FIESTA DES SUDS, SUITE ET FIN

Marseille, le 31 octobre 2000 - Après bientôt trois semaines d’activités nocturnes, la Fiesta des Suds, manifestation populaire marseillaise du mois d’octobre, touche à sa fin. Tout au long de cette neuvième édition, les Rita Mitsouko, le Cubain Omar Sosa, les Corses A Filetta, les Antillais Kassav ou encore les Phocéens Trouble Makers, plus de cent artistes au total, auront investi les 5000 m² des Docks des Suds près des ports. Vendredi 27, devant plus de 3000 personnes, la «Vague du Sud» prenait le relais. Moment attendu pour ces artistes, moment crucial qui leur permet d'évaluer leur popularité et leur potentiel hors de leur réseaux habituels.

Les Marseillais à l'honneur

Marseille, le 31 octobre 2000 - Après bientôt trois semaines d’activités nocturnes, la Fiesta des Suds, manifestation populaire marseillaise du mois d’octobre, touche à sa fin. Tout au long de cette neuvième édition, les Rita Mitsouko, le Cubain Omar Sosa, les Corses A Filetta, les Antillais Kassav ou encore les Phocéens Trouble Makers, plus de cent artistes au total, auront investi les 5000 m² des Docks des Suds près des ports. Vendredi 27, devant plus de 3000 personnes, la «Vague du Sud» prenait le relais. Moment attendu pour ces artistes, moment crucial qui leur permet d'évaluer leur popularité et leur potentiel hors de leur réseaux habituels.

La soirée «Vague du sud» débute avec les Raspigaous. Les quatorze Marseillais sont devenus depuis maintenant deux ans la coqueluche des amateurs de reggae local. Ils ont ce quelque chose, entre talent, charisme et chaleur qui pourrait les conduire bientôt à une reconnaissance nationale. On pense au parcours de Sinsemilia, ou à celui des Négresses Vertes ou de Louise Attaque. Aujourd’hui en place, musicalement et scéniquement, les Raspigaous sont à l’aise sur la grande scène de la Fiesta. Ils enchaînent ska, dub et reggae roots, soulignent leurs préférences, tolérance, pastis et marijuana. Et avec ce discours simple, parfois un peu facile, mettent le feu à l’assistance. Le rapport au public est fort et leurs refrains sont repris en chœur.

La fin de leur concert provoque les mouvements habituels de la Fiesta. On se dirige dans la petite salle du Cabaret rouge pour assister aux derniers titres de l’opérette rock’n’roll des vétérans Quartiers Nord, d’autres choisissent le patio et la dégustation d’huîtres, pendant que la plupart se ressource dans les bars. L’ambiance est particulière ce soir-là. Le public est jeune, et les vieux habitués des lieux y vont de leur couplet, «la Fiesta, ce n’est plus ce que c’était». Au-delà de ces discussions de comptoir, et de manière imperceptible, la Fiesta est devenue une grande fête anonyme ou à tant vouloir fédérer, l’équipe organisatrice de Latinissimo voit filer devant elle la chaleur et la pertinence des premières éditions.

Bien sûr, et c’est typiquement le cas ce vendredi, La Fiesta donne encore accès à des artistes pointus ou en émergence. Les prochains à monter sur scène sont les Watchaclan. Tout comme les Raspigaous, le «Clan» tourne depuis deux ans environ. Ils bénéficient d’une bonne réputation dans les bars musicaux marseillais mais les sensations ne sont pas les mêmes. Les Watchaclan ont choisi un répertoire rock-reggae-world-ragga-métal et cette définition indigeste est proche de ce que l’on a pu entendre pendant plus d’une heure. Même si la formation sait jouer et qu’elle a su trouver un public dans la région, elles se cherche encore. Cette fois-ci, peu enthousiasmés par le son et découragés par les nombreux fêtards imbibés et chancelants, on choisit plutôt le coin «pâtisseries orientales, thé a la menthe et art contemporain».

Avec la prestation des Spook & The Guay, c’est le retour dans le temps : les Toulousains balancent un reggae rock énergique (récurent dans cette soirée), descendants direct de la Mano Negra et de la période alternative des années 80. C’est l’ennui. On espère donc beaucoup des deux groupes qui doivent conclure cette soirée «Vague Du Sud». D’autant que les premiers ne sont pas des inconnus : les Kanjar’oc arpentent l’Hexagone depuis près de 10 ans (avec une moyenne d’âge de 27 ans) et viennent de faire paraître leur album Kamino real. La «famille Kanja», elle aussi a grandi au son de la Mano Negra ou de Fishbone. Proche de Dupain ou du Massilia Sound System, les Kanjar’oc rencontrent les questionnements d’un certain nombre de musiciens actuellement : comment se positionner et vivre face à l’industrie du disque et la politique marchande des grandes maisons de disques, comment appréhender et s’emparer du foisonnement de la «Sono Mondiale» et des nouvelles émergences urbaines et musicales (Hip Hop et Electronique) ? ils semblent avoir trouvé les réponses à la première question en choisissant d’intégrer le circuit «tourneurs-label» tout en conservant leur autonomie et leur esprit d’indépendance. Quant à la direction musicale, les influences alternatives sont toujours très présentes mais les pulsations techno, africaines et latino-américaines commencent à bouleverser agréablement ces Marseillais-Port-de-Boucains.

Les autres locaux présents à cette heure-ci sont dans la salle du Cabaret Rouge. Devant un public enthousiaste, les cinq musiciens de Nazdorovie nous amèneront vers des sonorités tziganes, exercice un peu scolaire mais belle respiration néanmoins dans cette soirée trop marquée par un reggae-rock souvent poussif. La Fiesta des Suds prépare déjà son dixième anniversaire pour 2001, un tournant qu’on espère plus épicé et vivant que cette dernière édition globalement fade.

Matéo

raspigaous.com
kanjaroc.free.fr