LE CLUB DES NEGRESSES VERTES
Paris, le 31 octobre 2001 - Après la sortie de Trabendo en 99, l'avenir discographique des Négresses vertes paraissait nébuleux. Comment ce groupe mythique des années 90 allait-il négocier le virage electro entrepris avec cet album ? Réponse avec Acoustic clubbing, le nouvel opus du combo parisien entre la clubbing attitude et le son acoustique.
Le groupe reprend ses propres chansons
Paris, le 31 octobre 2001 - Après la sortie de Trabendo en 99, l'avenir discographique des Négresses vertes paraissait nébuleux. Comment ce groupe mythique des années 90 allait-il négocier le virage electro entrepris avec cet album ? Réponse avec Acoustic clubbing, le nouvel opus du combo parisien entre la clubbing attitude et le son acoustique.
Certains disques paraissent convenir à certaines circonstances. Le nouveau-né des Négresses Vertes pourrait s'écouter tranquillement, vautré dans un canapé mou, sirotant un long drink et bavardant avec des copains sous une lumière tamisée. C'est là un scénario possible mais on pourrait sans doute en trouver d'autres car à priori, le clubbing n'est pas une activité de salon. Il faut dire que sur cet album, les Négresses Vertes tentent de brouiller les pistes avec leur version acoustique de morceaux "d'avant". Quatre titres de l'album Mlah paru en 87, cinq du côté de Trabendo, et nous voilà embarqués sur Acoustic Clubbing. Le groupe réussit le grand écart en réinterprétant avec brio Voilà l'été comme Easy girls. Dix ans d'intervalle dans la vue et au final, une grande cohésion musicale : un joli pari pour un faux best of. Matias, l'accordéoniste évoque pour nous le travail particulier qu'a demandé cet album.
Clubbing attitude : "Dans ce disque, il n'y a aucune machine. Il n'y a guère que l'attitude qui soit électronique. Les arrangements ont été conçus comme des samples, comme des choses répétitives. Dans la forme, il pourrait être électro. Il n'y a pas d'artifice, pas de réverb, pas de traitement du son super spatial. C'est plutôt le contraire. On a privilégié l'emplacement du micro de l'instrumentiste par rapport à son instrument."
Déclic: "On a joué sous cette forme quand on a fait des radios pour des sets en public. C'est ce qui a déclenché notre envie de jouer comme ça. On sortait de la tournée avec l'armada de Trabendo. Avec beaucoup d'équipements. Une attachée de presse de la maison nous a dit : "pourquoi ne faites vous pas des petits concerts acoustiques comme au début". Les gens ont alors été super émus et nous aussi. On a décidé de faire un album sur ce principe. Le déclic est venu de là. La maison de disques voulait un album qui reprenne les anciennes chansons. Nous, on ne voulait pas les reprendre telles quelles, pour des raisons artistiques mais aussi morales, par rapport à Helno. Autant les revisiter avec la vibe du moment, très tournée vers la danse en même temps que vers un ralentissement des tempos, une rondeur de sons."
Comme la soul : "Nous sommes entrés en studio avec des idées très précises puisque nous avons fait à la maison un mois de pré-production. On s'est enfermés tous les sept en travaillant surtout les rythmiques et les arrangements pour qu'ils soient clairs et qu'en même temps, ils servent les mélodies originales. On a repris plein d'anciens morceaux. Le fait d'avoir conservé les rythmiques vocales d'origine et les mélodies a permis de faire ressortir les textes bien qu'on ait rentré les voix comme dans un disque de soul. On est du coup un peu obligés de chercher le texte. Ça fait peser les mots différemment et c'est très intéressant. En France, on a l'habitude de mettre les voix à fond ce qui peut être super mais nous on a essayé de travailler comme pour la soul."
Enregistrement : "Cela s'est fait dans un endroit tout en bois, un peu à l'ancienne, avec du vieux matos. Il y avait ce côté convivial, club. C'est un peu jazz dans l'esprit, avec l'enregistrement de sessions. Toutes les versions ont été faites en une seule prise. Ce travail-là nous a vraiment intéressés. On a été très rapide puisque le premier soir tout a été enregistré. Puis, on a travaillé par session au lieu de travailler sur un morceau pendant trois jours comme on l'a toujours fait. On se prenait trois ou quatre chansons qu'on travaillait dans la journée. Quand on était gavé, on s'arrêtait. Quand la bonne version était trouvée, on passait à la suivante. Souvent la première prise a été la meilleure. De la même manière, on a tout mixé en six jours. "
Le choix des morceaux : "On a essayé des morceaux et on a choisi ceux sur lesquels on a trouvé des clés. En sachant qu'on voulait remettre la Mer à boire. Il y a des textes qu'on souhaitait réutiliser et d'autres qu'on voulait faire découvrir : Car c'est un blouze qui apparaissait déjà sur Famille nombreuse ou les Roublibli qui font un peu partie de l'histoire des Négresses sur scène.
Helno : "Dans cet album, il y a des textes dont il est l'auteur. C'est un bel hommage qu'on lui rend parce qu'il le mérite. Il fait partie des gens qui ont chanté la chanson française différemment et qui l'ont écrite d'une manière très personnelle. Respect. On l'a côtoyé pendant quelques années, c'était quelqu'un de différent, génial par certains côtés."
Carrière : "On fait de la musique pour se régaler. Depuis quinze ans, on a fait évoluer la musique française et la musique européenne parce qu'on a fait des choses d'une certaine manière, qu'on a pu se produire dans le monde entier. Le truc s'est imposé de lui-même. La musique a beaucoup évolué pendant cette période et nous aussi."
Whisky à gogo : "Aujourd'hui, il y moins le côté festif qu'au début. On a mûri. On ne boit plus forcément quatre litres de whisky en sautant partout. Musicalement, on avait la fougue mais pas forcément la technique. On était nombreux, c'était un peu le cache misère. C'était super. Maintenant, on fait la musique différemment et on a donc besoin d'une plus grande maîtrise."
Projets : "La nouvelle attitude, c'est de prendre en main la destinée sonore du groupe. Elle consiste aussi à dire que cet album, on le produit nous-même et on assume toutes les contraintes artistiques. C'est notre nouvel état d'esprit. On a tous des projets un peu différents. Donc, on est contents d'avoir réussi à faire cet album. Avant de se retrouver pour un prochain disque, on va un peu brasser chacun de notre côté. Voyager. Quelques mois au moins. "
Valérie Passelègue
Négresses Vertes Acoustic clubbing Virgin 2001