Amadou et Mariam
Le célèbre couple malien Amadou et Mariam, toujours inspiré par le funk et la soul des années 70, revient sur le devant de la scène avec un nouvel opus Wati, quatre ans après le célèbre Je pense à toi. Amateurs du mélange des genres, ils apprécient aussi le mélange des gens et invitent M, Cheick Tidiane Seck, Jean-Philippe Rykiel et Bruno Garcia alias Sergent Garcia.
Confirment avec 'le Temps'
Le célèbre couple malien Amadou et Mariam, toujours inspiré par le funk et la soul des années 70, revient sur le devant de la scène avec un nouvel opus Wati, quatre ans après le célèbre Je pense à toi. Amateurs du mélange des genres, ils apprécient aussi le mélange des gens et invitent M, Cheick Tidiane Seck, Jean-Philippe Rykiel et Bruno Garcia alias Sergent Garcia.
Ce nouvel album Wati marque le temps des échanges et des invitations. Sur la liste des hôtes figurent en bonne place M, accompagné de sa seule guitare, Jean-Philippe Rykiel, toujours fidèle aux claviers et Cheick Tidiane Seck - l'ami d'enfance d'Amadou - qui alterne orgue Hammond et marimba. Le ragga-salsero Sergent Garcia rend la politesse au couple invité l'an passé sur le titre Seremos de son dernier album. "La salsa, on connaît aussi au Mali, explique Amadou. Dans les années 60, c'était la musique moderne par excellence et beaucoup d'orchestres maliens reprenaient ce style arrangé à la sauce malienne. Moi aussi, j'ai commencé par cette musique". Et le couple de raconter leur rencontre au Printemps de Bourges avec l'ancien guitariste punk de Ludwig Von 88. Une rencontre en coulisse entre deux sets, une berceuse cubaine que fredonne le franco-espagnol et deux paires d'oreilles maliennes qui se dressent vers cette étrange et familière mélopée qui rappelle des chants traditionnels africains. A l'époque Sergent Garcia, commentait : "Ce doit être l'esclavagisme et le commerce triangulaire qui nous a réunis musicalement. Cet air que je chantais, Amadou et Mariam m'ont expliqué qu'ils le connaissaient mais avec d'autres paroles". Au delà du temps, des océans et des frontières les trois chanteurs se sont alors retrouvés pour un bœuf puis un enregistrement : Baroni une "petite causerie entre amoureux" précise Mariam, "le temps pour une femme et un homme de se dire des choses douces et tendres. Des trucs d'amoureux quoi…" sourit-elle.
Et Amadou, qui n'intervient pas dans ce roucoulement entre Bruno Garcia et sa compagne, de préciser : "On voulait des chansons qui ne soient pas particulièrement en français ou en bambara et c'est pour cela qu'on a chanté en espagnol. On veut une musique malienne mais universelle qui puisse être entendue partout". Une ambition internationale qu'ils ont déjà atteinte à en juger par le programme de leur tournée d'été. La France bien sûr, mais aussi le Danemark, l'Autriche, l'Italie et les Etats-Unis du 20 juillet au 16 août prochain sont au menu d'un long périple.
"Cela fait énormément plaisir de jouer à travers le monde" explique le guitariste, "car nous voulons vraiment que notre musique aille de l'avant et touche un maximum de monde. Pour nous, il est important que le message d'amour, de paix et de justice que nous portons soit entendu un peu partout et cela nous fait énormément plaisir d'avoir cette opportunité". Cette opportunité devrait augmenter avec un répertoire qui s'ouvre largement sur Wati avec des rythmes plus funk, plus groove que sur les albums précédents, même si le couple ne perd rien de son identité et des ses premières inspirations.
Le graphisme de la pochette qui n'est pas sans rappeler les lettrines des albums de Curtis Mayfield ou d'Isaac Hayes, période seventies avec une photo parfaitement raccord… "Ces mélanges musicaux, ce sont des références directes à la période où nous écoutions James Brown ou la pop anglaise, à la radio ou sur cassettes" explique Amadou. Des valeurs musicales qui s'affirment alors que au même moment, le couple regrette dans Les temps ont changé que certaines valeurs morales aient disparues. "C'est une question de temps (wati en bambara). Avant, expliquent-ils, "les jeunes et les vieux s'entendaient, s'écoutaient, vivaient ensemble pour discuter des problèmes de la société. Mais maintenant, par exemple, au Mali chacun veut vivre dans son coin, chacun ne pense qu'à lui-même. Les gens respectaient l'autre. Aujourd'hui - comme on le dit dans cette chanson - c'est œil pour œil, dent pour dent, la loi du talion…" Un regret, un constat, qui ne semble pas ébranler le couple plus que cela.
Sûrs d'eux-mêmes et du message que porte leur musique. Dans un monde qu'il ne voient pas mais qu'ils devinent et discernent peut-être mieux que certains, Amadou et Mariam charrient un blues qui peut paraître désuet, mais auquel on revient toujours un jour ou l'autre.
Amadou et Mariam Wati (Universal) 2002