Disparition de Gilbert Bécaud
"L'un des ambassadeurs les plus talentueux" de la chanson française, telle est la façon dont le président Jacques Chirac a rendu hommage à Gilbert Bécaud décédé ce matin des suites d'un cancer. Figure majeure de la chanson française, auteur de quelques 400 chansons, il venait juste de terminer un nouvel enregistrement, Mon Cap. Avant de revenir plus longuement sur sa carrière, un bref rappel de son parcours.
De son vrai nom François Gilbert Silly, Gilbert Bécaud était né en 1927 à Toulon, port de la Méditerranée. Elève émérite du conservatoire de Nice, il fait un passage dans la Résistance auprès de son frère pendant la Guerre 39-45. Après la guerre, il "monte" à Paris où il est repéré par le chanteur Jacques Pills. C'est ainsi qu'il se retrouve accompagnateur d'Edith Piaf. Il travaille avec elle jusqu'en 1953, année de son premier succès écrit avec Pierre Delanoë et créé par Lucienne Boyer, Mes mains.
Très vite, Bécaud monte sur scène et connaît un succès foudroyant. Son tempérament méditerranéen, sa mine de jeune premier, sa façon fébrile de jouer du piano (sorte de Jerry Lee Lewis à la française) et sa voix puissante font de lui une idole. Il est très vite célèbre pour ses récitals fougueux auxquels il devra son surnom de "Monsieur 100.000 Volts" ! Avec Louis Amade et toujours Delanoë, il écrit tube sur tube : Je t'appartiens (1955), les Marchés de Provence (1956), Viens danser (1958). Dès les années soixante, sa carrière dépasse les frontières hexagonales. Il chante triomphalement à Moscou, New York (trois semaines à Broadway en 1966), Londres. A Paris, sa salle fétiche est l'Olympia dont il fit l'ouverture en 1954.
En 1962, il s'essaie à l'opéra avec l'Opéra d'Aran. Mais sans grande réussite. Aux yeux du public, il est une figure trop imposante de la variété dont il écrit plus que jamais de nombreux standards dont Et maintenant (1961, paroles de Maurice Vidalin), internationalement repris sous la traduction What now my love par, entre autres, Barbra Streisand ou Shirley Bassey. Parmi ses très nombreuses chansons, citons Quand Jules est au Violon (1963, paroles de Vidalin), Quand il est mort le poète (1965, paroles de Louis Amade) ou L'Important, c'est la rose (1967, paroles d'Amade).
En dépit d'un léger passage à vide dans les années 70, et même si son répertoire et son public ne rajeunissent pas forcément, il conserve un statut de star en France. Il écrit, entre autres, la Solitude ça n'existe pas en 1970. On le voit moins sur scène, mais il est souvent invité de shows télévisés. En 1986, il écrit à nouveau une comédie musicale avec Madame Rosa. Montée à Broadway, elle ne sera jamais jouée en France. C'était un de ses grands regrets. Dans les années 90, il sort quatre albums et un live (Olympia 97).
Son dernier album publié en 1999, Faut faire avec..., évoquait le cancer qui le rongeait. En novembre de la même année, il montait pour la 33ème et dernière fois sur la scène de l'Olympia. Marié deux fois, père de cinq enfants et d'une petite Laotienne adoptée en 1992, il partageait sa vie entre une propriété dans le Poitou, une maison en Corse et une péniche amarrée en région parisienne à bord de laquelle il est décédé.