Rachid Taha à Tokyo

En tournée dans plusieurs pays d’Asie, le chanteur franco-algérien Rachid Taha était en concert pour un soir au Japon, au Club Quattro de Shibuya, le 3 octobre dernier. T-shirt noir, pantalon de couleur, banjo-luth, claviers, guitare électrique : cherchez la différence entre le rock et le raï. Décor sobre pour concert électrique.

Le Français exporte sa musique dans toute l'Asie

En tournée dans plusieurs pays d’Asie, le chanteur franco-algérien Rachid Taha était en concert pour un soir au Japon, au Club Quattro de Shibuya, le 3 octobre dernier. T-shirt noir, pantalon de couleur, banjo-luth, claviers, guitare électrique : cherchez la différence entre le rock et le raï. Décor sobre pour concert électrique.

Depuis 4 ans que je vis au Japon, j’ai enfin décidé d’aller m’installer à Tokyo. Bonne idée parce qu'hier soir, 3 octobre, dans le cadre du festival Halou, le coup d’envoi fut lancé par une prestation de Rachid Taha au Club Quattro de Shibuya. Mais flûte ! Où il est ce Club ? Ne le cherchez pas au niveau de la rue !! Levez plutôt les yeux, il est au 5ème étage d’un centre commercial…

18 heures : ouverture des portes. Il n'y a pas grand monde qui se presse. Est-ce que Rachid va attirer la foule ? Je suis avec un ami japonais, on entre dans une salle circulaire avec des chaises et des tables. La scène est au fond face à un parterre “all-standing”. Avec Rachid, c’est sûr, on va danser !

Restons debout et sirotons une petite bière en attendant le début du concert prévu pour 19 heures. 19 heures (pétantes !) : les gens sont au rendez-vous, on est presque serrés. Les lumières baissent. Un Japonais en “yukata” (kimono d’été) entre en scène et se met a jouer une mélodie orientale à la flûte. Le public se fixe sur lui, il n’y a pas un bruit. Vient ensuite une danseuse voilée qui se met à onduler son corps sur le son perçant (persan) de la flûte. Le regard du public a changé de direction. Dix minutes plus tard la danse est terminée et les lumières se rallument. Merci d’être venus !!

19 heures 15 : Les lumières baissent à nouveau. Entrée en scène des cinq musiciens. Les premiers accords du banjo-luth résonnent, la batterie arrive, les claviers, la guitare électrique. Enfin, Rachid entre en scène, interprétant tout de suite Nokta. Le public est encore assez calme. Sauf celui qui debout devant la scène.

Les titres, en majorité extraits de l’album Made in Medina s’enchaînent à un rythme endiablé et le public assis commence à suivre le mouvement et à danser.

Une chose est sûre, Rachid sait faire monter la sauce. Il affiche une vraie connivence avec ses musiciens et prend la peine de temps en temps de faire des pauses pour plaisanter avec le public : “J’ai entendu dire que les Japonais aimaient bien les chanteurs français, surtout ceux enfin de carrière… Alors on va chanter une chanson en français !” Et pour lancer quelques pics sur les retombées des attentats terroristes aux Etats-Unis, il lance : “Les gens se rendent compte petit à petit que l’Afghanistan, ce n'est pas un pays arabe mais un pays d'Asie.” […] “Pour avoir un visa, on s’est tous [il désigne les musiciens] bien rasés, on avait des barbes jusque-là”.

Les quelques Français et les quelques Arabes qui sont dans la salle rient. Les Japonais demandent la traduction. Ces interventions associées à la petite taille de la salle donnent tout de suite une tournure intimiste à ce concert. A tel point qu’au moment du rappel, après Voilà Voilà, en version techno complètement déjantée, Rachid fait une nouvelle pause pour remercier tout le monde et annonce que c’est la fin, que le prochain titre est le dernier. Tout a coup du fond de la salle on entend : “Abdel Khader” ! Réaction de Rachid : “Bon, vite fait alors !

Et c’est reparti pour un tour ! Le concert se termine ensuite comme prévu sur Garab. Puis les lumières se rallument. Essoufflés, époustouflés, oxygénés, tels sont les spectateurs. J’ai vraiment l’impression que tout le monde vient de prendre une grande claque. Un peu plus tard en coulisses, Rachid réclame de revenir l’année prochaine. Je lui suggère de visiter alors le reste du pays. "Mais nous on demande pas mieux !” assure t'il. Messieurs les promoteurs, à bon entendeur !

Rachid Taha Made in Medina (Barclay/Universal) 2001
Bientôt dans les bacs Rachid Taha live (Barclay/Universal) Prochaines dates :
Wuhan (Chine) le 7 octobre
Pékin (Chine) le 10 octobre
Nouméa (Nouvelle-Calédonie) les 13 et 14 octobre
Sydney (Australie) les 18 et 19 octobre.