PETRU GUELFUCCI
Québec, le 12 février 2001 - C'est Senza cuntà (sans compter) et les yeux fermés que plus de 800 personnes sont venues le 4 février dernier à la salle Albert-Rousseau à Québec écouter les nouvelles chansons que le Corse Petru Guelfucci venait leur présenter en live faute de pouvoir les leur offrir sur disque, ce dernier étant présentement bloqué par un différent avec EMI France. Homme de la terre, le nouveau propriétaire de soixante cochons a eu droit à un accueil triomphal.
Quand la Corse rencontre le Québec
Québec, le 12 février 2001 - C'est Senza cuntà (sans compter) et les yeux fermés que plus de 800 personnes sont venues le 4 février dernier à la salle Albert-Rousseau à Québec écouter les nouvelles chansons que le Corse Petru Guelfucci venait leur présenter en live faute de pouvoir les leur offrir sur disque, ce dernier étant présentement bloqué par un différent avec EMI France. Homme de la terre, le nouveau propriétaire de soixante cochons a eu droit à un accueil triomphal.
C'est dans l'église St-James de Montréal qu'en juillet 1993 le public québécois découvre Petru Guelfucci dont la chanson Corsica hante les radios depuis quelques mois. Avec 60.000 copies vendues dans tout le pays, la 14ème édition du fameux Festival de Jazz de Montréal frappe fort en présentant pendant quatre soirs le chanteur corse dont tout le monde parle y compris la presse anglophone. The Gazette titre, «Festival star is born». Une série d'événements majeurs pour un artiste qui ne chante dans aucune des deux langues officielles.
Signe que le Québec est en amour avec ce natif de Sermano, en Haute-Corse, l'humoriste-imitatrice Claudine Mercier le pastiche dans son premier «one-woman show». L'agriculteur-apiculteur et chanteur fait désormais partie de la famille qui reconnaît en lui un compagnon de route dans l'affirmation pacifiste d'une identité distincte. Mais son engagement politique n'explique pas à lui seul son phénoménal succès chez nous si loin de son île méditerranéenne.
Adepte dès son plus jeune âge de la paghjella, chant a cappella et sacré qui a survécu aux Carthaginois, Lombards, Romains et Français en passant par les Maures et les Génois, Petru séduit avant tout par ses grandes qualités vocales. Une voix que le public de Québec a redécouvert intacte à travers un répertoire jusque-là inconnu et une musique plus ouverte sur le monde mais toujours profondément emprunte de cette nature corse dans laquelle il puise inlassablement.
Vita n'est définitivement pas l'album d'une chanson comme l'a été Corsica mais celui plus intimiste d'un être authentique qui pour la première fois, se raconte sur une musique plus acoustique, avec de vraies cordes. Sur scène, entouré de quatre musiciens et deux choristes, immobile et en noir il nous confie sa peine dans une chanson sur un ami disparu dans un accident d'auto ou sur l'amour qu'il a perdu. Son divorce, la mort de son père, la situation corse toujours incertaine, tout dans cet album témoigne d'une volonté de se dévoiler d'avantage et de ne plus exister qu'exclusivement par la tradition et son pays. Le show est aussi personnel que cet album "invisible" peut l'être et qu'importe qu'il reste planté dans le plancher comme un arbre de sa corse natal, le public a de toute façon plus souvent les yeux fermés qu'ouverts.
Témoin de cette ouverture vers d'autres expressions musicales, Petru Guelfucci chante en seconde partie Margherita de Richard Cocciante, une magnifique version corse de Ne me quitte pas immortalisée par Brel. Mais là où la surprise est totale, pour une partie de la salle du moins, c'est quand il interprète le Petit bonheur du mythique Félix Leclerc ou la Chanson du siècle au Québec, celle de Raymond Lévesque, Quand les hommes vivront d'amour, qu'il interprétait déjà devant des spectateurs médusés au Pigeonnier de Québec en 1993. Son fils Petru-Santu Guelfucci, choriste et auteur, finira de nous combler avec une reprise du classique de Beau Dommage, la Complainte du phoque en Alaska.
Sa longue absence, ses démêlés avec EMI, et précédemment avec BMG (problèmes autour de ses droits d'auteur), angoissaient Petru Guelfucci qui ne savait pas très bien à quoi s'attendre en posant le pied dans ce pays. Mais, disque ou pas, promo ou non, ses concerts ont démontré que le pouvoir des majors est somme toute, bien limité devant un tel public fidèle, en particulier quand il est québécois.
Pascal Evans
Vita (EMI, 1999)
Prochaine dates au Québec :
Montréal le 14, 16 et 17 février à 20h00
Salle Gesu, 1202 rue de Bleury.
Laval le 8 février à 20h00
Salle André-Mathieu (Cégep Montmorency)
475, boulevard de l'avenir.