Le Festival de Marne
Cent dix artistes se produisent du 2 au 14 octobre à travers trente lieux dans un même département, le Val-de-Marne. Le festival de Marne se porte très bien. La programmation comme toujours se veut éclectique. Avec une opération inédite cette année : "les territoires de la chanson".
Quinze ans déjà...
Cent dix artistes se produisent du 2 au 14 octobre à travers trente lieux dans un même département, le Val-de-Marne. Le festival de Marne se porte très bien. La programmation comme toujours se veut éclectique. Avec une opération inédite cette année : "les territoires de la chanson".
L'idée est simple : il s'agissait de convier une vingtaine de festivals à "parrainer une de nos soirées, de manière à mettre en avant la vivacité du spectacle, non seulement de la création, mais aussi de la diffusion de la chanson dans l'espace francophone" explique Jean-Claude Barens, le directeur de la programmation. Des festivals qui aiment la chanson française, "celle qui tient le haut de l'affiche, tout en maintenant une ligne de conduite irréprochable, et celle qui reste en bas de l'affiche pour mille raisons qui n'ont rien à voir avec le talent". Des festivals de nationalité belge (Mars en Chanson), canadienne (Coup de cœur francophone) et française (ni Bourges, ni les Francofolies ne sont présents, les organisateurs ont privilégié d'autres partenaires, notamment provinciaux) qui ont eu à élire, chacun, leur "plateau de choix" dans une programmation des plus éclectiques. Un vrai régal en perspective pour le public.
Jean-Claude Barens regrette cependant de ne pouvoir programmer tous les artistes auxquels son équipe a pensé. Non pas à cause d'une question de moyens, mais à cause plutôt de la façon dont s'organisent certaines tournées actuellement. Ainsi, Manu Chao qui a écumé nombre de festivals depuis la sortie de son dernier album jusqu'à cet été et qui maintenant ne tourne plus. Face à cette indisponibilité de l'artiste, Barens parle de frustration. Il n'empêche que sa programmation, pour cette quinzième édition, rayonne de tous les côtés. Dans le désordre, on y trouve des jeunes talents, des valeurs montantes et des artistes plus que confirmés. "Nous sommes un festival de découvertes. Les nouveaux talents font partie de notre cahier des charges. Mais les artistes confirmés amènent du public". Il faut savoir en tenir compte. C'est probablement pour cette raison que le festival se porte aussi bien depuis sa création par le Conseil Général du Val-de-Marne. Une institution qui souhaite plus que jamais continuer à miser sur la culture, là où d'autres préfèreraient réduire leurs budgets.
Élément essentiel de cette programmation, "les territoires de la chanson" ne se limitent pas aux artistes qui chantent en français de France, comme dirait quelqu'un… On y trouve des artistes issus de langues et d'univers différents mais dont la carrière se construit à ou via Paris, grâce à un label ou à un tourneur du cru. Ce qui contribue forcément à l'épanouissement de l'industrie musicale de l'Hexagone. On connaît aujourd'hui les succès à l'étranger portés au nom de la France durant une certaine période par Cesaria Evora ou Khaled. Des succès qui n'étaient pas forcément en langue française. Il n'est donc pas surprenant que l'on retrouve un artiste comme l'Angolais Bonga ou même la Portugaise Christina Branco. Par ailleurs, le temps est aux mélanges, aux rencontres et aux fusions de tous genres. Mais il serait dommage que certains programmateurs prennent le discours à la lettre, en ignorant le talent de certaines scènes musicales autres non francophones. Au festival de Marne, on pourra applaudir les ritournelles de l'Italien Gianmaria Testa ou encore se laisser emporter par la vague du Balkan Emir Kusturica et de son groupe No Smoking Orchestra.
La programmation est d'une richesse indiscutable. Notons-en juste quelques moment forts. Le 5 octobre, les Femmouzes T. et Edgar Ravahatra seront sur la scène du Forum à Boissy-Saint-Léger. Le premier groupe est un duo toulousain réunissant deux tempéraments de feu : la Brésilienne Rita Macedo et la Française Françoise Chapuis, accordéon, tambourin et voix pour un folklore urbain. Edgar quant à lui revisite le chant nostalgique du Hanina malgache. A des milliers de kilomètres de sa grande île natale, il réinvente son identité.
Le même soir, Mano Solo et La Rue Kétanou seront au Théâtre Jean Vilar à Vitry-Sur-Seine (complet!). Faut-il les présenter ? Ou bien simplement vous dire que la chanson française porte l'amour de la vie dans son âme profonde. C'est ce qui a toujours fait son succès. C'est ce qui explique notre coup de cœur pour ce concert de poètes habités. En attendant, nous vous suggérons de ne pas rater le concert d'ouverture au Kremlin-Bicêtre (2 octobre/ Espace Culturel André Malraux) : Debout sur le Zinc, Agnès Bihl et Nicolas Jules nous promettent de vraies surprises. Jean-Claude Barens nous parlait il y a deux jours de la "vivacité du spectacle vivant". Il ne croyait pas si bien dire. Son festival en est une preuve indiscutable. Et nous vous en reparlerons assez vite…
Pour plus d'infos sur le festival, allez sur le site http://www.festivaldemarne.org/