu près à 1,50m l'un de l'autre. Il y a donc des interférences, c'est évident."
Quand De Crécy a travaillé sur le son, c'est aux possesseurs de 205 GTI qu'il a pensé. Explications. " Pendant l'enregistrement j'écoutais beaucoup le titre de Brandy et Monica, The boy is mine. Je trouve l'ambiance de ce morceau très forte et d'ailleurs, c'est dans le R'n'B en ce moment que les ingénieurs du son se montrent les plus inventifs. Je voulais absolument que tous ceux qui écoutent cette musique à fond dans leur voiture avec leurs énormes baffles dans le coffre et les " boomers " sur la plage arrière, puissent apprécier mon son. "
Vive Napster !
En ce moment vous le savez, vous qui surfez sur les sites musicaux, la polémique tourne autour de Napster et plus généralement des sites où vous pouvez télécharger des morceaux gratuitement. Les maisons de disques aux Etats-Unis ont contre-attaqué dernièrement et assigné en justice Napster, fer de lance du téléchargement gratuit. Le problème pour les artistes étant le non-paiement des droits d'auteur par les accrocs du web.
Etienne De Crécy, lui, ne l'entend pas de cette oreille : "Moi, je suis pour. J'ai fait toute ma culture musicale en piratant des cassettes. A l'époque, c'était le support. J'enregistrais énormément de morceaux sur les radios et je faisais des copies pour mes amis. J'aurais été incapable de parfaire ma culture sans pirater, je n'avais pas les moyens d'acheter tous les titres sur le marché. Je pense que Napster est un truc de fans, de collectionneurs. L'idée, c'est d'aller écouter un artiste, de télécharger son morceau et si ça te plait, tu achètes l'album. Ça me semble hyper naturel d'avoir des échanges aussi simplement que ça. Effectivement, le problème tourne autour des droits d'auteur, mais quand je vois Zazie venir pleurer aux Victoires de la musique pour ces histoires de droit, je dis qu'elle n'est pas au bord de la famine. C'est vrai que ce sont les gros vendeurs qui ont des problèmes avec ce site, mais il faut avoir un minimum de pudeur, le milieu de la musique déborde d'argent, les poches sont pleines. Alors, vraiment, ça m'ennuie que ce soient les plus riches qui se plaignent. Moi, j'ai trouvé une solution : si je ne touche plus mes droits d'auteur à cause du web, je me ferai sponsoriser. Si je peux prouver que mon morceau a été téléchargé 200.000 fois sur le net, j'irai voir une marque de café et je leur proposerai que mon prochain maxi porte leur nom. A mon avis, ils me reverseront beaucoup plus que mes droits d'auteur. L'art devient sponsorisé. Remarque, il l'est déjà pas mal ! "
N'imaginez pas pourtant De Crécy comme le représentant de l'ultra-libéralisme électronique, mais plutôt comme un chef d'entreprise habitué à vivre sur le fil. La techno n'est rentable pour les labels que depuis quelques années. Mais, c'est surtout en véritable artiste indépendant, loin des modes et de l'opportunisme ambiant qu'il faut aborder le patron du label Solid, et son Tempovision qui écoute après écoute, assoit De Crécy comme l'un des plus talentueux producteur de la scène parisienne.
Etienne de Crécy Tempovision 2000 Solid/Discograph