FRANCK POURCEL
Paris, le 16 novembre 2000- A sa manière, il avait inventé la « compil ». Dans les années 60, lorsqu’un ado hésitait entre offrir à sa copine le dernier tube d’Adamo, celui de Françoise Hardy ou de Bécaud, il tranchait bien souvent en achetant un 33t de Franck Pourcel…
Grand comme 20 fois la tour Eiffel !
Paris, le 16 novembre 2000- A sa manière, il avait inventé la « compil ». Dans les années 60, lorsqu’un ado hésitait entre offrir à sa copine le dernier tube d’Adamo, celui de Françoise Hardy ou de Bécaud, il tranchait bien souvent en achetant un 33t de Franck Pourcel…
Car, sur un album de Pourcel, il y avait tout : sans les paroles, certes, puisqu’il s’agissait toujours de versions instrumentales. Mais ce léger inconvénient –dans les années yé-yé ce n’en était pas toujours un- était compensé par une foultitude de violons, et de remarquables arrangements qui apportaient souvent aux morceaux revisités une noblesse que l’original n’avait pas toujours.
Car Franck Pourcel, qui vient de nous quitter, était un musicien, un vrai, un grand. Issu du conservatoire de Marseille, il eut sans doute pu devenir un chef d’orchestre « sérieux ». Mais, tout petit déjà, il ne pouvait s’empêcher de revoir à sa sauce Mozart, Dvorak, Chopin, ou Vivaldi. Ce que Loussier fit avec Bach, en jazz, Pourcel le fit avec Liszt, en musique légère.
Et cela marcha, très fort. Populaire en France jusqu’à la fin des années 70, Franck Pourcel était également l’un des artistes français les plus connus à l’étranger, notamment aux USA et au Japon ; dans ce dernier pays il obtint trois disques d’or, et ce record reste intact à ce jour.
Certains ont aujourd’hui tendance à assimiler les arrangements de Franck Pourcel à l’ «easy listening », cette musique d’ascenseur qui accompagne nos déplacements urbains sans que nous ayions rien demandé. Ce serait ignorer qu’il existe plusieurs types de musique instrumentale, comme il existe mille types de chanson ou de rock. Parions que si la maison de disques de Pourcel édite quelques «compilations» de son artiste –ce serait étonnant que cela n’arrive pas- ils viendront augmenter la pile de CDs vendus par le Marseillais : une pile dont on dit qu’elle ferait déjà vingt fois la hauteur de la tour Eiffel !
Jean-Jacques Dufayet