SONAR AN VIII

Barcelone, le 19 juin 2001 - La 8ème édition du festival Sonar s’est achevée le 17 juin dans la cité espagnole, Barcelone. Ce rendez-vous de toutes les musiques électroniques à force de s’agrandir est en train de perdre son âme, même s’il reste toujours des artistes à découvrir. Carnet de route.

Où va la manifestation électro ?

Barcelone, le 19 juin 2001 - La 8ème édition du festival Sonar s’est achevée le 17 juin dans la cité espagnole, Barcelone. Ce rendez-vous de toutes les musiques électroniques à force de s’agrandir est en train de perdre son âme, même s’il reste toujours des artistes à découvrir. Carnet de route.

14 juin 2001 - Le festival se déroule en deux temps : l’après-midi les concerts et les sets de DJs se déroulent en plein cœur de la capitale catalane, à deux pas des fameuses Ramblas. Quatre lieux complètement différents qui proposent quatre ambiances complémentaires.

Tout d’abord le Musée d’art contemporain de Barcelone, dans la grande cour, en plein air et en plein soleil. Allongé sur une fausse pelouse verte c’est ici que l’on a pu découvrir el Collectivo Nortec de Tijuana. L’idée du collectif de producteurs mexicains est de réunir depuis 1999 les différents acteurs de la scène électronique tijuanaise. Leur pari est de mixer rythmes électroniques et sonorités mexicaines, percussions, trompettes et accordéons sans que l’un n’écrase l’autre. Pari gagné. Une fois de plus c’est du côté des nouvelles scènes électroniques, Amérique du Sud et Europe de l’Est que l’avenir de cette musique se développe.

L’autre scène à quelques pas du Sonarvillage, c’est le SonarLab. Sous une tente remplie de transats, les patrons ou artistes de labels mixent uniquement leurs propres productions permettant ainsi de découvrir en une heure toute la production de ce label. La bonne surprise de cette première journée a permis aux Barcelonais de découvrir le label new-yorkais Statra sur lequel on retrouve l’un des meilleurs artistes français Jeff Sharel (photo). Ce musicien-là est certainement celui qui prend le plus de risques : fou amoureux de l’Afrique il joue régulièrement avec Frédéric Galliano sur le projet Afro-house Frikyiwa, tourne avec le jazzman Julien Loureau et se produit de temps en temps avec l’ancien batteur de Fela, Tony Allen. Qui dit mieux ? Personnage discret et à mille lieux du microcosme house parisien, Jeff Sharel n’a pas de chance en démarrant son set, la platine le lâchant. Il sait se rattraper grâce à un mix afro, jazz et house. Respect.

Le troisième lieu s’appelle le Hall CCCB, c’est en fait la partie underground et expérimentale du Sonar qui se trouve en dessous du Sonar village. Je vous avoue qu’il faut beaucoup de courage pour passer des heures dans cette salle en sous-sol pour découvrir les plus fondus de l’électro. Pas de problèmes de remplissage pourtant, les aficionados, ce n’est pas ce qui manque à Barcelone.

Quant à la dernière scène du Sonar, le SonarMacba, je n'ai jamais pu y mettre les pieds : il fallait compter au minimum une heure d'attente pour découvrir des artistes là aussi très pointu.

Le gros changement cette année, c’est le déménagement de la grosse Rave du soir dans le Hall d’exposition de Montjuic, sur les hauteurs de Barcelone. Fini donc le complexe face à la mer et vive les entrepôts futuristes. C’est la grosse déception de cette édition. Aucune décoration, un son honnête mais écouter les Masters at Work, les rois de la house new-yorkaise dans un hall de gare, non merci !! Cette musique sensuelle mérite d’autres lieux.

Un autre détail choque beaucoup de monde, c’est le fait de payer la navette pour se rendre à cette soirée. Le pass étant déjà assez cher ce n’est pas la meilleure idée des organisateurs. Plus de 15.000 personnes se sont quand même mobilisées pour aller applaudir Sonic Youth jouant John Cage, Carl Cox, l’invité permanent du Sonar, Aphex Twin et sa jungle déstructurée mais pleine d’humour et les très attendus Islandais, Sigur Ros.

15 juin - La bonne surprise de cette deuxième journée vient de Hongrie avec Zsolt Palotai, le premier organisateur de fêtes électronique à Budapest. Il mixe drum’n bass et musiques traditionnelles hongroise, avant de laisser sa place à d’autres Hongrois, The Yonderboi Quintet. A la limite de l’easy listening ou du lounge, les Hongrois ont même droit à un rappel, chose extrêmement rare au Sonar. De son côté, John Peel, l’homme des Peel session, celui qui a permis aux Smiths, à Joy Division ou encore New Order de se faire connaître en Angleterre, cartonne lui aussi au SonarLab.

La mauvaise nouvelle du jour nous vient de France puisque dans l’après-midi, on apprend que Laurent Garnier, l’un des parrains du festival se porte pâle pour cause d’infection à l’oreille. La maladie du DJ l’empêche de prendre l’avion. Ceux qui ont déjà vu Garnier au Sonar savent qu’à cette occasion il mixe les classiques de la musique électronique. Tant pis pour nous et bon rétablissement à lui.

Malgré la froideur de la salle Kenny Dope, Gonzales et Little Louie Vega alias les Master At Work enflammnt le SonarClub le soir. C’est dans ces moments-là qu’on se rend compte que ces deux New-Yorkais en dix ans d’activités auront à jamais marqué l’histoire de la House Music. L’un des autres vétérans de la House made in Big Apple, Franky Knukles, enchaînera ensuite pour un set plus mental.

16 juin - Le moment le plus attendu pour cette dernière journée se passe au SonarLab, c’est la venue du collectif allemand Compost avec Jazzanova, Rainer Truby Beanfield et Fauna flash. Pas de surprises pour ceux qui connaissent mais l’occasion pour les autres de découvrir que la musique électronique se marie aussi bien avec les rythmes sud-américains et le jazz. La grosse déception vient du Russe DJ Vadim qui était attendu avec des percussions russes. Manque de bol, on a droit à un set de scratch sans intérêt et des human beat box anodins.

La dernière soirée voit le bon live des Youngsters de Montpellier signés sur F.com, le label de Garnier et une soirée techno sans intérêt qui voit défiler Jeff Mills et Richie Hauwtin, eux aussi perpétuels invités du Sonar.

Enfin, comme d’habitude les organisateurs ont fait venir un DJ surprise. Cette année vers 7h30, c’est Herbert qui est convié, annoncé sous le nom de Mistakes. Herbert dont l’album Bodily Function reste comme l’un des albums de l’année ne nuit pas à sa réputation d’excellent perfomer.

Au final, le Sonar est en train de devenir comme ses vieux amis qui vieillissent mal et à qui ont a plus grand choses à dire. Trop cher et trop grand, ce festival a quand même réussi son pari financier, celui de devenir le plus grand festival d’Europe. On aurait tant aimé qu’il reste le meilleur.

Willy Richert

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