Louise attaque, le film

Certaines salles de cinéma en France affichent depuis le 30 mai un film peu ordinaire, un documentaire signé Thierry Villeneuve. Sa caméra a suivi le groupe Louise Attaque au cours de leur tournée 1998, récoltant deux mois durant, de nombreux instants volés en loge, quelques chansons, un certain nombre de témoignages de publics ou d’institutionnels. Le résultat est enfin là : Crachez vos souhaits.

Crachez vos souhaits

Certaines salles de cinéma en France affichent depuis le 30 mai un film peu ordinaire, un documentaire signé Thierry Villeneuve. Sa caméra a suivi le groupe Louise Attaque au cours de leur tournée 1998, récoltant deux mois durant, de nombreux instants volés en loge, quelques chansons, un certain nombre de témoignages de publics ou d’institutionnels. Le résultat est enfin là : Crachez vos souhaits.

1998 : c'est le moment où le phénomène "Louise" explose dans le monde musical de l’hexagone, le moment où le groupe sillonne la France avec un premier album explosif sorti en 97 et qui se vendra à deux millions d'exemplaires ! Leurs concerts, toujours complets, font alors la joie des organisateurs qui n'avaient pas soupçonné un tel succès lors de leurs programmations.
Mais 98, c'est aussi le moment où paradoxalement, les membres du groupe suspendent leurs interventions médiatiques, se jugeant surexposés. C’est donc pour cette raison que Louise Attaque demande alors à Thierry Villeneuve de retarder la sortie du documentaire, ce qui explique sa diffusion si tardive. Le tout sent donc un peu le daté, l’album photographique d’un instant important, le souvenir d’une naissance inattendue.

Le film démarre comme une fiction, avec les premiers rangs d’un public au ralenti et la bienheureuse musique électronique de Florian Le Doussal. Puis brusquement tout s’emballe : la caméra fixe est posée sur scène, face aux spectateurs, dos à Gaëtan le chanteur, le temps d’un premier morceau. Le rock à la "Louise" vu de derrière. Et bien, Crachez vos souhaits c’est cela : le documentaire des coulisses d’une tournée, agrémenté de quelques bonnes trouvailles de réalisation. Ô rien d’exceptionnel en fait : Louise Attaque discute des conditions techniques juste après le concert, Louise Attaque est dans le bus, Louise Attaque répond à un ou deux journalistes, Louise Attaque se change, Louise Attaque débat de sa stratégie face aux médias, Louise Attaque en duo avec M ou Julie la chanteuse de Cornu…
L’ensemble est ponctué de scènes telles que la vente des produits dérivés ou (sans rapport aucun) le discours du président d’Act-up, ouvrant le concert donné au profit de son association.

Il y a aussi les interviews des artistes ou organisateurs croisés au gré des dates de la tournée, mais surtout celles du public. Ces dernières sont illuminées de l’une des bonnes idées de Villeneuve : les témoignages des spectateurs (pas toujours dithyrambiques par ailleurs). Ils sont diffusés sur les images de chacun d’entre eux, mais muets, souriants, posant face à la caméra immobile.

Alors évidemment d’aucuns diront que l’intérêt de ce film-documentaire est discutable. Ni destiné aux fans, ni complètement lisible par les néophytes, il a d’ailleurs du mal à trouver son public et risque le retrait de l’affiche dans un délai rapide. A cette date, il n'a été vu que par 2500 spectateurs dans toute la France*. L’explication pour l’équipe de production se trouverait dans le fait qu’une version courte de 50 minutes soit déjà passée au mois de janvier sur une chaîne de télévision française.

Et pourtant… Crachez vos souhaits est plutôt talentueux et louable. Thierry Villeneuve a tout d’abord le mérite d’avoir choisi le format cinéma, tâche plus compliquée et coûteuse. Puis sans être fascinant, le film vous captive suffisamment pour ne pas flirter avec l’ennui et vous glisse doucement dans le quotidien peu ordinaire, mais répétitif, d’une tournée. Le mixage en est remarquable, la réalisation parfois inventive. Enfin les quatre musiciens se révèlent attachants et simples, engagés et discrets. Mine de rien, vous ressortez de ces images avec la sensation de mieux les connaître, avec l’impression de mieux les aimer aussi… Ils ne sont finalement que des jeunes gens communs, un peu éberlués eux-mêmes par le succès si soudain de l’époque et tentant de le gérer comme ils le peuvent.

Espérons que les trois années nous séparant de ce tournage ne les ont pas changés. Croisons les doigts pour que leurs regards soient restés semblables à celui de la dernière image du documentaire : Alex, le batteur, face au public de la dernière prestation de cette tournée. Ses yeux sont tendres, amoureux, émus. Voilà deux souhaits de crachés.

*Source cinebox-office.com