CYRIUS, UN ROMANTIQUE A CUBA
Paris, le 14 novembre 2000- Quand ce chanteur français d'origine espagnole met pour la première fois les pieds à Santiago de Cuba en 1996, Cyrius a le coup de foudre pour la trova, genre sentimental par excellence né au temps jadis. Depuis, il s'est davantage encore pris de passion pour les musiques cubaines d'autrefois découvertes par le monde ces dernières années, enregistrant certains de leurs interprètes (La Banda de Santiago, les sœurs Faez...) et s'y mettant lui-même. Il présente cette semaine à Paris son deuxième album, Le Sang des Roses, conçu avec notamment la complicité de Boris Bergman et de musiciens cubains.
Un homme sous influence
Paris, le 14 novembre 2000- Quand ce chanteur français d'origine espagnole met pour la première fois les pieds à Santiago de Cuba en 1996, Cyrius a le coup de foudre pour la trova, genre sentimental par excellence né au temps jadis. Depuis, il s'est davantage encore pris de passion pour les musiques cubaines d'autrefois découvertes par le monde ces dernières années, enregistrant certains de leurs interprètes (La Banda de Santiago, les sœurs Faez...) et s'y mettant lui-même. Il présente cette semaine à Paris son deuxième album, Le Sang des Roses, conçu avec notamment la complicité de Boris Bergman et de musiciens cubains.
RFI : Sortir des albums à coloration cubaine au moment justement où Cuba est dans l'air du temps, n'est-ce pas un peu suspect, opportuniste?
A ceux qui me feraient ce reproche, je répondrai que tout cela a commencé pour moi par un coup de cœur lorsque j'ai fait mon premier voyage à Cuba en 1996. J'y suis resté deux ans sans savoir du tout si j'allais ou non faire un disque. Mais j'ai eu un coup de cœur musical et aussi pour cette tradition de transmission dans l'oralité que j'ai découverte là-bas.
RFI : Pourquoi ce voyage vers Cuba?
C'est un endroit où l'on parle espagnol et j'avais l'envie de renouer avec la langue. Ensuite surtout, c'est la musique qui m'a attiré là-bas. J'avais été complètement séduit par Eliades Ochoa, par ce genre de rythmes, de couleurs, d'enveloppe. Un répertoire que j'ai découvert en 1995.
RFI : Etant né en Algérie, vous n'avez jamais eu le désir de faire un voyage musical vers votre pays natal?
J'ai failli concevoir quelque chose à Tlemcen. J'avais déjà commencé à penser à deux ou trois chansons et puis en fait j'ai eu un peu peur d'aller là-bas. Mais cela m'intéresserait de faire un pont entre le raï traditionnel et la chanson française. Ca n'est pas dit que je ne le fasse pas un jour.
RFI : Vous aviez besoin d'ailleurs pour nourrir votre créativité?
Besoin d'ailleurs et de déplacement, de voyage. Même si ici j'ai côtoyé plusieurs styles musicaux, traditionnels notamment. Là, je sentais que le voyage était une manière de tourner une page avec tout ce que j'avais fait auparavant (Cirque Archaos et autres expérimentations). Je ne savais pas du tout ce qui allait se passer mais c'était une manière d'accoucher de quelque chose qu'il m'était impossible de faire ici. J'avais d'ailleurs commencé à enregistrer des maquettes à Paris avec des musiciens cubains. C'était bien mais je n'avais pas la couleur. Là-bas, j'ai senti de suite la couleur. En y restant longtemps à Santiago, j'ai été séduit par l'espèce dtemps arrêté des troubadours, ces chanteurs qui vont de porte en porte.
RFI : Vous êtes romantique?
Certainement. Un romantique qui s'est brimé en étant dans une ville où justement cette notion d'aller chanter la sérénade avec sa guitare est inimaginable. A Santiago, cela existe vraiment.
RFI : Vous trouvez que le monde manque de romantisme?
En tout cas il est bien caché, ou on le cache par peur de paraître ridicule. Etre romanesque avec une femme ou avec quelqu'un que l'on aime c'est quelque chose de simple et de naturel. J'ai l'impression que l'on a tous cela au fond de nous. J'ai été complètement admiratif de la manière dont on courtise une femme à Cuba, comment on lui parle, on invente les mots, on se délecte de ces mots. La femme sait que c'est un jeu mais cela fait partie de la séduction. A Cuba je me suis senti grandir. J'ai eu l'impression que c'était un peu comme une renaissance. Ce déplacement, ce voyage m'a permis d'affirmer quelque chose en moi. J'ai pris d'énormes leçons là-bas et je continue.
RFI : Dans votre deuxième album, le spectre musical est plus étendu que dans le premier, plutôt consacré au "son".
Oui... Je voulais faire au départ un disque de boléro et puis petit à petit sont venus des morceaux d'autres couleurs : une guajira, un cha-cha-cha, un danzon... Il y a des boléros cubains et d'autres mexicains.
RFI : Votre plus récente colère, votre dernier enthousiasme?
Je suis affligé que l'on ait à nouveau pollué la mer. Quant aux choses qui m'ont fait plaisir récemment, c'est par exemple le nouveau disque d'Henri Salvador, et l'intérêt actuel des gens pour la musique douce, le retour de la musique de salon, romantique et tendre.
RFI : Quel est le comble de l'exotisme pour vous?
D'être dans un hôtel à Cuba, fumer des cigares et penser que tout va bien.
Propos recueillis par Patrick Labesse
ALBUM : Le Sang des Roses (Saint George - Sony)
En concert à Paris (L'Européen) du 14 au 18 novembre.