Le show de Papa Wemba

En 2000, Koffi Olomidé remplissait Bercy, la plus grande salle parisienne. Papa Wemba, l’autre voix souveraine de la musique congolaise, se devait de réagir en occupant lui aussi le terrain. Après être réapparu dans le paysage récemment à travers la compilation Spirit Of Africa (Real World), vendue au profit de la lutte contre le sida en Afrique, il se produit à son tour à Bercy, pour un show spécial réveillon le 31 décembre. Présentation de son tout nouvel album Bakala Dia Kuba, brochette d’invités et élection de Miss Afrique-Europe : une chaude ambiance en perspective.

Le Congolais à Bercy pour le 31décembre

En 2000, Koffi Olomidé remplissait Bercy, la plus grande salle parisienne. Papa Wemba, l’autre voix souveraine de la musique congolaise, se devait de réagir en occupant lui aussi le terrain. Après être réapparu dans le paysage récemment à travers la compilation Spirit Of Africa (Real World), vendue au profit de la lutte contre le sida en Afrique, il se produit à son tour à Bercy, pour un show spécial réveillon le 31 décembre. Présentation de son tout nouvel album Bakala Dia Kuba, brochette d’invités et élection de Miss Afrique-Europe : une chaude ambiance en perspective.

Il y a quelques jours, Papa Wemba quittait Paris, son port d’attache régulier et s’envolait vers Kinshasa, pour présenter à la presse congolaise ce concert-évènement, un repère supplémentaire dans sa florissante carrière.

Mardi 11 décembre, J-20 avant Bercy, effervescence à Roissy autour des comptoirs d’enregistrement du vol pour Kinshasa : Papa Wemba distribue des foulards. Ils portent son effigie et sont parsemés d’inscriptions, en français, en lingala, swahili, kimongo, bokul, kilari ; les différentes langues, dialectes et argots que l’on parle à Kin. Papa Wemba ou Kolo histoire (le créateur de l’histoire), mwalimu (le maître), fulangenge (le propulseur des stars), chef coutumier, m’zee (le vieux), bokulaka (l’ancien), ekumani (le grand)… tous les titres honorifiques, les surnoms par lesquels ses fans le désignent.

Dans ses bagages, il emmène aussi des assiettes, également ornées de son effigie, qu’il distribuera là-bas. Papa Wemba part en campagne. Il va retrouver au pays son public et lui redonner confiance. Werrason, J.B. Mpiana, Adolphe Dominguez, Wazekwa et Koffi occupent la place ? OK, mais lui aussi est là, qu’on se le dise. Gonflé à bloc et prêt à casser la baraque avec son nouvel album et son méga-concert à Paris.

A l’aéroport de Kin, quand il avance sur la piste, collé au plus près par son garde du corps et son équipe rapprochée, des cris fusent de la terrasse surplombant le bâtiment, les visages du personnel au sol s’illuminent d’un sourire à son passage. Une halte aux salons de l’aéroport, le temps de quelques poignées de mains et autres civilités, puis direction Molokai, son "village" au cœur de Matonge, le quartier où le souffle de la fête ne s’éteint jamais. Dans quelques heures, Papa va y donner un avant goût de ce que sera son concert à Bercy, une répétition générale avec danseuses, percussions et son groupe Nouvelle Ecrita, formé de tout jeunes mais déjà impeccables musiciens et chanteurs. Hélas, le ciel a décidé aujourd’hui d’être d’humeur chagrine. Des trombes d’eau s’abattent sur la ville. On annule tout. Direction le local, le bureau, la maison où Papa Wemba a grandi dès 1954.

Dans la pièce qui servait autrefois de salle à manger, on s’entasse tant bien que mal et la musique démarre. La tête couverte d’un bonnet blanc, impeccable dans son ensemble bermuda en tissu jeans gris, Papa Wemba observe, puis se joint à l’histoire. Sur le mur, derrière le batteur, là où autrefois était accrochée une photo de Lumumba, une affiche du concert à l’Olympia en 2000. Dans la cour, sous la pluie devenue un peu plus compréhensive et sage, on danse. Quelques minutes plus tard, quand le ciel s’est enfin décidé à être plus conciliant, les filles s’installent. Place à la danse organisée en chorégraphies torrides au son des tambours.

Le soir tombe. Direction le Grand Hôtel pour la conférence de presse. Elle durera 45 mn et rebondira entre seize questions. Elle sera polémique parce qu’ici on aime la controverse en toute chose, le débat plus ou moins vif. La presse est friande de ce genre d’exercice. Dans le Ndule, journal d’informations culturelles, daté du 12 décembre, certains titres, relevés au hasard sont édifiants : «Le chanteur Ferré de Wenge M. M. se méfie de Félix Wazekwa», «Des musiciens contrefacteurs»… Au Grand Hôtel ce mercredi soir, à la question d’un journaliste s’interrogeant sur un concert pour la paix à Kinshasa dans les prochains jours organisé par l’ONU et non par un enfant du pays, Wemba répond et interpelle : «Essayez de changer votre langage dans vos émissions, vos écrits. Notre pays est en train de traverser une période où tous nous devons être unis». Papa Wemba donneur de leçons ? Cela fait partie du jeu. De toute façon, qu’importe la polémique, on aura toujours plaisir à se retrouver et rire ensemble autour d’une bonne Primus (surnommée la bière du Peuple Révolutionnaire Intégré Massivement dans l'Union des Saoulards) parce qu’au bout du compte, comme dit le proverbe kinois, «zua yango na esprit ya bien»; il faut prendre les choses du bon côté.

Papa Wemba Bakala Dia Kuba (Next Music) 2001