FESTIVALINTERNATIONAL DE LAFAYETTE

Lafayette, le 28 avril 2001 - Comme tous les ans à la même période, la ville de Lafayette en Louisiane au sud des Etats-Unis est le lieu d’un grand rassemblement de musiciens francophones. Ils arrivent du continent africain, des Antilles françaises, d’Europe. Entre le 26 et le 29, ils se relaient sur les quatre scènes devant un public nombreux et toujours curieux.

Ambiance festive autour de la musique francophone

Lafayette, le 28 avril 2001 - Comme tous les ans à la même période, la ville de Lafayette en Louisiane au sud des Etats-Unis est le lieu d’un grand rassemblement de musiciens francophones. Ils arrivent du continent africain, des Antilles françaises, d’Europe. Entre le 26 et le 29, ils se relaient sur les quatre scènes devant un public nombreux et toujours curieux.

Les familles sont de sortie et les bikers aussi. Ce festival est gratuit et rassemble le plus grand nombre. Devant les stands où on vend boissons et sandwichs, on se retrouve entre deux concerts. Les Harley Davidson sont alignées devant l'entrée des bars, les chromes rutilants. Nous sommes bien aux Etats-Unis. Pourtant, on croise facilement quelques personnes parlant le français, qu’elles soient québécoises, européennes, africaines ou louisianaises évidemment. Rappelons que nous sommes en plein pays cajun, dernier bastion de la langue de Molière dans ce pays.

La programmation du festival est tellement éclectique que l’on ne sait où donner de la tête et des oreilles. On est tenté d’aller voir le Louisianais Geno Delafosse et ses French Rockin’ boogie car on sait que là où le zydeco (version noire de la musique cajun) se joue, l’ambiance est chaude.

Bien sûr, il faut aussi se rendre devant la scène Vermillion sur laquelle le groupe sénégalais Touré Kunda se produit. Les deux frères Touré tout de blanc vêtus, font partie des vétérans de la musique world. Ils sont rôdés et le public accroche très vite. Leur danseuse choriste y est sans doute pour quelque chose car à chaque numéro, elle électrifie un peu plus l’atmosphère. Le dernier morceau est un de leurs classiques Emma et l’assistance reprend en cœur le refrain.

Le lendemain, alors que la chaleur est un peu plus forte on retrouve le groupe Lojo, collectif français aux origines très diverses. Avec les deux chanteuses, on se prend parfois à penser aux voix féminines d’Europe de l’Est. Ce passage à Lafayette est une incursion aux Etats-Unis avant une tournée de 14 dates avec le festival Vive la World qui aura lieu en juillet.

Les Yeux Noirs

Mais la bonne surprise de la journée vient des Yeux Noirs. C’est sur la scène Lafayette que se produisent les sept musiciens du groupe. Parmi eux, il y a Eric Slabiak le violoniste et son frère Olivier, d’origine russe, polonaise et juive. Constantin Mitsika l’accordéoniste, est roumain. Chantés en tsigane, russe et yiddish, les textes sont autant d’évocation du voyage, de l’errance mais aussi de la fête et de la danse. Le dernier album qui date de l’an dernier s’appelle Balamouk. Après la «performance» comme on dit ici, les Lousianais se précipitent pour l’acheter à la boutique du festival.

Comme le dit Eric, rencontré un peu plus tard : «nous nous sommes posés des questions avant de venir ici. Comment une musique comme celle que l’on joue va t’elle être perçue là-bas (aux Etats-Unis, ndlr). Car c’est la première fois que nous jouons dans ce pays. Les Français connaissent la musique d’Europe de l’Est, mais qu’en est il des Américains ?». Question légitime s’il en est car en effet, peu de personnes savaient avant le début du concert, ce qu’elles allaient entendre. En réalité, les Yeux Noirs ont fait un tabac ! ! Eric tente une explication : «Les textes sont relativement simples, il n’y a pas de barrière linguistique. En plus, la musique parle d’elle-même et fait largement passer les sentiments, nostalgiques ou festifs, mieux que les mots eux-mêmes.» Tout ceci est d’autant plus encourageant que le groupe vient de signer avec un tourneur américain, celui de Paris Combo.

La soirée est loin d’être terminée. La dégustation d’une bonne assiette de « Crawfish Etouffee », un plat local épicé à base d’écrevisses, nous permettra de faire une pause avant de repartir pour d’autres découvertes.

Valérie Passelègue