CHARLES DUMONT
Paris, le 27 février 2001- Jusqu’au 3 mars, le Théâtre de Dix Heures, à deux pas de la place Pigalle à Paris, présente le nouveau récital de Charles Dumont. A soixante-douze ans, le compositeur de Non je ne regrette rien continue à chanter, encore et toujours, l’amour et les femmes.
Monument parisien
Paris, le 27 février 2001- Jusqu’au 3 mars, le Théâtre de Dix Heures, à deux pas de la place Pigalle à Paris, présente le nouveau récital de Charles Dumont. A soixante-douze ans, le compositeur de Non je ne regrette rien continue à chanter, encore et toujours, l’amour et les femmes.
Charles Dumont compte parmi les légendes de la chanson française classique. Pas seulement parce qu’il a écrit quelques-unes des plus belles chansons d’Edith Piaf, Non je ne regrette rien, Mon Dieu, Les Amants ou Les Flon-flons du bal, mais aussi parce qu’il a toujours pratiqué la même méthode mélodique. Mouvements à trois temps en la mineur, valses lentes ou petites javas douces, qui toujours, toujours, toujours disent et répètent son amour des femmes. Car ce sont elles la grande aventure de Charles Dumont, amoureux inlassable qui n’aime pas se confire dans la douceur du sentiment mais laisse fermement bramer le vent de la passion. “Je suis toujours ce que chante/Et je chante ce que je suis”, proclame-t-il dans L’Enfance chevillée au cœur: profession de foi et aveu qui éclaire tout son récital.
En effet, il est au centre de son monde: victime de l’amour plus souvent que triomphateur, il exhibe ses cicatrices avec une fierté radieuse. Veste de velours, chemise immaculée, sans cravate, il chante ses grandes gloires et ses chansons préférées, Femmes aux milles visages, Ta cigarette après l’amour, Toi la femme mariée, Les Chansons d’amour, Pour une femme. Partout, toujours, les dégats de l’amour et l’impossibilité de vivre sans amour, la cruauté des femmes et leurs merveilleux sortilèges. Cela donne des introductions arpégées au piano, de larges notes tenues à la fin de ses chansons, une manière d’appuyer de la voix chaque émotion, une certaine grandiloquence çà et là. Mais les chansons de Dumont appellent souvent cette inflation du geste et de la voix, valses faubouriennes dont les refrains savent être tenaces. La parenté avec les mélodies et les manières de chanteur de Julien Clerc, avec les compositions de Gianni Esposito ou avec le Jacques Brel de Ne me quitte pas, ce sont une exaltation du sentiment, une propension au vertige qui émeuvent facilement. Alors, on visite Dumont comme on va voir le Sacré Cœur ou les bords de Marne: c’est une des légendes d’un Paris déjà ancien mais toujours nécessaire à la gloire et à la vie de la ville.
Il chante assis au piano, accompagné par un synthétiseur qui fait l’accordéon, les cordes, l’orchestre - ce qui n’est pas toujours très joli. On regrette aussi l’intervention posthume et un peu gênante de la voix d’Edith Piaf pour introduire et chanter en duo avec lui quelques vers des Flon-flons du bal. Petits fautes de goût au regard des normes actuelles, mais en cohérence avec une esthétique dont il compte parmi les maîtres. Et on ne reproche pas sa couleur à la Tour Eiffel.
Bertrand DICALE