Astropolis 2001
Astropolis est né en 1995 dans un champ du Nord-Finistère. Une organisation "à l’arrache" pour une ambiance 100% électro dans le meilleur esprit free. Aujourd’hui la rave a grandi. L’édition 2001, sur le site très "brocéliandais" du manoir de Keroual, près de Brest, marque une évolution vers de nouveaux croisements sonores. Selon le credo revendiqué par les organisateurs cette année : le "Tout rock’n’roll n’existait plus, le Tout électronique n’existe plus"... Ambiance.
L'été à l'heure des raves
Astropolis est né en 1995 dans un champ du Nord-Finistère. Une organisation "à l’arrache" pour une ambiance 100% électro dans le meilleur esprit free. Aujourd’hui la rave a grandi. L’édition 2001, sur le site très "brocéliandais" du manoir de Keroual, près de Brest, marque une évolution vers de nouveaux croisements sonores. Selon le credo revendiqué par les organisateurs cette année : le "Tout rock’n’roll n’existait plus, le Tout électronique n’existe plus"... Ambiance.
"C’est l’armée française"
Les habitants du coin raillent gentiment les tenues de camouflage arborées par les festivaliers qui arpentent, sacs au dos, le chemin du camping. Une petite tribu hardcore all black montre volontier de jolis tatouages dans la plus pure esthétique médiéval-fantastique (au hasard, un magicien rouge et longiligne sur fond de coucher de soleil...), mais globalement le kaki domine sur la route. Les concerts commencent à 19h le vendredi soir et c’est une joie d’entendre dans la forêt les échos des répétitions pour la balance. La magie augmente à la nuit tombée et l’on ne serait guère surpris de voir surgir quelque Merlin digital entre les feuilles humides et frémissantes caressées par la lumière des projecteurs qui balisent les chemins de terre. A se demander si le meilleur point d’écoute ne serait pas là, en compagnie bruissante des chênes et des hêtres...
2001 sera l’année du dub hexagonal
Rencontre avec les parisiens de Lab° en début de soirée, en guise d’introduction au dub made in France programmé toute la nuit sous le chapiteau du Cirque. "Le dub est né en Jamaïque. À l’origine, c’est une musique d’ingénieurs du son. Aujourd’hui, la scène française se réapproprie cette culture sur un mode très ”live”, avec le même principe de rythmiques très répétitives, un gros travail d’effets pour obtenir des ambiances très spatiales, assez monolithiques. Nous, on ne vient pas de là, mais c’est la rencontre avec cette scène qui nous a fourni le déclic, qui nous a permis de nous rapprocher d'une culture qui n’était pas la notre, mais qu’on voulait approcher individuellement. C’est grâce à ce déplacement qu’on a pu se mettre à jouer ensemble. Il y a toujours un petit flou sur la notion de dub, certains pensent que c’est une musique apparentée au reggae, mais on fait partie de ceux qui pensent que c’est vraiment un principe de traitement du son".
"Les pieds ancrés au sol, la tête dans le ciel"
C’est le credo de Lab°. "Maintenant si on écoute ça sans l’aspect transe du truc, ce n’est pas très intéressant parce qu’il ne se passe pas grand chose finalement, et quand sa bouge, ça tend toujours vers la répétition. On recherche ce type d’effets et c’est pour ça qu’il existe des parentés entre nous et des groupes comme High Tune. On recherche le même type d’écoute". Les instruments sont systématiquement soumis aux traitements digitaux : "Je travaille à ce que ma guitare devienne une espèce de vibe et ne sonne plus forcément comme une guitare. Je l’utilise comme un truc qui envoie des signaux dans les effets et l’ingénieur du son est un musicien au même titre que les autres. Idéalement il serait sur scène avec nous mais ça pose trop de problèmes pratiques". Lab° reste dans le cadre d’un travail harmonique plutôt modal, "car les variations harmoniques ne sont pas faciles à gérer en même temps qu’une démarche orientée vers la transe". Basse continue, donc.
Le Peuple fait bouger la foule, man
Également sur la scène dub ce soir, les Lyonnais du Peuple de l’Herbe pour une prestation électro fortement mâtinée de hip hop instrumental. La trompette semble vouloir revisiter Doo Bop, l’album posthume de Miles Davis. "Some people can’t stop Drinking, other people can’t stop smoking" dit la voix samplée, comme pour nous emporter au cœur des thématiques de la répétition et de la dépendance, au cas où l’on ne serait pas encore en phase... Puis vient High Tune, qui s’est forgé une réputation sur scène grâce à un mélange intelligent entre son, vidéo et jeux de lumières, sur fond de beats hypnotiques. Pour l’exemple, on a pu assister ce soir à un bel instant de réjouissante fusion entre les mouvements d’un rameur à l’image et l’intégration musicale des vibrations aquatiques correspondantes.
DJs cultes, prophètes et précurseurs
La programmation du chapiteau Astrofloor, le plus grand des trois, attire un maximum de monde. S’y succèdent Sonic Crew, le grand Jack de Marseille, dont le nom seul suffit désormais à remplir les salles, qui se produit un peu partout en Europe et depuis peu, aux États-Unis, Losoul, dont la house euphorisante et hypnotique aime parfois flirter avec la chanson, le breakbeat dur et funky de Luke Slater et la techno hard et minimaliste du très influent Jeff Mills qui tient les danseurs jusqu’à 4h00. Puis vient Carl Cox, "the" légende, grandit au son du funk, de la soul et du disco, grand précurseur de l’art du dejeeying, qui raconte son histoire jusque vers 6h00, avant de passer le relais à The Driver.
Le lendemain, le chapiteau accueille le dispositif deWillou, le prophète du groove à sept temps, l’irrésistible Volvotraxx qui insuffle une belle énergie rock à l’électronique, ainsi que Phoenix, annoncé comme la "révélation pop de l’année". Mais aussi Schneider TM, qui ne se revendique pas de la scène électro mais propose une pop expérimentale très aboutie et stimulante, aussi électrifiée qu’électrisante (à écouter absolument, et à voir sur scène pour profiter de leur talent d’improvisateurs). Suicide, les précurseurs cultes des courants électro, intelligemment sépulcral ; les Français de Miss Kittin & The Hacker, pour l’une de leurs rares prestations hexagonales et enfin DJ T1000 et James Ruskin.
Une autre fois...
Nous vous parlerons de la scène hardcore, programmée le samedi sous le chapiteau Le Cirque, qui accueillait la veille les artistes du dub. S’y sont succédés No place For Soul, Shora, Nostromo et les rastas blonds des Watcha, pour de belles performances scéniques, (presque) aussi physiques que musicales. Et aussi Torgull, Xylocaïne, Mark N, Overcast, Nasenbluten, Manu le Malin et Korzaak.
Les prestations programmées sous le troisième chapiteau, Le Club, ont fourni la preuve s’il en était besoin, que le tout électro se porte encore très bien. Trunk, Hudge, Jeff Bock, Aphasia, Traffic, Cross Bone, Kraft & MC Youthman, D-Joke, Big Knife, Hip J, John Acquaviva, Kojak et Sonic Crew, ont tenu les danseurs deux nuits durant, jusque sur la pelouse tout autour. Et la pelouse, au matin, il n’en restait rien.