Stars au festival de Québec
35 ans de Festivals d’été, ça se fête ! C’est ce qu’ont fait hier soir artistes et public québécois au cours d’une soirée spéciale. Les légendes, Diane Dufresne et Robert Charlebois, ont soufflé les bougies aux côtés de Claude Dubois, Pierre Flynn et Daniel Boucher. Occasion de revenir sur ce dernier, idole du moment au Québec.
Plateau de choix pour les 35 ans du Festival d’Eté
35 ans de Festivals d’été, ça se fête ! C’est ce qu’ont fait hier soir artistes et public québécois au cours d’une soirée spéciale. Les légendes, Diane Dufresne et Robert Charlebois, ont soufflé les bougies aux côtés de Claude Dubois, Pierre Flynn et Daniel Boucher. Occasion de revenir sur ce dernier, idole du moment au Québec.
Samedi soir, une foule énorme a envahi le site des plaines d’Abraham, ce champ de bataille aujourd’hui propice aux activités pacifiques telles la course à pied ou la musique. C’est entre Québécois qu’a lieu la fête d’anniversaire, soirée familiale, vécue ici comme un exceptionnel événement et retransmise en direct sur TV5. Quelques belles émotions et de nombreux souvenirs sont au programme puisqu’à eux tous, les participants ont un répertoire formidablement populaire.
C’est l’un d’entre eux, une figure discrète du paysage musical, qui démarre la party. Pierre Flynn est connu au Québec pour avoir été la figure de proue du groupe rock Octobre dans les années 70. Son album Mirador, sorti l’an passé après huit ans de silence, a emballé la critique. Sa très belle voix est soutenue, pour un titre, par la guitare de Daniel Boucher. Bien sûr, le principe de la soirée est de créer des duos inédits sur des tubes légendaires. A l’instar de Lindbergh entre Boucher et celui auquel on l’a maintes fois comparé, Robert Charlebois. Mais le duo le plus émouvant a été sans aucun doute Un gars ben ordinaire du même Charlebois surnommé... Garou à ses débuts. Au piano, avec Diane Dufresne près de lui, ce titre est particulièrement chargé de souvenirs pour ceux, Québécois ou non, qui ont vibré sur les disques, alors novateurs, de ces drôles d’oiseaux de la Belle Province. L’énergie et l’humour de ces deux-là n’ont pas vieilli.
Diane Dufresne, aujourd’hui autant tournée vers la peinture – elle expose actuellement à Québec – que la musique, se prépare à donner un show très rock en ce dimanche 14, soir de clôture du Festival d’été. De plus en plus rare, elle n’en reste pas moins une impressionnante artiste à la voix d’or. Oxygène, les Hauts et les bas d’une hôtesse de l’air, le public acclame amoureusement ces morceaux qui rappellent un soir de juillet 81 où la chanteuse a rassemblé le plus grand nombre de spectateurs dans l’histoire du festival : 125.000 ! Bouleversante.
Quant à Claude Dubois, il partage avec Dufresne le point commun d’avoir participé à la première distribution de Starmania en 1979. Egalement très aimé au Québec, ce chanteur à la carrière en dents de scie et au répertoire inégal, brille à la fois par une voix magnifique mais aussi par un certain manque d’humour comparé à ses "collègues". Avec Charlebois et Dufresne, ils offrent un bon quart d’heure de medley. Que des tubes mais pour une soirée d’anniversaire, il est normal de replonger dans les meilleurs moments du passé.
Daniel Boucher, enfin. Du haut de ses 29 ans et de son énorme succès depuis son premier CD en 1999, Dix Mille Matins (100.000 exemplaires écoulés, gros score au Québec), il est le seul représentant de la scène actuelle. Cela prouve en revanche son entrée définitive dans le gratin de la chanson québécoise.
Parce que ce jeune homme à la face d’ange est le phénomène incontournable du moment. Managé par Martin Leclerc, découvreur de Lynda Lemay, il a conquis toute la Province en un rien de temps. Mais surtout grâce à un répertoire, une voix et un humour qui a rappelé de bons souvenirs à ses concitoyens : la grande époque de Charlebois dans les années 70. Dès les premières notes du disque, la ressemblance vocale est troublante. Puis la pratique du joual (mélange d’argot québécois et d’anglicismes, véritable langue dans la langue) et l’énergie scénique – il finit presque tous ses concerts allongé sur la foule - ont assis une popularité digne d’un Bruel.
Sa musique, une variété rock pas toujours originale, est surtout mise en valeur par son interprétation non dénuée d’ironie et de second degré. Mais Daniel Boucher est un auteur compositeur résolument attachant même si on a du mal à imaginer ses chansons traverser le temps comme les Lindbergh ou Oxygène. L’an passé, il s’est essayé à "conquérir la France" comme l’annonce son site Internet officiel. Mais ses passages en scène (Sentier des Halles, FrancoFolies de la Rochelle, ...) n’ont pas séduit le public français comme ceux de Charlebois il y a 30 ans. A sa décharge, l’album n’est pas distribué en France et ses rares apparitions n’ont pas intéressé les médias, plus ou moins fine bouche envers la production québécoise moderne...
Parce qu’avant Daniel Boucher, des artiste comme Kevin Parent ou Eric Lapointe n’ont pas accroché les Français en dépit de talents rocailleux et remarquables. L’époque où les Dufresne, Charlebois et même Dubois, pour ne parler que des vedettes du jour, ont construit une carrière aussi vivante en France que chez eux, et sans concessions particulières, semble révolue. Aujourd’hui, les Québécois considèrent que les Garou, St Pier ou Fabian qui cartonnent en Europe, ont été "francisés", aseptisés, et qu’ils ne les représentent en rien. Diane Dufresne a d’ailleurs fait scandale récemment en déclarant que Lara Fabian n’était "pas québécoise mais belge.".
Pourquoi la scène québécoise a t’elle séduit les Français dans toute sa singularité il y a 25 ans pour séduire dans ce qu’elle a de moins authentique aujourd’hui ? Vaste interrogation. Pour connaître donc les trésors cachés du Québec, le festival tel que le Festival d’été demeure un outil précieux.