Festival International de Louisianne 2002

Carrefour américain des musiques francophones

La saison des festivals vient de commencer en Europe avec le Printemps de Bourges. De l’autre côté de l’Atlantique c’est à Lafayette et à Houston que les festivités démarrent. Depuis quelques années, des groupes venant de France et de pays de l’espace francophone font le grand voyage pour présenter ces musiques jusqu’ici peu présentes outre-Atlantique.
RFIMusique était présent à ces deux grands rendez-vous. Première étape : Lafayette

La 16ème édition du Festival International de Louisiane s’est déroulée du 24 au 28 avril au pays du « bon temps roulez » et des puits de pétrole, présentant une programmation éclectique avec entre autres le Malgache Rajery, les Congolais des Tambours de Brazzaville, les Québécois des Batinses, l’Ethiopienne Gigi, les musiciens tsiganes de Latcho Drom ainsi que les meilleurs artistes cajun et zydeco de Louisiane.

Cette petite ville s’anime chaque année lors de ce rendez-vous gratuit durant lequel 200000 spectateurs déambulent durant 5 soirées dans les rues du centre-ville, de scène en scène, un verre à la main, dans une ambiance bon enfant.

Poussettes, fauteuils pliants, glacières sont la panoplie du parfait festivalier qui dépense sans compter ses dollars dans les nombreux stands qui proposent les produits dérivés du « merchandising » qui génèrent les véritables recettes du festival. Il est ainsi de bon ton d’acheter un ou deux pins à 5 dollars qui clignotent dans la nuit et font de chaque festivalier une petite luciole.

Cette bourgade qui compte tout au plus 150000 habitants, ce qui est ridicule à l’échelle américaine, s’anime dès que les premières notes de musique envahissent les rues de ce festival familial et populaire, organisé grâce à un millier de bénévoles. Lafayette est désormais devenu un rendez-vous incontournable des musiques du monde aux Etats-Unis.
 

Mais les événements du 11 septembre ont fait craindre le pire. Ainsi, peu avant le début de la manifestation, des plaisantins ont envoyé aux plus grosses sociétés de la place des enveloppes contenant de la poudre blanche, simulant une attaque à l’anthrax sur la ville, allant jusqu’à annoncer que des bombes exploseraient au cours des spectacles du samedi. La police et le FBI sur les dents, les chiens renifleurs à la recherche des moindres traces suspectes, les spectateurs n’étant pas informés des menaces planant sur la manifestation, la fête s’est déroulée comme si de rien était.
Car le public est avant tout là s’amuser et découvrir des musiques habituellement peu accessibles dans ce coin de Louisiane ouvert à toutes les facettes de la francophonie, où la part de l’histoire est forte depuis le « Grand Dérangement » et l’arrivée des premiers émigrants voici plus de deux siècles.

Carrefour entre l’Europe et l’Afrique, le pays cajun attire également les francophones désireux d’enseigner la langue de Molière au pays de l’Oncle Sam. Assoumane Abocar et Boubacar Maïga, deux maliens installés dans la région depuis quatre ans viennent chaque année au festival retrouver un état d’esprit qu’ils ne retrouvent nul part ailleurs. Ils découvrent ainsi en concert les artistes qu’ils ont l’occasion d’écouter sur RFI en se connectant sur le réseau Internet.

Véritable tête de pont des musiques francophones sur le territoire américain, le festival de Lafayette permet ainsi aux artistes d’avoir un contrat avec la prise en charge des billets d’avion, ce qui donne la possibilité par la suite à leur agent de monter une tournée aux Etats-Unis. Ainsi, Alison Loerke, l’agent de Rajery et des Tambours de Brazza a pu les faire jouer par la suite du sud au nord du pays.

Et c’est à un Français, Ligui Chauveau qui travaille avec Christian Mousset sur le festival d’Angoulême, qu’incombe le choix du plateau des artistes invités et la coordination de leurs déplacements à Lafayette. Véritable cheville ouvrière du festival sur le continent européen, il vient d’ailleurs de recevoir la médaille d’or des volontaires de la manifestation pour ses bons et loyaux services.

Car entre Angoulême et Lafayette, les liens sont étroits. Chaque année des échanges sont réalisés. Cette année Steve Riley et Clifton Chenier Junior se rendront dans une quinzaine de jours dans la capitale de la Charente présenter les deux facettes des musiques du bayou, la musique cajun des descendants des émigrants européens et le zydeco créole. 

Véritable réussite festive, le Festival International de Louisiane est la porte d’entrée des musiques francophones aux Etats-Unis. D’ailleurs, il est question l’année prochaine d’y réunir les directeurs de festivals américains afin de mieux les sensibiliser à ces musiques qui leurs sont encore peu familières.