Transmusicales de Rennes
Les Transmusicales de Rennes ont débuté mercredi 28 novembre. Elles se prolongent jusqu’au 1er décembre proposant les concerts de nombreux artistes venus des quatre coins du monde, mais pour une fois sans véritables têtes d’affiche.
Programme éclectique pour la 23ème édition
Les Transmusicales de Rennes ont débuté mercredi 28 novembre. Elles se prolongent jusqu’au 1er décembre proposant les concerts de nombreux artistes venus des quatre coins du monde, mais pour une fois sans véritables têtes d’affiche.
"C’est bizarre comme musique". Voici le commentaire d’un festivalier quelque peu dérouté par le groupe d’une quinzaine de musiciens japonais, les Pascals qui se sont produits mercredi soir à la Cité. En hommage au musicien catalan Pascal Comelade, ce combo emmené par le pianiste Rocket Matsu donne à écouter des morceaux de Brian Eno, Henry Mancini ou Nino Rota, accommodés d’arrangements variés mais souvent légers et ludiques. Rocket Matsu compose aussi des œuvres originales qui font évidemment référence au multi-instrumentiste Comelade, devenu pour ce groupe producteur de son disque. La connexion Catalogne/Japon s’est faite le jour où Rocket a découvert un disque de Pascal dans les bacs nippons. Lors d’un concert de ce dernier au Japon, l’aficionado est allé voir le maître et les deux ont sympathisé. "Nous essayons de décaler la musique décalée de Pascal" nous explique Rocket, non sans sourire. Un décalage au carré, en quelque sorte. De quoi aiguiser notre curiosité !
Et c’est bien là tout l’intérêt de ces Transmusicales. Ce festival dont la première édition eut lieu à la fin des années 70, arrive dans le calendrier bien après la flopée des festivals d’été. Ici, le directeur artistique, Jean-Louis Brossard, tient à l’exclusivité des concerts. Donc, pas question que les artistes fassent seulement une escale à Rennes au milieu d’une grande tournée. Exit les grosses pointures que l’on voit sur toutes les scènes de France et de Navarre. Les artistes viennent uniquement pour les Trans. Cette année, il n’y a d’ailleurs presque pas de têtes d’affiche, celles qui sont censées drainer un public nombreux et qui permettent de programmer des groupes beaucoup moins connus. Pourquoi pas ?
L’organisation des Trans mise sur la curiosité des spectateurs et nous ne pouvons que nous féliciter de pouvoir découvrir des perles comme les Pascals. Le risque de cet éclectisme tous azimuts est que parfois les prestations ne sont pas à la mesure de nos espérances. Jeudi soir, Psyco On Da Bus se produisait dans la partie haute du Liberté, la grande salle des Trans, soit 6000 places et deux scènes. Le groupe qui rassemble entre autres l’ancien batteur de Fela, Tony Allen et le génial Doctor L., tentait désespérément de ranimer un groove qui au final a bien failli nous endormir. Dommage, on attendait autre chose de ces excellents musiciens. De toute façon, on a heureusement pu se défouler sur la musique de l’Argentin déjanté Axel Krygier ou des Américains US3. Le public rennais, très enthousiaste, a su apprécier, bien que les quelques puristes présents aient eu du mal à supporter la voix exagérément poussée de la chanteuse Alison Crockett. Et puis, au moindre signe de faiblesse, on pouvait très facilement changer de scène car entre 20h30 et 4h du matin, treize groupes étaient programmés. La salle étaient remplie par une kyrielle de jeunes gens, plutôt étudiants (Rennes est une ville universitaire), venus en prendre plein les oreilles et danser jusqu’à épuisement, dans une atmosphère moite et enfumée.
Si on veut compléter le tableau, il faut évoquer les Bars en Trans, le Off des Transmusicales, à savoir une bonne douzaine de bistrots rennais qui accueille pendant quatre jours de jeunes groupes en majorité français dont la palette musicale va du drum’n’bass à la chanson en passant par la world ou la salsa, le premier jour étant réservé spécialement à la scène rennaise. Dans une ambiance extrêmement festive et arrosée (pas uniquement par la pluie), le quartier historique de la capitale bretonne est chaque soir, le théâtre de bousculades et d’embouteillages humains considérables qui ne sont pas sans rappeler les festivals d’été, bien que la température extérieure ne soit pas vraiment la même.
Le pari des Transmusicales est donc réussi si on ne prend pas en considération les difficultés financières de l’organisation qui depuis quelques années a du mal à boucler le budget. Variété de la programmation et multiplicité des lieux de concerts sont les deux atouts majeurs de ces Transmusicales, qui restent au fil du temps un rendez-vous incontournable pour ceux qui ont envie d’échapper à l’uniformisation musicale ambiante.