MASTER H
Londres, le 2 janvier 2001 - Pour débuter l'année, c'est à un espoir de la musique électronique française que l'on va s'intéresser. Master H n'est pas encore connu du grand public mais les choses pourraient changer rapidement. Rencontre.
Sur les traces de Daft Punk
Londres, le 2 janvier 2001 - Pour débuter l'année, c'est à un espoir de la musique électronique française que l'on va s'intéresser. Master H n'est pas encore connu du grand public mais les choses pourraient changer rapidement. Rencontre.
L'Ecosse, berceau de nombreux producteurs comme DJ Q, le duo Slam et Aqua Bassino, est un des viviers musicaux les plus prolifiques sur la scène dance. C'est au milieu des Highlands et plus précisément à Glasgow que le label Soma, né de la collaboration d'Orde Meikle et Stuart McMillan (les deux membres de Slam) a gagné sa réputation de par sa qualité de production, son éclectisme et le support de grands DJs comme Laurent Garnier et Dave Clarke. Après avoir révélé Daft Punk, ils nous font découvrir ce nouvel artiste francais prometteur, Master H.
Hassen Gouaned, 27 ans a fait ses classes à Aix-en-Provence dans le sud de la France. Grâce à ses résidences au club Richelm où son mix incorporait divers styles musicaux (hip hop, rock, disco), il a su se forger un style et s'imposer sur la scène locale. C'est en jouant dans un bar de Saint-Tropez que le propriétaire a été impressionné par sa prestation. Il lui propose alors des résidences dans deux de ses clubs : le Cabaret à Paris et le Chaos à New York. Dès lors, tout s'enchaîne très vite. En 1998, alors que le Chaos organise une soirée lors de la 'Winter Music Conference' (rencontre annuelle en Floride de tous les professionnels de la scène dance internationale), il se fait remarquer par l'équipe du label Soma. Il en résultera deux ans plus tard un maxi (May Flower), un album en préparation et une résidence à Glasgow en plus de celles du Queen à Paris, du Centro Fly à New York et The End à Londres. Rencontre avec 'H' avant sa prestation à The End en décembre dernier.
Pour un DJ, partir d'une ville de province n'est pas le parcours le plus simple. Que penses-tu de la différence entre Paris et le reste du pays, plus particulièrement le sud de la France ?
Il y a une énorme différence, mais en même temps c'est bien comme ça. Je suis content d'aller dans des clubs du sud où les gens ne se prennent pas la tête à être le plus pointu possible. Il n'y a pas d'à priori musical. C'est la détente, c'est vraiment l'esprit de fête et j'espère qu'ils vont le garder et ne pas tomber dans le panneau. C'est d'ailleurs grâce à cet esprit de fête dans mes mix que j'ai été remarqué en arrivant à Paris. Le sud de la France est quelque chose que je ne négligerai jamais.
Tout est parti très vite pour toi avec maintenant des résidences dans les villes les plus importantes sur la scène club internationale. Comment as-tu géré tout ça?
C'est parti sur les chapeaux de roue à partir du moment où je suis arrivé au Cabaret à Paris où, à l'époque, beaucoup de personnalités importantes du milieu de la nuit passaient par là. De plus, la personne avec qui je travaillais à Saint-Tropez est allée s'établir à New York au Chaos en tant que manager et m'a demandé de venir jouer. A partir de là, j'ai eu mes résidences mensuelles à New York et en 1998 la 'Winter Music Conference' et la rencontre avec les garçons de Soma. Tout s'est vraiment enchaîné naturellement avec la réussite derrière.
Ta rencontre avec Soma a été le fruit du hasard mais si tu avais eu le choix, te serais-tu rapproché d'eux ?
Franchement, j'ai une histoire un peu atypique. Je suis DJ, je n'ai pas fait de la musique parce qu'il fallait en faire. Quand j'étais à New York, un ami est venu me voir jouer des platines en me disant qu'avec ma façon de mixer, je pourrais faire quelque chose derrière des machines. C'est là qu'est sorti U gave me love sur le label américain Funk La Planet. Pour Soma, c'est un peu pareil. Après avoir mixé pour le mariage de Stuart McMillan, je suis rentré en studio le lendemain. En une journée, on a sorti alors le Mayflower avec Andie Gillespie, l'ingénieur son de Soma. Donc voilà les choses se sont faites comme ça, je n'avais pas planifié de faire un maxi, puis un album. C'est venu, c'est là, je suis content, j'essaie d'en profiter le maximum. Et Soma est une grande famille. Tous les artistes sont libres mais tous les artistes sont fidèles.
A propos de ton album, comment décrirais-tu le contenu ?
Déjà, le premier maxi, Mayflower sorti en test au mois d'octobre, en fera partie. C'est un mélange de plusieurs choses. Cet album est un peu tout ce que j'ai ingurgité pendant 11 ans de mix. On se met devant des machines. Ce qui en ressort, ce sont toutes mes affinités musicales, le rock, la soul, le funk, la disco. Dernièrement, on était en studio et on a fini un morceau où je voulais faire un mélange de musiques électroniques et de musiques orientales pour marquer mes origines. Cet album est vraiment une représentation de moi-même, je ne pouvais pas laisser ça de côté. Je suis donc allé à Marseille pour faire des prises de son avec des percussionnistes orientaux et je pensais que le résultat du morceau allait être un mélange de rythmes et de vibes. Mais à la fin, on s'est retrouvé avec un morceau electro-funk oriental. L'album est un peu comme ça, ça part de tous les côtés. Il y a aussi des collaborations prévues avec DJ Q pour un morceau appelé HQ, ainsi que Silicone Soul.
Est-ce qu'être Français est un avantage pour se faire un nom ?
Déjà, j'arrive après une vague de Français qui ont cartonné, donc forcement ça aide un peu. Je ne vais pas cracher dans la soupe même si je me mets hors de tout le système 'French touch', qui n'est pas quelque chose qui me touche vraiment. Ce n'est pas une musique qui me fait vibrer et que je joue. Il y a des gens comme les Daft Punk qui font vraiment de la bonne musique, il y en a d'autres qui sont passés derrière ramasser les miettes. Malheureusement il y en a encore d'autres qui continuent. Etre français, ça aide pour le premier contact. Mais y arriver c'est facile, y rester, c'est autre chose !
Propos recueillis par Pascal Médecin
Son album 13 sortira au printemps sur le label Soma
Site officiel de Soma