Paris Combo

Après avoir créé la surprise il y a deux ans en dépassant le cap du disque d’or avec leur second CD Living-Room, Paris Combo est de retour pour quelques tranches de lévitation bien méritées. Attraction, un album guilleret, aux rythmes de l'Hexagone, est dans les bacs depuis le 13 novembre.

Mélange de couleurs musicales

Après avoir créé la surprise il y a deux ans en dépassant le cap du disque d’or avec leur second CD Living-Room, Paris Combo est de retour pour quelques tranches de lévitation bien méritées. Attraction, un album guilleret, aux rythmes de l'Hexagone, est dans les bacs depuis le 13 novembre.

Orchestre bonhomme et pluri-ethnique, le quintet parisien évolue aux confins de la chanson française, du jazz souriant d’antan (notamment Django Reinhardt) et de la world. Au menu du jour, comme hier, une musique au délicieux cachet suranné où chacun des membres met son grain de sel pour un brassage digne des plus onctueux yaourts bulgares. Des textes titillant des sujets aussi divers que la pollution urbaine, l’amour et les vaches… Sans oublier une voix claire et leste enregistrée alors que la chanteuse Belle du Berry était enceinte de huit mois. Bref, de quoi exercer une sacrée Attraction, pour reprendre le titre de ce troisième album qui défie la pesanteur. Entretien.

RFI Musique : Commençons par le début, la genèse du groupe. Et comment diable un Australien s'est-il retrouvé dans cette aventure ?
David Lewis : A l’école où j’étais en Australie, on nous faisait écouter les premiers disques de Françoise Hardy en cours de français. Sûrement parce qu’elle articule bien. J’ai aussi beaucoup écouté Frida Boccara. Sinon, j’ai toujours aimé Ravel et Debussy. Je suis venu en France parce que j’ai eu l’opportunité de faire mes études au conservatoire de Paris. J’avais dix-neuf ou vingt ans et je ne pensais qu’à voyager, voir autre chose. Surtout que l’Australie est assez loin de tout. Au début des années 90, j’ai collaboré avec Arthur H et Manu Dibango en tant que trompettiste : deux expériences complémentaires et très intéressantes. Je suis arrivé dans Paris Combo il y a six ans environ, après avoir rencontré Belle au cours d’un spectacle. Dans le groupe, je suis aussi au piano et je joue un peu le rôle d’organisateur, d’agent de la circulation des idées.
Belle du Berry : Mano (contrebassiste d’origine malgache, ndlr) est le dernier à avoir intégré Paris Combo, en 96. François (batterie), Potzi (guitare) et moi, on est ensemble depuis une dizaine d’années. Je te parle d’une époque où on n’avait pas encore de répertoire original : on faisait des reprises de Trénet, entre autres. Le groupe a connu plusieurs moutures, il y a eu Les Champêtres De Joie par exemple. Avant ça, j’avais fait partie de la dernière version des Endimanchés, pendant deux ans. Je ne suis pas instrumentiste mais je me sers de l’accordéon pour composer… Enfin, que des touches de basses. En fait c’est plus un animal de compagnie qu’autre chose.

Votre musique évoque des ambiances sonores du passé (années 30, 40 et 50 notamment). Tu chantes d’ailleurs « Rétro... viseur/J’ai l’ancien dans l’collimateur/(...) Je regarde derrière pour effectuer mon dépassement » (Rétroviseur). Est-ce que l’appellation ‘rétro’ vous convient ?
BdB : Pendant longtemps, ça véhiculait quelque chose de péjoratif, notamment dans les médias. C’est dommage parce qu’il y a des choses vraiment progressistes qui se sont faites dans ces années plutôt sombres. Être inspiré par des musiques datant d’avant les années 60, c’était un peu honteux jusqu’à très récemment.
DL : De toute façon, le plus important ce ne sont pas les influences mais ce qu’on en fait. Je ne crois pas qu’on puisse déceler dans ma musique le fait que je sois fan de Tom Waits ou de Caetano Veloso, par exemple.
BdB : Dans le groupe on vient tous d’horizons différents et Paris constitue un point commun entre nous, au même titre que la musique, notamment le jazz, car c’est la base. Après, chacun a son petit jardin : on peut dire que chacun de nous apporte son bagage et à l’arrivée, nos chansons sont comme des piles qu’on essaye de faire tenir debout et de rendre cohérentes. Voilà un autre truc qui nous rassemble : on n’est pas fermés sur un genre musical particulier. Autrement, on ne pourrait pas jouer dans ce groupe où le mélange de couleurs musicales est assez important.
DL : D’où les arrangements parfois étonnants qu’on trouve sur nos disques. On ne sait jamais à l’avance à quoi va ressembler un de nos morceaux, on laisse un métissage naturel s’opérer et on espère que le résultat soit le plus harmonieux possible. Cette approche fait que notre musique est difficile à définir. Pour faire court, on peut dire qu’il s’agit de chanson française qui swingue, avec en effet un petit côté rétro.

Votre son reste imperturbablement doux, tranquille. Considérez-vous la musique populaire actuelle trop bruyante ?
DL : Il y a des trucs qui swinguent dans tous les genres, même les plus violents. Moi je n’ai rien contre les machines à partir du moment où le musicien qui est derrière réussit, grâce à elles, à donner une âme à ses morceaux. Je trouve toutes les expériences intéressantes à priori. Paris Combo, c’est différent dans la mesure où on est un groupe acoustique, qui peut jouer n’importe où sans avoir à faire de branchements… Mais on n’est pas fermés à l’éventualité d’une collaboration ou d’un remix. On y a déjà pensé. Ça n’a pas pu se faire pour l’album précédent, peut-être ce coup-ci. Pourquoi pas, à condition que ça apporte quelque chose à la chanson.

Les textes aussi sont plutôt légers, dans le sens "délicat" du terme…
BdB : J’essaie de leur donner plusieurs degrés de compréhension. Disons que je n’impose pas de vision particulière des choses, je laisse à l’auditeur la liberté de creuser le sens s’il le souhaite. Sinon, il peut se contenter de la mélodie, de la douceur et de l’humour qui constituent la touche superficielle des paroles. Disons que c’est le reflet de mon esprit, une espèce de pudeur. J’adore ce qui est écriture spontanée : les dadaïstes puis les surréalistes, Soupault, Tzara, etc. Une littérature un peu allumée mais fondamentale, à mon avis.

Votre précédente tournée vous a emmenés à l’autre bout du monde…
P : C’est vrai, on a joué en Australie ainsi qu’en Asie du Sud-Est : Thaïlande, Singapour, Indonésie. On a eu un très bon accueil partout. C’était surprenant parce qu’en Indonésie le public a réagi presque plus chaleureusement qu’en France alors que le disque n’a pas été distribué en Asie. Et aux Etats-Unis, on a rencontré des fans américains qui avaient fait six heures de route pour venir nous voir jouer à mille bornes de chez eux. Ils nous avaient découverts via une émission de radio qu’on avait fait et qui était disponible sur le net.
BdB : On adore la scène et nos morceaux ne s’arrêtent pas de vivre une fois enregistrés. Plus on tourne plus on y apporte de changements. Ne serait-ce que pour ne pas s’ennuyer. Il y a une part d’improvisation très importante dans Paris Combo. En revanche, c’est la première fois qu’on enregistre des morceaux sans les avoir au préalable, rôdés sur scène.

Propos recueillis par Oscar Hapas

Attraction, Polydor

Paris Combo.com

Tournée Internationale:
du 18/1/2002 au 30/1/2002 en Australie et du 1/2/2002 au 2/2/2002 en Asie.
puis du 6/2/2002 au 20/4/2002 en France et du 23/4/2002 au 12/5/2002 aux Etats Unis.