EKOVA
Paris, le 16 janvier 2001 - Depuis sa création, il y a maintenant sept ans, Ekova a repoussé les frontières des musiques du monde en redonnant ses lettres de noblesse au mot métissage. Leur concept : une musique transcontinentale qui vous amène au pays des merveilles. Rencontre spirituelle avec Dierdre Dubois, chanteuse de ce trio américano-algéro-iranien atypique, à l'occasion de la sortie de Space Lullabies, une curiosité électro-ethnique.
Voyage au pays des merveilles
Paris, le 16 janvier 2001 - Depuis sa création, il y a maintenant sept ans, Ekova a repoussé les frontières des musiques du monde en redonnant ses lettres de noblesse au mot métissage. Leur concept : une musique transcontinentale qui vous amène au pays des merveilles. Rencontre spirituelle avec Dierdre Dubois, chanteuse de ce trio américano-algéro-iranien atypique, à l'occasion de la sortie de Space Lullabies, une curiosité électro-ethnique.
Votre dernier album confirme qu'Ekova est un groupe inclassable qui invente une world que l'on peut assimiler à un conte de fée. Etes-vous des musiciens ou des magiciens ?
Je pense que tous les trois on joue un rôle de fée, de réceptacle de magie. Avec la musique, on est dans un état, presque second, d'expérimentation spirituelle. Pour ma part, j'ai grandi avec une mère très mélomane, qui écoutait beaucoup de musiques traditionnelles venues du monde entier. Quand on entend toutes ces sonorités, on se rend compte qu'elles sont imprégnées de mythologie, d'histoires de la forêt, des esprits de la terre, etc…Toutes ces références déteignent sur moi. Et la démarche d'Ekova, consiste justement à s'inspirer de toute cette beauté.
Avec votre voix enchanteresse, vous chantez dans une langue hybride. S'agit-il de poésie lyrique ?
On essaie d'apporter une ouverture totale envers le monde, nos histoires n'ont pas de frontières, elles se promènent dans des paysages imaginaires. Ce qui fait qu'on entend des choses, qu'on devine des images mais on ne sait pas ce que l'on écoute vraiment. Et ce climat curieux titille l'imaginaire de chacun. C'est un voyage intérieur que l'on propose. L'important dans tout genre de création, c'est l'harmonie qui enveloppe aussi bien le corps que l'esprit. J'en reviens à cette notion d'état dans lequel on se trouve, ce que l'on ressent et qu'on essaie de faire partager. C'est pour cela qu'il est difficile de mettre des mots derrière cette poésie abstraite…
Plus concrètement, dans votre musique, il y a des couleurs d'Orient et des parfums d'Afrique sur fond de groove électronique. Comment fonctionne ce choc des cultures ?
L'histoire d'Ekova a commencé par la rencontre d'instruments acoustiques. L'apport des machines est venu après. Il nous semblait naturel d'utiliser ces outils car ils font aussi partie de notre culture actuelle. Pour en revenir aux instruments classiques, il y a quelque chose, là encore, de merveilleux, d'incroyable parce que ces instruments, on les tient contre nous. Le fait de sentir cette résonance, c'est magique. Je joue du violoncelle, comme une basse acoustique. Les vibrations et la chaleur qu'il dégage sont pratiquement charnels ! Tout comme ma voix qui vibre au fond de moi. Arach Khalatbari, le percussionniste, éprouve les mêmes sensations. Idem pour Mehdi Haddab et son luth arabe. Il y a une alchimie presque sacrée entre l'homme et l'instrument. Quand je joue, je me sens habitée par des forces extérieures que je ne contrôle pas. J'éprouve la même chose avec le public, il y a ce pouvoir d'émancipation de l'esprit que ce soit dans la joie avec des rythmiques élevées ou dans la mélancolie avec quelque chose de plus sombre.
Vous êtes Américaine, vos deux complices sont respectivement iranien et algérien, et vous vous êtes croisés à Paris. Est-ce que, d'après vous, la capitale française est toujours une terre fertile pour les échanges artistiques ?
Je trouve que Paris est une ville extraordinaire. C'est vrai que chaque culture a son histoire mais la force de cette capitale, c'est que l'on peut voir des cultures vivantes parfois très anciennes exister ensemble et se mélanger. La notion de partage est belle. Dans notre cas, c'est vrai que si Paris n'était pas là, Ekova n'aurait peut-être pas vu le jour.
Vous êtes en tournée européenne en ce moment, préférez-vous l'ambiance live ou au contraire, l'atmosphère feutrée des studios pour concocter votre potion ?
Vous savez le plus difficile pour nous, c'est d'enregistrer. On est très exigeant avec nous-même, on a toujours envie de faire mieux, donc la phase de studio pour accoucher d'un album, est souvent très longue. Il y a des centaines d'étapes, d'écoutes, d'idées, sans parler de la perfection technique. Les concerts c'est autre chose puisque c'est éphémère. Comme tout artiste, nous devons générer un bien-être et un climat serein pour le public C'est un exercice plus spontané car il faut à la fois une grande concentration et un certain laisser-aller pour atteindre le plaisir partagé.
Quel est le public d'Ekova, des branchés new age ou des post baba cool ?
Cela fait sept ans maintenant que l'on se produit un peu partout dans le monde et on se rend compte il n'y a pas un public type, il n'y a pas de tranche d'âge, non plus. Quand on est en phase avec l'auditoire, on arrive à capter l'attention. En fait, on touche tout le monde car l'évasion et le rêve appartiennent à tout le monde…
Propos recueillis par Daniel Lieuze
Ekova Space Lullabies (Globe music/Sony)
Site internet du groupe Ekova
Tournée : 26 janvier au Havre, 2 février à Bourg-en-Bresse, 3 février à St Germain, 8 février à Bordeaux, 9 février à Montpellier, 10 février à Grasse, 17 février à Amiens, 23 février à Limoges.