FESTIVAL DE RIS-ORANGIS

A vos binious, l’été trad’ est là

Ris-Orangis, le 22 mai 2001 - La 26e édition du Festival des Musiques et Danses du Monde de Ris-Orangis ouvrait la saison estivale des musiques traditionnelles. Belle longévité pour ce festival d’un jour, dont la programmation décidée par un collectif de réseaux d’animation culturelle, essaie d’aller au-delà des modes et de la world-soupe.

A Ris, point de stars, néanmoins quelques têtes font l’affiche. Par exemple les tambourinaires ivoiriens de Yelemba (grande pêche et feu au chapiteau), les musiciens klezmers de l’Orient Express Moving Schnorers (même lieu, même flamme, mais une heure plus tard) ou les Bretons de Skolvan (quoiqu’un peu tristounets sous la tente du cabaret). Voire les Sibériens de Yat-Kha qui jouent les noces du chant diphonique traditionnel et du couple batterie-guitare électrique (s’est-on assez interrogé avant de les programmer ?). On y ajoutera, allez, le trio de percussions Chemirani (père et fils)-Carlo Rizzo (son tambourin magique) qui fait de plus en plus parler de lui, à juste raison.

Le peloton des ensembles moins connus apporte aussi de bonnes surprises. Sarocchi rompt avec l’image classique des polyphonies corses invariablement servies par une poignée de chevaliers à la triste figure et tout de noir vêtus. De cette beauté doloriste, Sarocchi a gardé le noir et quelques chants, mais il propose surtout un répertoire joué au violon, au cistre et aux percussions : lamentations, tarentelles et suites de pièces à danser. Accessoirement, le spectateur découvre des musiciens corses capables de rire et s’esclaffer sur scène : nous voilà rassurés. Pour leur part, les Manufactures Verbales de Gascogne s’essaient à de subtils jeux vocaux, hélas desservis par l’environnement sonore. Ces «ouvriers-chanteurs» polyglottes parviennent à mêler les registres de la tradition, du classique et du contemporain, tout cela sous l’apparence trompeuse d’une joyeuse pagaïe scénique.

Mais c’est sur le parquet de danse que bat le cœur de cette journée. Les premiers couples s’y rassemblent dès la mi-journée et les vrais enragés de la scottish ou de la polka ne quitteront les planches qu’à la dernière note de musique. En ouverture, bal auvergnat ; le parquet reste clairsemé, mais c’est qu’il est encore tôt. L’affluence s’accroît à l’arrivée des Québécois de Rivière du Loup, mélodéon, guitare et harmonica, assistés du «calleur» qui dispense ses indications rythmées aux danseurs : « Tournez main gauche… puis demi-tour main droite… face à votre cavalière et swinguez-la !». Puis, retour en Europe avec le sextuor Tapage (Berry, Bourbonnais), vièle et bourrées deux temps ; ou le Trio Valla (hautbois rustique-accordéon chromatique), dont on n’oubliera pas les gigues. La soirée s’achève avec l’inévitable bal breton : triomphe des danses en chaînes (an-dro, gavottes, ronds…), conduites par le couple biniou-bombarde puis en clôture par Skolvan.

Bien sûr, «Ris» n’est pas que cela. Fête populaire et familiale oblige, la pelouse étale ses chapelets de baraques à frites, stands associatifs ou professionnels (accordéons diatoniques à vendre) et animations en tous genres. Interactifs, les xylophones et angklungs géants (percussions de bambou, ndlr) de Robert Hébrard, laissés au jeu de tous. Utile, l’atelier où l’amateur apprend à confectionner son hautbois avec une paille et un gobelet récupérés au fast-food le plus proche. Pour continuer le bal à la maison.

Jérôme Samuel

Trois sites sur les musiques et danses traditionnelles de France :
- le Centre d’Information sur les Musiques Traditionnelles, auquel on accède via le site du centre d’Information et de Ressources pour les Musiques Actuelles : irma.asso.fr;
- la Fédération des Associations de Musiques et Danses Traditionnelles : famdt.com
- le bimestriel Trad Magazine : tradmagazine.com