GUESCH PATTI REVIENT

Paris, le 30 mai 2001 - Enfin ! Les dernières nouvelles de Guesch Patti. La reine d'un genre rock-sexy qui fit florès à la fin des années 80 avait un tantinet disparu de la scène et des platines. Et la voici qui revient sur un terrain où on ne l'attendait guère en présentant un spectacle de danse contemporaine inspirée, entre autres, des chansons de son nouvel album Dernières nouvelles.

Sur la pointe des ballerines

Paris, le 30 mai 2001 - Enfin ! Les dernières nouvelles de Guesch Patti. La reine d'un genre rock-sexy qui fit florès à la fin des années 80 avait un tantinet disparu de la scène et des platines. Et la voici qui revient sur un terrain où on ne l'attendait guère en présentant un spectacle de danse contemporaine inspirée, entre autres, des chansons de son nouvel album Dernières nouvelles.

Ambiance feutrée au Théâtre de la Ville de Paris fin avril, chuchotis chuchotas… Tous attendent la levée du rideau… et l’arrivée de la ballerine. Celle-ci apparaît enfin à droite de la scène. Assise sur une chaise, elle égraine comme une folle un texte à peine compréhensible sur fond de bruits de talons aiguilles, avant de bondir et d’esquisser quelques pas de danse.

C’est ainsi que commence le concert ou plus exactement le nouveau spectacle de Guesch Patti. Si beaucoup l’ont laissée à son premier tube Etienne en 1987 ou à son dernier album Blonde en 96, la brune Guesch Patti est retournée, elle, a ses premières amours : la danse. Ancien petit rat de l’Opéra de Paris, ex-prima ballerina à la Scala de Milan ou encore danseuse pour Carolyn Carlson et Maurice Béjart, Guesch Patti met ses chaussons là où, incontestablement, on ne l’attendait pas. «C’est vrai que se remettre à la danse après vingt ans n’est pas une chose facile» explique t-elle. «Le corps se souvient et souffre. J’ai dû faire très attention lors des répétitions pour aller plus loin, sans aller trop loin.»

De fait, «Elle sourit aux larmes», création co-signée par cinq amis chorégraphes (Odile Dubosc, Daniel Larrieu, Dominique Mercy, Pascale Houbin et Odile Azagury), n’est pas une performance hors du commun, mais un intéressant moment de confidence physique où l’énergique Guesch met en pas et en solo ses souffrances, ses douleurs et aussi, certaines mélodies de son nouvel album Dernières Nouvelles. «C’est très curieux» constate t-elle, «Tout cela s’est un peu construit comme un puzzle en commençant par un solo de Daniel Larieux, on a enchaîné par un album, puis un moyen-métrage en rapport avec l’album puis une chorégraphie… C’était très interactif.»

Interactif et surtout inattendu mais la chanteuse-danseuse ne veut pas s’en laisser compter sur le thème des genres, des familles et des disciplines. «Il est toujours difficile de se résumer ou tout du moins, de recentrer une activité créatrice au travers du souvenir d’un succès comme la chanson Etienne. C’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Il est tout aussi surprenant de découvrir qu’une artiste peut être multiple, surtout dans notre pays. Je le vois bien, les gens qui sont multiples ou généralistes sont très mal vus ou perçus. On est considéré comme moins intelligent ou compétent qu’un spécialiste, ce qui est complètement stupide. On peut être curieux, ouvert au monde et ne pas pour autant « survoler » les sujets qui nous intéressent. Ce qui est gonflant, c’est d’être un petit peu reléguée parce qu’on n’est pas là où on vous attend, on ne se formate pas à ce qu’attendent certains.»

Plus enthousiaste qu’excédée, cela n’empêche pas Guesch Patti d’avoir sorti son nouvel album dont certaines mélodies servent de support à son spectacle de danse. Dernières nouvelles - à l’image de sa pochette anthracite - est un album sombre et profond. La voix si poignante de Guesch Patti y est intacte d’émotion que ce soit sur les paroles de Jean Fauque Metempsycose que sur ses propres textes (Tu tires). Chansons intimistes ou solid rock, paradoxalement Guesch Patti signe là, sans grand battage médiatique et dans la « confusion » d’une activité multiple, son meilleur album depuis longtemps. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir une artiste protéiforme et toujours aussi séduisante.

Frédéric Garat

Dernières Nouvelles ( XIII bis Records)