BRUNO PELLETIER

Québec, le 15 janvier 2001 - Notre-Dame de Paris et son personnage de Gringoire auront été sa rampe de lancement pour conquérir le marché français mais au Québec sa carrière débute bien avant et dans un registre à des années lumières de celui qui fait son succès actuel. Coup de rétro sur une carrière à voix.

Le parcours d'une voix

Québec, le 15 janvier 2001 - Notre-Dame de Paris et son personnage de Gringoire auront été sa rampe de lancement pour conquérir le marché français mais au Québec sa carrière débute bien avant et dans un registre à des années lumières de celui qui fait son succès actuel. Coup de rétro sur une carrière à voix.

Bruno Pelletier voit le jour à Charlebourg en banlieue de Québec et c'est à son père, un crack en informatique qu'il doit ses débuts dans la musique. Bruno a sept ans quand il reçoit en cadeau une batterie qui changera sa vie. Curieux, l'adolescent qu'il est devenu par la suite, explore le théâtre au Cégep (collège québécois entre l'école et les études supérieures, ndlr), gratte de la guitare et s'essaie à la danse mais rien ne le stimule plus que le chant. Après avoir travaillé dans une garderie, ouvert une école de karaté, parcouru la province en collant et coiffure à la Kiss avec différents groupes anglophones à tendance punk (Amanite), il fonde son premier groupe Pëll et confirme son attirance pour le rock francophone et la composition.

Il quitte la capitale nationale à 23 ans pour Montréal et tout va alors très vite. Il participe à sa première comédie musicale, Vu d'en haut, au fameux Festival International des Montgolfières de St-Jean sur Richelieu. Il apparaît dans différentes émissions québécoises à succès et joue dans des publicités. Mais c'est un an plus tard, en 1992 qu'il rencontre celui qui marquera sa carrière. En novembre, il rejoint l'équipe de Luc Plamondon et Michel Berger pour l'opéra rock La légende de Jimmy dans lequel il tient le rôle du teen-ager. Parallèlement, Bruno Pelletier sort son premier album éponyme qui malgré de nombreux succès radio, (Tu pars sera numéro 1) ne dépasse pas les 10.000 exemplaires vendus. En 1994, il endosse le rôle mythique de Johnny Rockfort dans une nouvelle mouture de Starmania qui visitera 50 villes françaises.

Si Bruno Pelletier goûte au succès avec ses rôles dans les comédies musicales du duo Plamondon-Berger, sa carrière solo est loin de suivre le même chemin. Paru en 1995, Défaire l'amour ne convainc ni la critique, ni le public et seulement 30.000 exemplaires trouveront preneur. Il faudra attendre la magie d'un concert à l'été 96 pour les sinistrés du Saguenay (région québécoise noyée par les eaux) au Centre Molson de Montréal pour définitivement renverser la vapeur. Écrite par l'Italien Zucchero et l'Irlandais Bono de U2 pour le ténor Luciano Pavarotti et popularisée par Andrea Bocelli, la chanson Miserere permet à Pelletier de trouver sa voie. La demande est si forte que l'album sorti fin août 97, est l'album le plus sollicité après celui des Backstreet Boys. Cette fois, les ventes sont à la hauteur des attentes : 200.000 copies écoulées, le chanteur aux cheveux longs s'impose et remporte le Félix de l'Interprète Masculin de l'année au Gala de l'Adisq (vote du grand public).

Bruno Pelletier n'a pas le temps de s'arrêter sur le succès de sa prestation de comédien dans la série télé Omerta 2 qui a battu tous les records d'assistance ou sur le triomphe de "Miserere la Tournée", il part pour la France retrouver le reste de la distribution de Notre-Dame de Paris. Dans un pays où il n'existe pas vraiment de tradition de comédie musicale, la nouvelle création de Luc Plamondon est une réussite qui propulse Bruno Pelletier en tête des palmarès et lui permet de rencontrer plusieurs musiciens français avec lesquels il sort l'album D'autres rives (Pomme Music) conçu sur deux continents et enregistré à Paris et Montréal. Ce sont les guitaristes Serge Perathoner et Jannick Top, artisans du succès de Notre-Dame de Paris, qui signent la réalisation de ce nouvel opus auquel ont collaboré Luc Plamondon, Richard Cocciante, Daniel Lavoie, Richard Séguin pour ne citer que ceux-là.

Le nouveau producteur des Productions de Champlain a mis de côté son costume de Gringoire, dit au revoir à Londres où il a joué un temps NDDP et parcourt le Québec et la France dans un spectacle solo où il se montre incroyablement drôle. Très à l'aise sur scène et avec le public, il enchaîne avec bonheur ses plus grands hits : Vivre sa vie, Le temps des Cathédrales, Aime ou Oublier. Mais si son succès a aujourd'hui dépassé les frontières québécoises, il n'en oublie pas pour autant le répertoire d'ici et propose le classique de Georges Dor, La manicouagan, premier extrait de l'album double Bruno Pelletier sur scène à sortir le 6 février prochain. Il profite de ce quatrième album pour faire un clin d'œil à des artistes comme le Français Michel Berger, le Québécois Gino Vanelli avec qui il a partagé la scène pour un concert exceptionnel à Montréal ou l'Anglais Peter Gabriel.

Accompagné par quatre musiciens, une choriste, une violoncelliste et trois violonistes de l'Orchestre métropolitain, il nous fait naviguer sur d'autres rives et personne n'a le mal de mer avec Bruno Pelletier pour capitaine.

La nouvelle année s'annonce d'ores et déjà, un véritable marathon pour l'interprète qui devra plus que jamais Vivre sa vie sur les routes du Québec où il est en tournée jusqu'au 2 avril (Monument National de Montréal), à Londres où il reprendra le rôle de Gringoire dans la version anglaise de Notre-Dame de Paris et sur les routes de France pour y présenter D'autres Rives qui connaît un beau succès outre-Atlantique. "Mon métier est celui de faire passer l'émotion vers les gens. C'est ce que je veux continuer à faire en 2001". Le public sera certainement au rendez-vous.

Pascal Evans

Le double album Bruno Pelletier sur scène sera accompagné d'un CD-Rom avec des images du concert (sortie québécoise le 6 février chez Musicor).