PARIS-SOFIA

Sofia, le 27 août 2001 - Non, pour les Bulgares la musique française ne se résume pas uniquement à Sylvie Vartan. Bien au contraire, aujourd'hui, la musique électronique française est une véritable référence, recherchée par la jeunesse. Etat des lieux.

Les Bulgares écoutent le son français

Sofia, le 27 août 2001 - Non, pour les Bulgares la musique française ne se résume pas uniquement à Sylvie Vartan. Bien au contraire, aujourd'hui, la musique électronique française est une véritable référence, recherchée par la jeunesse. Etat des lieux.

«Ah ! La chanson française !», disent avec nostalgie les francophones bulgares de 40 ans et plus. C'est d'ailleurs avec une vraie nostalgie, qu'ils chantonnent les morceaux des plus grands artistes français : Piaf, Aznavour, Montand, sans oublier bien sûr Sylvie Vartan, la belle Bulgare devenue star à Paris ! Mais du côté des trentenaires, cette nostalgie n’est plus trop d'actualité. «La musique française ? C’est les Rita Mitsouko, les Négresses Vertes et la Mano Negra », répondent-ils. Mais ça s’arrête là.

En revanche, les connaissances et le vocabulaire des plus jeunes sont tout à fait différents. Pour eux la musique française, c’est la musique électronique. Ils sont capables de reconnaître sans problème les mixes des grands DJs français. Ils savent tout des sets de Bob Sinclar et de John Tomas. Mais pourquoi ces deux noms seulement ? Parce que se sont les seuls DJs français qui ont déjà joué en Bulgarie. Aussi parce que les jeunes Bulgares viennent tout juste de découvrir la scène électronique française, après avoir bien connu celles de plusieurs autres pays. Par ailleurs, on n’édite pas de musique française en Bulgarie (sauf les albums de Mylène Farmer…). Difficile d’aimer sans connaître… En effet, les institutions chargées de promouvoir la culture française en Bulgarie préfèrent apparemment une autre époque, bien avant le début du XXIe siècle. Or pour les jeunes d’aujourd’hui, "la vie" n’est pas simplement « en rose », mais plutôt un mélange de cultures, de rythmes, de langues. Un peu comme les musiques actuelles.

Dans un pays où la capitale ne compte qu’une seule ligne de métro, ce n’est pas évident de créer une vraie culture underground. Mais comme le premier collectif important de DJs, Métropolis, n’existe ici que depuis 5 ans, la génération techno est encore plus curieuse de connaître les dernières nouveautés en la matière.

Depuis un an et demi ce n’est plus un rêve. Mais on «a dû faire toutes les guerres» pour y arriver. « On », c’est la petite équipe de RFI-Bulgarie (une des trois antennes délocalisée de RFI avec Bucarest et Lisbonne), à laquelle s’identifie une grande partie de la nouvelle génération locale. Cette génération qui, par une petite radio (la seule qui passe de la musique française en Bulgarie) a découvert qu’après la chanson, la musique française n’était pas vide. Au contraire, que c’était la musique qui lui correspondait. Ces jeunes peuvent vous raconter toute l’histoire de Daft Punk, adorent le dernier album de Air et restent sur RFI-Bulgarie parce que dans quelques secondes, il y aura un morceau de St Germain ou d’Etienne de Crecy, de Seven Dub, de Laurent Garnier, de Superfunk, d’Alex Gopher, de Kid Loko…

C'est simple, en Bulgarie, la notion « French house » est l’équivalent du son de l’été 2001. Et on y est…

Dessislava Mintchéva