L'OLYMPIA CHANGE DE MAINS

Paris, le 28 août 2001- Jean-Marie Messier, le patron de Vivendi Universal, deuxième groupe mondial de communication, vient d'annoncer le rachat de l'exploitation de l'Olympia, temple de la chanson française.

Vivendi Universal rachète la prestigieuse salle.

Paris, le 28 août 2001- Jean-Marie Messier, le patron de Vivendi Universal, deuxième groupe mondial de communication, vient d'annoncer le rachat de l'exploitation de l'Olympia, temple de la chanson française.

Mythique music-hall parisien plus que centenaire, reconstruit à l'identique en 1997, cette salle de 2.000 places, célèbre dans le monde entier, a vu défiler les plus grands artistes français et internationaux, des Beatles à Ray Charles et les Rolling Stones en passant par Edith Piaf, Yves Montand ou le fidèle Gilbert Bécaud. Mais de la salle inaugurée le 12 avril 1893 par La Goulue, il ne reste plus qu'une relique sous la forme d'un morceau de scène de 30 centimètres carrés, protégé par un Plexiglass.
Un seul "grand" n'y est jamais passé, Elvis Presley, car les prétentions financières de son manager, le fameux Colonel Parker, avaient été jugées incompatibles avec le budget de la salle.

C'est une divergence familiale qui vient d'aboutir au rachat de cette prestigieuse salle par le géant européen de la communication. Car Paulette et Patricia Coquatrix, héritières de feu Bruno Coquatrix qui avait repris cette salle en 1953 pour en faire le lieu où tout artiste se devait de passer un jour, en sont arrivées un beau jour à ne plus voir l'avenir de la même manière. Et suite à ces profondes dissensions, Paulette Coquatrix, 82 ans, a décidé d'anticiper la vente de l'héritage familial.
Plusieurs candidats ont été évoqués. Mais les sociétés de production audiovisuelles n'ont pas pu s'aligner longtemps sur la somme (qui n'a pas été révélée) proposée par Vivendi Universal.
Le rachat de "cette belle salle à dimension humaine", selon les mots de Jean-Marie Messier au cours de sa conférence de presse, porte sur l'exploitation et l'équipement mais pas sur les murs, qui restent la propriété de la Société Générale.
Jean-Marie Messier a donc réalisé un rêve de gamin grâce à Pascal Nègre, le patron français d'Universal Music, qui l'a mis sur la piste de cette bonne affaire.
Car pour un homme qui ne parle que de synergie, convergence et intégration entre les différents pôles rachetés au fil des ans dans les médias, la musique, l'édition ou le cinéma, posséder une salle aussi prestigieuse dans son giron était plus que tentant pour promouvoir les artistes maison.
Mais Jean-Marie Messier s'en est défendu en affirmant que "la salle demeurerait au service de tous les artistes car elle fait partie du patrimoine français, elle appartient au public, à la France, aux artistes, à tous les artistes". Ainsi, Johnny Hallyday, Faudel, Zebda, Vanessa Paradis ou Noir Désir, qui sont tous édités par Vivendi Universal, pourront continuer à s'y produire aux côtés de Julien Clerc, Patrick Bruel, Hélène Segara ou Alain Souchon édités par d'autres maisons de disques.
Et il est hors de question de faire de petits Olympia à travers la France, comme il existe aujourd'hui de petits Zénith. L'Olympia ne devrait donc pas devenir un "fast-food de la musique" selon les termes de Jean-Marie Messier et "Vivendi Universal se met au service de l'Olympia pour que le music hall appartienne à tous les artistes".

De son côté, Pascal Nègre, président d'Universal Music et nouveau patron de la salle a affirmé que ce changement de mains n'entraînera pas de bouleversements car "l'Olympia est l'endroit le plus mythique en France et est connu dans le monde entier". L'objectif est de maintenir la qualité et l'ouverture sur les nouveaux talents et d'essayer de faire encore plus connaître l'Olympia à l'international.
En fait, d'après Pascal Nègre, l'intérêt de la musique rejoint celui d'Universal parce qu'il est le plus gros sur le marché.
Aussi n'hésitera-t-il pas à investir le lieu vendredi pour la convention annuelle du premier groupe musical français.
Ce jour-là, Vivendi Universal prendra vraiment possession de l'Olympia.

Pierre RENE-WORMS