Daft Punk et le Japon

En Juillet 2000, deux jeunes Français du nom de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Honem-Christo s’envolent pour Tokyo. Ils s’y rendent le coeur gonflé d’émotion et la tête pleine d’images de mangas. Ils viennent voir un maître en la matière, créateur, entre autres de Albator : le mangas-man Reiji Matsumoto. De cette rencontre va naître l’idée de Discovery, « un projet en parfait accord avec le début de ce nouveau siècle », paraît-il.

Au pays des mangas

En Juillet 2000, deux jeunes Français du nom de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Honem-Christo s’envolent pour Tokyo. Ils s’y rendent le coeur gonflé d’émotion et la tête pleine d’images de mangas. Ils viennent voir un maître en la matière, créateur, entre autres de Albator : le mangas-man Reiji Matsumoto. De cette rencontre va naître l’idée de Discovery, « un projet en parfait accord avec le début de ce nouveau siècle », paraît-il.

En Mars 2001, Discovery n’est plus un projet mais le nom d’un album méga futuriste présenté par le duo Daft Punk, un album où renaît l’histoire de la musique nous annonce le dossier de presse qui précède la sortie au Japon du nouvel opus des Daft Punk le 10 de ce mois.
Le jour J à 18 heures, je me rends à la station de radio où je travaille, impatient et excité à l’idée de ce qui m’attends. Je trouve comme prévu une enveloppe à mon attention et je l’ouvre.
Un boîtier en carton dont le design a été donc confié à monsieur Reiji Matsumoto (ainsi que celui de la vidéo de One More Time). Sur fond de galaxie étoilée, quatre personnages à la peau bleue - mais qui n’ont rien de commun avec les Schtroumpfs. Des grands cils, des cheveux blonds tenus par un cerceau avec un diamant en son centre, une taille "slim-fast", et chacun une pose différente. Un petit garçon le doigt en l’air (c’est pas le majeur rassurez-vous), derrière lequel se trouve son grand frère, guère plus âgé, qui nous fait signe du pouce droit que ça va être un bon album ; un deuxième grand frère (tiens ! il a les cheveux crépus et noirs celui-là) qui se tient la barbichette ; et enfin une demoiselle, bras ballants et regard droit, sur la poitrine de laquelle est inscrit en syllabaire japonais katakana « Daft Punk Discovery ».

Méfiez-vous si vous ne lisez pas le japonais ! Il ne s’agit pas d’une BD mais bel et bien d’un album de musique. Au dos de ce boîtier en carton – procédé déjà utilisé notamment par Dimitri From Paris pour son album « Sacrebleu »– un dessin de ville futuriste, bleue et mauve, avec des tours, des dômes, deux lunes et des petites lumières scintillantes. Sur ce fond Manga, les 14 titres de l’album, toujours en syllabaire katakana ; et une photo sur laquelle monsieur Matsumoto se tient debout derrière les Daft Punk assis, casqués et gantés comme des robots. C’est très joli, d’accord ! Mais c’est pas pratique …
Bref, j’essaie de glisser mes (gros) doigts dans l’ouverture prévue à cet effet, sur le côté droit du boitier, pour en sortir le précieux album. Surprise ! Un design sobre, “Daft Punk ” inscrit à la main sur fond noir. C’est presque le même que celui de leur premier album, en tout cas c’est celui de l’édition parue en France.
Tiens ! Il y a encore quelque chose dans le fond du carton : des petits auto-collants et… une carte ? Avec un “member personal access code ». Chouette, un CD personnalisé, c’est sympa !… Ah non. C’est pour devenir membre du Daft Club, c’est pas réservé qu’à toi, c’est de la PRO-MO-TION ! Aaaaaaaaaah !!!!!! Alors, bravo pour le coup de pub ! Et le papier blanc qu’on trouve plié en quatre dans la jaquette, avec des petits dessins d’ordinateurs, c’est monsieur Matsumoto qui les a faits aussi ? Non. C’est la traduction en japonais de "Comment devenir membre du Daft Club? " Et toujours sur le même papier, l’encadré là…

Un message des Daft Punk themselves à l’attention de leurs fans japonais : "Amis Japonais, bonjour ! Sachez avant tout que nous avons apprécié plusieurs fois de venir au Japon à l’occasion de l’élaboration de Discovery. Avec le légendaire Reiji Matsumoto [l’orthographe originale du prénom du Monsieur en caractères romains commence par un “L”, erreur de transcription] que beaucoup d’entre vous connaissent, nous avons réalisé un vidéo-clip de notre musique. Nous sommes depuis notre enfance deux de ses plus grands admirateurs et nous avons concrétisé là un rêve de gosses. A cette époque, la télévision française diffusait de nombreux dessins animés qui venaient du Japon ; et il était impossible de quitter le regard de programmes comme Albator, entre autres. Nous en avons été fortement influencés, nous avons toujours voulus un jour ou l’autre réaliser nous mêmes des dessins animés et pouvoir travailler avec ce super héros [Monsieur Matsumoto).
Discovery est vraiment un projet qui nous tenait à coeur et, pour sa réalisation, le Japon a été un peu comme notre deuxième patrie. La musique et le visuel ont pour nous la même importance et nous sommes très excités de pouvoir offrir au monde entier Discovery pour lequel la France et le Japon ont travaillé la main dans la main. Nous pensons montrer là que l’art est capable de surmonter tous les murs qui séparent les pays, les générations, les langues, les cultures.
Nous serions très heureux si ce message passait au travers de cet album et de la vidéo réalisée en coopération avec Reiji Matsumoto. Vous avez aussi un tas de surprises et de choses à découvrir sur le Daft Club, alors n’hésitez pas à y accéder. Enfin nous tenons à vous remercier pour votre soutien de toujours et nous espérons pouvoir vous rencontrer un jour ou l’autre".
Signé Daft Punk

Le Japon est le deuxième marché discographique du monde, après les USA. Malins, les Daft Punk !

Cyril Coppini