CHANSON FLAMENCO
Paris, le 6 août 2002 - Charles Aznavour, Edith Piaf ou Gilbert Bécaud revisités par l'esprit gitan, c'est le concept pour le moins original de cet hommage flamenco à la chanson française. Un album et un spectacle chorégraphié par Antonio Canales couronnent l'initiative. Olé !
Disque hommage.
Paris, le 6 août 2002 - Charles Aznavour, Edith Piaf ou Gilbert Bécaud revisités par l'esprit gitan, c'est le concept pour le moins original de cet hommage flamenco à la chanson française. Un album et un spectacle chorégraphié par Antonio Canales couronnent l'initiative. Olé !
On l'observe depuis plusieurs années maintenant, les reprises des standards de la chanson française sont légion. On les retrouve distillées ça et là avec plus ou moins de bonheur, parfois dans un premier album ou bien souvent pour faciliter une programmation sur les radios respectant les quotas de chansons d’expression française. Mais souvent, on reste malgré tout sur sa faim.
Rien de tout cela ici. La fine fleur des chanteurs et chanteuses de flamenco actuels réunis pour ce projet, interprète certes des monuments de la chanson hexagonale parmi lesquelles Non, je ne regrette rien, Ne me quitte pas, Les feuilles mortes, C'est si bon ou bien Avec le temps mais avec une grande authenticité dans la voix. Les titres sont chantés en castillan. Le métèque de Georges Moustaki devient ainsi Con mi carita de gitano (Avec ma tronche de gitan), L'aigle noir plus littéralement El Aguila negra, etc. ce qui s'apparente quasiment à une adaptation grâce à un glissement en douceur d'un patrimoine vers l'autre, mais sans jamais trahir les deux styles.
Pourtant de l'autre côté des Pyrénées, on connaît mal la chanson française. Ces chanteurs espagnols ont, pour la plupart, découvert pour la première fois cet univers de la chanson française et ils l'ont adapté à leur propre réalité. Avec une exception toutefois, que l'on se doit de saluer comme une performance, celle du cantaor Negri qui pour son interprétation de La Bohème chante (avec une savoureuse prononciation) pour la première fois en français. Une première, semble-t-il, dans le petit monde des chanteurs de flamenco. Parmi les autres artistes, on retrouve Ramón El Portugués, héritier d'une prestigieuse saga de chanteurs, qui ouvre l'album avec Et maintenant (Y ahora qué), Yeyé de Cádiz, ou encore Ana Salazar dans une version pour le moins apaisante des Feuilles mortes (Las Hojas muertas), très applaudie dans sa version scénique.
Lors de la promotion du spectacle "Chanson Flamenca", en janvier dernier à Madrid (l'album est sorti là-bas depuis juin 2001), Georges Moustaki déclarait : "Edith Piaf est la plus flamenca des grandes voix françaises". Le fonds d'Action de la Sacem y a même vu là une manière de colporter le patrimoine de la chanson française dans les pays hispanophones en soutenant la réalisation de ce disque.
Enfin, impossible de dissocier le chant de la danse, dès lors qu'il s'agit de flamenco. C'est donc à Antonio Canales, l'un des bailaores les plus reconnus à l'étranger, chorégraphe également, qu'est revenu le soin de monter ce spectacle d'accompagnement, présenté à Madrid en janvier et à Paris en mai. Beaucoup de monde dans la salle, des connaisseurs, des gitans aussi, qui eux savent taper dans leurs mains au bon moment ou manifester leur émotion à bon escient. Une ambiance sur scène et dans la salle à la Almodovar. Et Léo Ferré aurait certainement apprécié cette version andalouse pleine de rudesse et toute aussi émouvante de Avec le temps (Con el tiempo)…
Pascale Hamon
Chanson Flamenca (Night and Day)