Bruel dans les steppes malgaches
De passage pour une série de trois concerts à Madagascar, Patrick Bruel est venu se joindre aux musiciens malgaches qui, à l’issue d’une caravane musicale de trois jours, sont arrivés dans les steppes désertiques d’Ikelivondraka, pour fêter la première éclipse solaire de ce nouveau millénaire. C’était également le 21 juin, jour de la Fête de la musique dans le monde entier.
L’éclipse solaire en musique
De passage pour une série de trois concerts à Madagascar, Patrick Bruel est venu se joindre aux musiciens malgaches qui, à l’issue d’une caravane musicale de trois jours, sont arrivés dans les steppes désertiques d’Ikelivondraka, pour fêter la première éclipse solaire de ce nouveau millénaire. C’était également le 21 juin, jour de la Fête de la musique dans le monde entier.
Partis en caravane peu après le concert RFI Musiques du monde, deux cents musiciens malgaches ont pris la route des steppes d’Ikelivondraka, situées à 700 km de la capitale soit quinze heures de route au minimum, pour ce qui devait être le "Woodstock" malgache. Là, dix à quinze mille personnes étaient attendues pour une méga-fête où les touristes du monde entier et le peuple malgache devaient communier pour célèbrer ce moment magique où la lune à rendez-vous avec le soleil.
Mais la réalité locale a fait que les beaux projets de "Woodstock" ou autres "World and Malagasy Festival" n’auront été que de belles idées de papier qui se seront heurtées aux difficultés de transport ajoutées aux tarifs prohibitifs des tour-opérators.
Il aura fallu toute l’énergie mobilisatrice de Rossy et ses camarades musiciens, ainsi que les moyens mis en œuvre par le Président Ratsiraka pour mobiliser huit cents jeunes des quatre coins du pays et que cette méga-fête de papier devienne une belle fête. Car les artistes auront fourni une débauche d’énergie tout au long du parcours de la caravane pour rameuter les foules. A raison de deux à trois concerts quotidiens, passant la nuit dans leur minibus, ils auront malgré tout été récompensés de leurs efforts par un don de 25.000 francs français du Président qui les a ainsi remercié.
En période de pré-campagne électorale, le conseiller spécial pour la Culture du Président qui s’appelle Rossy aura fait preuve de beaucoup de persévérance pour donner à la culture une place qu’elle n’avait jamais occupé auparavant auprès des pouvoirs publics.
Mais que venait faire Patrick Bruel dans une telle histoire ?
En tournée dans les îles de l’Océan indien (Maurice, Réunion et Madagascar) après son marathon triomphal à travers l’hexagone, il a interrompu un séjour balnéaire avant ses trois concerts de Tananarive pour venir en "brousse" avec son équipe d’une vingtaine de personnes. Un avion affrété par le Président de la République lui a ainsi permis d’échapper aux difficultés des routes malgaches. Voir le pays du ciel est certes plus agréable que découvrir le quotidien et les vicissitudes d’un peuple dénué de tout, marchant pieds nus sur les routes bitumées par zéro ou trente degrés et cherchant le minimum vital pour survivre au quotidien.
Débarquant telle une équipe de cow-boys dans les bungalows construits par la présidence pour accueillir les hôtes de marque, Bruel est venu sur le site mettre du piment à un événement qui semblait bien terne.
Se chaussant de lunettes "spécial éclipse", il a suivi la progression de la lune pendant une heure, vite rejoint par quelques jeunes femmes qui ne voulaient sous aucun prétexte rater l’occasion de rencontrer leur idole à l’autre bout du monde.
Il était 16h15 lorsque le jour devint nuit. Deux étoiles scintillaient dans le ciel, le froid se fit ressentir sur la steppe, le jour n’allait pas tarder à se lever à nouveau…avant de se coucher une heure plus tard.
Madagascar, cela faisait dix ans qu’il en rêvait, Patrick. Aussi débuta-t-il symboliquement son mini-spectacle par Place des grands hommes, puis Casser la voix. Les incontournables succès de Patriiick avaient franchi sans mal les océans et les midinettes venues de toute l’île connaissaient aussi bien les paroles de ses chansons que celles de THB de Rossy ou des hymnes sautillants de Tirike.
Accompagné par ses musiciens et ceux de Rossy, Bruel chanta lors d’un second crépuscule magique dans cet endroit éloigné de tout. Reste que comme le disait sa maman qui l’accompagnait tout au long de ce périple "Il a la voix cassée, Patrick, il faudrait qu’il se repose un peu".
C’est dans de telles situations que les prouesses techniques et d’organisation de Rossy qui possède la seule sono de la Grande Ile ont pris leur vraie dimension.
En effet, celle-ci avait été divisée en trois parties, l’une au Palais des Sports et de la Culture attendant bien sagement Bruel pour ses trois concerts et les deux autres itinérantes avec la caravane. De plus n’avait-il pas hésité à louer un semi-remorque faisant office de scène et à acheter un groupe électrogène, pouvant jouer de la sorte dans les endroits les plus reculés palliant ainsi l’inévitable coupure de courant, voire son absence totale.
Dans un pays où les infrastructures sont rares, Rossy a démontré que les artistes pouvaient s’organiser lorsqu’on leur donne les moyens.
Enfin, la fête s’acheva en petit comité, « backstage », par le sacrifice d’un zébu. Le public, lui, essayait de se réchauffer au son de décibels inédits dans ce lieu habituellement désertique.
Bruel et les artistes malgaches avaient fêté dignement cette journée où la lune avait eu deux fois rendez-vous avec le soleil.