Après le MASA

Abidjan, le 13 mars 2001 - Le dernier jour du Masa, cela faisait plaisir de voir la foule de Treichville envahir (enfin ?) la grandiose esplanade du Palais de la Culture, les maquis, et les allées. La dimension populaire de la manifestation était au rendez-vous. On en avait d’ailleurs eu un avant-goût dès le jeudi soir, lors du concert de l’enfant du pays, Ismaël Isaac.

Bilan avant le bilan...

Abidjan, le 13 mars 2001 - Le dernier jour du Masa, cela faisait plaisir de voir la foule de Treichville envahir (enfin ?) la grandiose esplanade du Palais de la Culture, les maquis, et les allées. La dimension populaire de la manifestation était au rendez-vous. On en avait d’ailleurs eu un avant-goût dès le jeudi soir, lors du concert de l’enfant du pays, Ismaël Isaac.



De là à dire que le Masa s’ivoirisait à l’excès, c’est un pas que certains crurent devoir franchir, mais nous ne souscrivons pas à cette critique. Le Masa est certes un événement pan-africain, mais puisqu’il a été décidé qu’il aurait toujours lieu à Abidjan – et c’est éventuellement cela qu’on peut contester – il est essentiel que la population locale se sente concernée. Avec les seuls Magic System (le premier Gaou) et Isaac sur la grande scène, pour toute une semaine, nul ne peut accuser la Côte d’Ivoire d’avoir trop tiré la couverture à soi ; la musique ivoirienne était à sa juste place.

Pour le reste, le bilan musical de ce Masa est mitigé. Contrairement au Midem, qui vous abreuve de chiffres, le Masa en est avare. Difficile de savoir combien de spectacles ont été achetés, et par qui. Ici on parle de 30, là de 7O. Les festivals prescripteurs les plus cités sont Nantes et Angoulème, pour la France. Les artistes les plus sollicités seraient Macase (Cameroun), Lagbaja (Nigeria), Penc (Sénégal), Oumou Soumaré (Mali). Mais beaucoup d’autre groupes, plus traditionnels, auraient trouvé des engagements sur des festivals du sud, comme Zanzibar, Brazzaville, Yaoundé.

 Les quelques festivaliers rencontrés qui avaient assisté à tous les Masa, évoquaient avec nostalgie les deux premières éditions, plus riches d’après eux en vraies découvertes. Que le Masa fasse une crise de croissance, c’est après tout bien normal, et nulle manifestation de ce genre n’y échappe, après quelques années. On se souvient des baisses de régime du Printemps de Bourges ou des Francofolies de La Rochelle ; on sait que les Midem sont inégaux. Parions que d’ici deux ans le Masa aura su rebondir. Car l’Afrique a besoin d’un tel salon. Reste à savoir si la double dimension, marché et festival, n’est pas un peu lourde à gérer ; de même que la triple étiquette (musique, théâtre, danse) est peut-être une source de confusion pour des « acheteurs » qui, par principe, n’aiment pas trop le mélange des genres.

Jean-Jacques Dufayet
Photos : Pierre René-Worms